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Ce que la Grande-Bretagne peut apprendre de l'Iran sur la souveraineté

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une vedette rapide de la marine du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) près du pétrolier britannique Stena Impero dans les eaux du golfe Persique.

Dans un article paru ce dimanche sur le site Spectator, Darius Guppy s’est penché sur le double standard de Londres sur la scène internationale, notamment envers l’Iran avertissant contre le suivisme du Royaume-Uni envers les États-Unis.

Tout au début de son article, M. Guppy remonte un peu dans l’histoire pour rappeler à Londres qu'il ne doit pas commettre d'erreurs historiques.

Ainsi, il évoque les causes historiques de la Révolution islamique : Nous sommes en 1964 et, à la demande des États-Unis et avec la bénédiction de la dynastie Pahlavi, le Parlement iranien a approuvé un projet de loi accordant l'immunité diplomatique aux conseillers militaires américains, à leurs familles et à leurs personnels d'appui, suscitant peut-être le sermon le plus célèbre de l'Ayatollah Khomeini, celui même qui l'a conduit à l'exil quelques jours plus tard et au train d’événements qui allaient se terminer en une révolution.

Dans ce célèbre discours, l’Ayatollah Khomeini avait qualifié de honteux ce vote. « Si jamais le Chah écrase un chien américain, il sera appelé à rendre des comptes. Mais si un cuisinier américain écrase la personne du Chah, aucune plainte ne sera déposée contre lui », avait alors dit l'Ayatollah Khomeini. En évoquant cette phrase, l’auteur de l'article estime qu’il s’agit là, plutôt du nationalisme iranien que de questions religieuses.

La crainte engendrée par la Révolution d’Iran en Occident ne découle pas, selon l'auteur, d’un projet religieux, mais bien d’un projet nationaliste. Et c'est tout le problème, explique-t-il avant d’ajouter que toute mondialisation nécessite un hégémon.

« Cet hégémon méprise forcément tous ceux qui défient sa domination. Les termes “Petit Satan” et “Grand Satan”, employés par les Iraniens pour désigner respectivement le Royaume-Uni et les États-Unis, montrent comment ils perçoivent la relation qu’entretient Londres avec l'hégémon ».

Les députés britanniques peuvent comprendre avec sympathie la cause des manifestations de Hong Kong contre un projet de loi sur l’extradition des criminels avec la Chine continentale, par exemple, mais ils devraient envisager leur propre législation équivalente à celle des États-Unis, ce qui aurait pour effet désavantageux que les États-Unis peuvent demander beaucoup plus facilement la traduction d'un suspect du Royaume-Uni que l'inverse.

Dans la suite de son article, Darius Guppy explique que le symbolisme est évident : la réciprocité a cédé à la soumission. Il n’est donc pas étonnant que la Grande-Bretagne ait accepté si servilement la demande américaine de saisir un pétrolier iranien dans le détroit de Gibraltar. C’est ce qui se produit lorsque le Royaume-Uni abandonne sa capacité de se défendre et devient la marionnette d’autres économies plus fortes. Le pays cherche maintenant à convaincre les États-Unis sur un accord commercial, car il est sur le point de rompre avec ses plus grands partenaires commerciaux en Europe, en conséquence, il ferait tout pour plaire à Washington y compris en s’engageant dans des actes de piraterie.

« En ce qui concerne les relations de la Grande-Bretagne avec un pays qui comprend vraiment le sens de la reconquête de l’indépendance depuis le renversement de sa marionnette américaine, le Chah, en 1979, nous devons commencer par échanger des pétroliers. Les tribunaux de Gibraltar viennent d’ordonner la libération du pétrolier. Néanmoins, la dernière tentative des États-Unis de bloquer cette libération prouve que ce sont les États-Unis qui sont à l’origine des événements et la Grande-Bretagne n’a joué que le rôle d’une force de procuration », a-t-il précisé.

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L’article du magazine britannique Spectator invite par la suite à mettre de côté ce stéréotype qui dit que le comportement de l’Iran découle de son « fondamentalisme religieux ». L'Iran n'est pas un pays fondamentaliste. Depuis quand le fondamentalisme religieux a-t-il été un problème pour les États-Unis ou la Grande-Bretagne qui se sont alliés à un pays comme l'Arabie saoudite, se demande l'auteur qui rappelle que les Saoudiens n’ont jamais autorisé la construction d’une seule église à l’intérieur de leurs frontières et qu’ils sont les propagateurs de l’idéologie wahhabite, à l'origine des attaques du 11 septembre.

« L’Iran a certes joué un rôle important dans la défaite d’Israël en 2006 lorsque ce dernier a attaqué le Liban, mais cela ne fait pas de lui un pays “parrainant le terrorisme”. Il s'agit simplement d'une nation qui refuse de se plier aux ordres de certaines puissances qui considèrent la région, dans laquelle l'Iran se trouve, comme leur domaine impérial », a noté Darius Guppy.

Évoquant la lutte de l’Iran contre les atrocités des groupes terroristes pendant ces dernières années, l’auteur dit : « Les pays occidentaux, s’ils sont chrétiens, doivent comprendre que l’Irak et la Syrie, qui abritent toujours des communautés de leurs coreligionnaires, n’auraient pas un seul chrétien vivant sur leurs sols ni une seule église debout, si l'Iran et ses alliés, y compris le Hezbollah et les groupes de résistances irakiens n'avaient pas farouchement protégé les populations chrétiennes de ces pays ».

« Ce ne sont ni les États-Unis, ni la Grande-Bretagne, ni même la Russie, venus relativement tard sur la scène, qui ont empêché la région de devenir un “califat fondamentaliste géant”, mais principalement l'Iran », a écrit M. Guppy.

Soulignant le soutien de Washington et de Londres à l’ancien dictateur irakien pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988), l’auteur dit que ces pays devaient s’excuser, car pendant huit ans, Saddam Hussein a pulvérisé les villes iraniennes avec des missiles fournis par l'Est et l'Ouest, employant souvent des armes chimiques, dont l'Amérique et la Grande-Bretagne - les soutiens de l'Irak dans sa guerre contre l'Iran - étaient parfaitement conscientes, alors qu'aucun pays ne lui fournissait les moyens par lesquels se défendre. Est-il vraiment surprenant que l'Iran développe sa propre industrie de l'armement?

C’est ce que font les vraies nations lorsqu'elles sont menacées. Celles qui comprennent le sens de l’indépendance. Combien de navires de guerre iraniens patrouillent dans le golfe du Mexique et combien de ses troupes stationnées près des frontières américaines sont sur le point d’envahir le pays, ironise-t-il avant de conclure que l’Iran a fait preuve d’une patience considérable : « Nous savons qu'il aurait très facilement pu développer un arsenal nucléaire il y a de nombreuses années. Il a démontré sa maîtrise technologique à plusieurs reprises. La destruction d’un drone américain en est un exemple récent, mais le plus impressionnant était quand les forces du pays ont fait atterrir en toute sécurité en 2011 un véhicule similaire engagé dans l’espionnage aérien ».

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SOURCE: FRENCH PRESS TV