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Guerre des pétroliers US/Iran: les USA en rallumeront la mèche?

Le pétrolier Adrian Darya battant pavillon iranien à Gibraltar, le 18 août 2019. ©Reuters

Les États-Unis viennent de mettre en garde ce mardi la Grèce contre ce qu'ils qualifient de "violation par le pétrolier iranien Adian Darya (ex Grace 1) des sanctions européennes contre la Syrie. "N'importe quelle assistance de la Grèce au pétrolier iranien pourrait s'interpréter comme étant une assistance aux organisation terroristes, affirme sous couvert d'anonymat un responsable US cité par Reuters. Un peu plutôt, le secrétaire US Mike Pompeo avait regretté "le non tonitruant de Gibraltar à la demande US de retenir le pétrolier désormais iranien au bout de 45 jours de détention. Rebaptisé Adrian Darya, le supertanker fait sa route depuis lundi en Méditerranée. Que signifie cette mise en garde américaine à un gouvernement grec qui e pose comme l'une des bases militaires les plus solides des USA et d’Israël en Méditerranée? 

Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du journal Raï al-Youm, y répond: « En effet, l’opposition des responsables de Gibraltar à la demande américaine de prolonger la confiscation du Grace 1 et de sa cargaison est une retentissante et forte gifle à Donald Trump. C'est le signe de la fin d'une longue époque marquée par l'omnipotence US en Europe mais aussi au Moyen-Orient. La question qui se pose est de savoir comment cette affaire va finir et quelle en sera la prochaine étape ?

Il est au départ important d’expliquer que l’opposition à la requête américaine est tout abord une décision de Londres. Si jamais, le nouveau Premier ministre britannique, Boris Johnson, voulait réitérer l’erreur commise par May en s’opposant à la libération du navire, il aurait placé son pays face à un danger de confrontation militaire avec l’Iran ou ses alliés dans la région. Or, il n’a pas fait droit à la demande de Trump et il s’est caché derrière les autorités de Gibraltar. Mais c’était une décision pleinement réfléchie de la part de Londres.

L'Iran ne gardera jamais le silence devant une piraterie maritime US

Nous ne savons pas quelle sera la prochaine provocation américaine. Mais une chose est sûre :  le fait d’avoir lancé un mandat saisi contre "Adrian Darya" signifie que les navires de guerre américains sont prêts à attaquer le pétrolier portant pavillon iranien et portant le nouveau nom iranien d’ "Adrian Darya". C'est un effort éminemment dangereux de la part de Washington pour rendre sans effet la franche victoire iranienne. Les USA viennent ainsi de rallumer la mèche de la guerre des pétroliers. Mais l'Iran n'est pas du reste. Hassan Khanzadi, le commandant en chef de la marine iranienne, a annoncé que sa flotte navale était prête à escorter le pétrolier iranien, signe que l'Iran se prépare au prochain round, quitte à ne tolérer aucune nouvelle piraterie.

Cette politique irréfléchie de Washington dans le golfe Persique met en péril Londres

Mais les Américains devront réfléchir à deux fois avant d'envoyer leurs commandos à l'assaut du supertanker iranien. Leur plus proche allié, le Royaume-Uni qui dispose d’une réelle souveraineté à Gibraltar leur a soufflet à vrai deux grands gifles: l’un à Donald Trump et l’autre à son conseiller, John Bolton. La première c’est à la libération du Grace 1 et la seconde, lorsqu’il a refusé la demande américaine de prolonger la saisie du navire. Ce qui signifie que les chances pour que Washington puisse compter encore sur Londres pour intercepter Adian Darya sont quasi nulles tout comme la possibilité que la Grande-Bretagne joigne l’alliance maritime US dans le golfe Persique. Il ne reste qu'une seule option : tenter d'intercepter le pétrolier avec l'aide d'Israël surtout qu'Adrian Darya appareille en ce moment en Méditerranée et qu'on dit que la Grèce a d'excellentes relations avec Tel-Aviv. Mais Tel-Aviv sait mieux que quiconque que l'Iran n'abandonnera jamais et ne lèvera jamais le drapeau blanc. Vaut mieux donc que les Américains en restent là. 

L’Iran ne se rendra jamais et il ne brandira pas non plus le drapeau blanc

On a vu l'Iran à l’épreuve lorsqu’il a renversé le drone américain qui avait violé l’espace iranien. L'Iran en a fait de même lorsqu’il a arrêté le pétrolier britannique avant de le transférer au port de Bandar Abbas. Il s’agissait évidemment d’une riposte à la saisie de son pétrolier par les autorités britanniques à Gibraltar.  Et si jamais la marine US décidait d’arrêter de nouveau le pétrolier iranien nouvellement libéré, on se doute bien que la réponse iranienne sera sans appel et que les pétroliers US devront s'attendre à de belles ripostes dans le détroit d’Hormuz ou dans la mer d’Oman. Interrogé lundi 19 août par NBS News, le secrétaire général du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien a été bien clair : "la politique dite "pression maximale" ne mettra pas à genou l'Iran ... Si les USA déclenchent une guerre contre l'Iran, ils se placeront avec leurs alliés dans une très mauvaise situation, car les moyens de guerre iraniens contre les USA sont multiples". 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV