Depuis 5 jours, le nouvel occupant du 10 Downing Street observe un étrange silence sur la suite à donner à l'affaire Grace 1. Après avoir frôlé le choc frontal, l'arraisonnement du Steno Impero a poussé Londres à revenir sur terre et à ne plus se voir au 19ème siècle. Mais les intérêts étant trop divergents avec Washington, l'ex-cabinet des Tories a cru bon former une "coalition de guerre européenne" contre l'Iran?
Mais étant totalement contraire aux convictions brexistes de Londres, l'idée a fait aussitôt long feu, Paris et Berlin s'étant montrés réticents. Johnson serait, lui, tenté de se mettre sous la bannière étoilée. Mais une première brèche vient de s'ouvrir : les Emirats arabes unis, ami et allié de Londres ne semblent pas prêts à risquer ni ses capitaux ni sa sécurité. Au plus fort des tensions USA/Iran, les Emirats ont appelé à tenir la sixième commission mixte des gardes côtes avec l'Iran. Un appel bien significatif alors que les agences font état du retrait progressif voire complet des troupes émiraties du Yémen.
La sixième commission mixte de la garde côtière de la RII et des Émirats arabes unis s’est déroulée, le mardi 30 juillet à Téhéran, avec la participation des responsables concernés et pour examiner les coopérations d’ordre frontalier entre les deux pays, signe que les Emirats souhaitent maintenir le statut quo sécuritaire et bénéficier de la protection iranienne pour sa navigation énergétique.
Une délégation de sept responsables de haut rang de la garde côtière émiratie est arrivée, mardi, à Téhéran pour la tenue de la sixième réunion mixte de la garde côtière irano-émiratie.
Divers sujets sont à étudier en ce qui concerne les coopérations d’ordre frontalier comme la circulation des ressortissants, le trafic clandestin, l’accélération et la facilitation de l’échange d’informations entre les deux pays. La cinquième réunion du genre avait eu lieu il y a six ans. "Il s'agit d'un tournant dans les relations des deux voisins et ce, dans un contexte bien tendu où certains pays de la région appellent à une militarisation dangereuse du golfe Persique par les pays occidentaux. Il semblerait que les Emirats qui ont décidé de retirer leurs forces du Yémen, préfèrent se tenir à l'état actuel des choses : au lieu de jouer le jeu des Américains et servir de mèche à un conflit à l'issue incertain, ils ont choisi de renouer le contact avec l'Iran, souligne Hadi Mohamadi, l'expert des questions régionales.
Echec US/GB?
"Les visiteurs se succèdent à Téhéran, et un ballet diplomatique se met en place pour tenter d’amorcer une désescalade dans le golfe Persique. Le chef de la diplomatie omanaise Youssef ben Alaoui a rencontré, samedi 27 juillet, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale Ali Chamkhani ainsi que son homologue iranien Mohammad Javad Zarif avec au centre des discussions, l'affaire Grace 1 et Steno Impero et la montée des tensions entre l’Iran et les États-Unis.
"Les Emiratis semblent avoir été amenés à assouplir leurs comportements ces derniers temps et prêchent pour la désescalade avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Abou Dhabi s’inquiète pour les conséquences d’un conflit dans la région sur son économie basée en particulier sur le tourisme et le commerce régional. Aussi prône-t-elle une solution pacifique aux problèmes des Occidentaux avec l’Iran. C'est là le début d'un véritable échec pour les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dont la coalition semble condamnée avant même qu'elle puisse être formée", ajoute M. Mohamadi.