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Idlib: la Russie risque de s’engager dans une guerre contre la Turquie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un véhicule militaire turc est photographié près de la ville de Maar Hitat dans la province d'Idlib, au nord de la Syrie, le 20 août 2019. ©AFP

Les événements qui viennent de se produire dans des zones de désescalade à Idlib ainsi que le soutien plus actif d’Ankara aux groupes terroristes en Syrie renforcent la possibilité du déclenchement d’une réelle confrontation entre militaires turcs et armée syrienne, voire avec une implication de la Russie.

« Les relations entre la Russie et la Turquie sont de nouveau ternies. Soutenu par les États-Unis, Ankara s’oppose vivement aux plans russo-syriens destinés à rétablir la sécurité à Idlib. C’est ce qui a été annoncé ces derniers jours par les responsables du ministre turc de la Défense et du département d’État américain. Les analystes n’excluent pas le déclenchement d’une guerre totale entre la Syrie et la Turquie dans la province d’Idlib, une guerre qui risquerait même d’impliquer les Russes », indique le quotidien russe Nezavisimaya Gazeta.

Et d’ajouter : « Le président russe Vladimir Poutine a fait part, lundi 19 août, au début de ses entretiens avec Emmanuel Macron, de la décision de Moscou d’apporter un soutien indéfectible aux efforts de l’armée syrienne pour neutraliser toutes les menaces terroristes à Idlib. Vladimir Poutine a déclaré que la Russie n’avait jamais accepté que les terroristes se sentent pleinement en liberté dans la zone de désescalade à Idlib. C’est la première fois que le président russe détaille les objectifs à long terme de Moscou à Idlib. En Syrie, plus de 80 000 terroristes persistent dans la dernière zone de désescalade; des terroristes qui ne cessent, selon Poutine, de proférer des menaces et de se propager même dans les autres coins du monde. Le président russe s’est toutefois abstenu d’évoquer le rôle négatif d’Ankara dans ces évolutions ».

« Les médias syriens et occidentaux ont rapporté, à maintes reprises, qu’Ankara alimentait les terroristes opérant à Idlib en armes et en munitions et que c’était bien la raison pour laquelle les terroristes avaient réussi à renforcer leurs positions à Idlib », a-t-on appris aussi de Nezavisimaya Gazeta.

« Vladimir Poutine a rappelé que la superficie des régions contrôlées par les terroristes à Idlib avait augmenté de manière considérable. L’allusion de Poutine à cette réalité tombe juste après la frappe aérienne de la Syrie sur un convoi militaire turc qui était destiné, selon les médias syriens, aux terroristes encerclés par l’armée à Khan Cheikhoun. La ville se trouve au bord de l’autoroute stratégique M-5 qui relie Alep à Damas et cinq de ses quartiers sont contrôlés, depuis les dernières années, par les groupes terroristes pro-turcs », ajoute le journal russe.

Nezavisimaya Gazeta s’est ensuite référé à des sources d’information proches de l’opposition syrienne pour indiquer que la frappe aérienne syrienne contre le convoi militaire turc aurait éventuellement impliqué aussi des avions russes.

« Le ministère turc de la Défense n’a rien annoncé officiellement à ce propos et il s’est contenté de dire que l’événement contredisait les accords signés entre Ankara et Moscou. En plus, le ministère turc de la Défense a annoncé qu’Ankara s’attendait à ce que la Russie entreprenne des mesures visant à empêcher toute attaque contre les militaires turcs opérant sur le sol syrien. Le ministère a averti enfin que de telles attaques ne resteraient pas sans réponse », précise le journal.

Selon le site d’information Free-news.su, « après le raid aérien visant le convoi militaire turc, les avions de chasse F-16 de l’aviation turque ont apparu dans le ciel, ont violé l’espace aérien syrien et se sont dirigés vers la ville de Khan Cheikhoun. Damas a tout de suite activé son système de défense antiaérienne S-300 et les avions de combat Soukhoï-35 russes ont commencé à survoler Khan Cheikhoun ».

Free-news.su n’exclut pas un incident entre l’aviation turque et la Force aérienne russe dans le ciel de la Syrie pour cause de soutien d’Ankara aux groupes terroristes combattant l’armée syrienne.

Dans la foulée, le ministère syrien des Affaires étrangères a annoncé que le passage du convoi militaire turc à Idlib contrevenait au principe de l’intégrité territoriale de la Syrie. « C’est ainsi qu’Ankara aide le groupe terroriste du Front al-Nosra », a souligné la diplomatie syrienne.

Le lieutenant-général Yuri Netkachev, expert russe des questions militaires, réaffirme qu’Idlib pourrait constituer une carte gagnante pour le président turc qui ne voudrait alors en aucun cas la perdre.

Dans un entretien avec Nezavisimaya Gazeta, Yuri Netkachev a déclaré : « Malheureusement, la Turquie multiplie ses agissements pour combattre les forces gouvernementales syriennes à Idlib. Il se peut que les affrontements entre les militaires turcs et syriens passent à un niveau plus sérieux et qu’ils impliquent même des soldats russes ».

Yuri Netkachev a rappelé qu’Ankara et les groupes terroristes qu’il soutenait avaient, à maintes reprises, tiré sur les avions de combat russes qui traversaient le ciel syrien. « Les forces pro-turques ont même tiré, récemment, sur une position où étaient installés les observateurs militaires russes », a-t-il ajouté.

Le lieutenant-général Netkachev a ensuite avancé deux propositions qui pourraient aboutir à une désescalade à Idlib : « Premièrement, l’armée syrienne pourra lancer une opération militaire d’envergure pour nettoyer la région de la présence des terroristes qui n’acceptent pas la réconciliation et deuxièmement, toutes les parties pourront mettre fin à leurs actes militaires pour s’asseoir à la table des négociations».

Il a ajouté que la Russie avait déjà opté pour la deuxième solution à Idlib même si elle n'était jusque-là parvenue à aucun résultat concret. « Ankara bénéficie du régime de cessez-le-feu pour réorganiser les terroristes. C’est la raison pour laquelle je préfère la première option que je viens de proposer. D’autre part, personne ne souhaite un bras de fer entre Ankara et Moscou. C’est pourquoi la Russie n’a pas réagi jusqu’ici aux agressions de l’armée turque sur le sol syrien bien qu’elle continue de combattre les terroristes pro-turcs », conclut le général russe.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV