Le lanceur d’alerte saoudien Mujtahid a fait part du rejet par Ansarallah de la proposition du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane.
Selon le site d’information Al-Ahed, le révélateur des secrets de la famille Saoud a publié un post sur Twitter dans lequel il a déclaré que Ben Salmane aurait recours aux tribus yéménites pour négocier avec les combattants d’Ansarallah.
« Ben Salmane a proposé à Ansarallah de lui confier le contrôle des secteurs du nord du Yémen en échange des secteurs du sud », a-t-il tweeté.
Mujtahid a écrit que le mouvement populaire yéménite Ansarallah s’était opposé à la proposition du prince héritier saoudien.
Il a ajouté qu’Ansarallah insistait sur le fait que les agresseurs devaient se retirer entièrement du sol yéménite, s’excuser pour l’agression militaire contre ce pays et payer des dizaines de milliards d’indemnisation.
Dans ce contexte, la chaîne Al-Mayadeen a écrit dans une analyse que, d’après le New York Times, le retrait des Émiratis de certains points au Yémen ne s’effectuait pas en coordination avec le prince héritier saoudien Ben Salmane et que les Émirats arabes unis n’annonçaient pas ces mesures en vue d’éviter l’escalade des tensions entre les deux parties (Riyad et Abou Dhabi).
Mike Hindmarsh, commandant de la Garde présidentielle des EAU, un général à la retraite de l’armée australienne, a fait allusion à la crainte croissante des Émiratis due au renforcement du pouvoir de dissuasion des Yéménites et aux possibilités de menace contre leurs installations vitales. Ensuite, il a déclaré que « la poursuite de l’agression contre le Yémen exposera les Émirats à un grand danger de l’effondrement, face au « Viet Cong yéménite ». Le « Viet Cong » était le mouvement des révolutionnaires vietnamiens qui ont vaincu les États-Unis dans la guerre qu’ils menaient contre le Vietnam. Cette situation dangereuse a creusé une fissure encore plus profonde entre le prince héritier d’Abou Dhabi Mohammed ben Zayed, l’émir de Dubaï Mohammed ben Rachid Al Maktoum ainsi que les émirs de Fujaïrah et de Charjah. Ces émirs émiratis protestent contre la « politique tyrannique » de Ben Zayed ainsi que contre le marasme économique du pays dû à la crise asphyxiante causée par les 100 milliards de dollars qu’a coûté la guerre contre le Yémen.
Bien plus que l’Arabie saoudite, les Émirats ont peur de se retrouver en première ligne de toute guerre entre les États-Unis et l’Iran.
Eric Kingham, journaliste au Washington Post résidant à Dubaï, a évoqué le fait que Dubaï était particulièrement préoccupé par les conséquences de toute confrontation avec l’Iran, préoccupation dont ont d’ailleurs fait état les autorités dans leurs messages à l’adresse de l’Iran. Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale d’Iran Ali Chamkhani a déclaré, il y a trois mois : « Des autorités à l’intérieur des Émirats arabes unis nous envoient des messages appelant à la coopération et tentant de dissiper les malentendus. »
Mais la crise dans laquelle s’enfonce Abou Dhabi au Yémen et dans le golfe Persique va au-delà de Dubaï, de Fujaïrah et de Charjah et elle s’est étendue à Abou Dhabi ; car Mohammed ben Zayed a pris au sérieux l’éventualité de l’effondrement de la confédération des Émirats arabes unis en raison des retombées d’une guerre éventuelle dans les eaux du golfe Persique.
En contrepartie de la tentative du président américain Donald Trump de créer une coalition internationale pour surveiller les navires commerciaux dans le golfe Persique, l’Iran propose aux pays riverains du golfe Persique de leur garantir la sécurité régionale sans l’intervention des forces étrangères ; lesquelles, selon le porte-parole de la diplomatie iranienne Seyyed Abbas Moussavi, n’accordent aucune importance au maintien de la sécurité et de la stabilité de la région. Entre-temps, les Émirats arabes unis doivent choisir entre « la garantie de la sécurité du golfe Persique par les pays de la région » ou « son internationalisation », ce qui mettra en péril la sécurité et la stabilité régionales.