La destruction d'un drone américain dans le ciel de Hudaydah à l'aide d'un missile sol-air yéménite, destruction qui a choqué plus d'un général du Pentagone a définitivement changé la donne au Yémen : le monde a bien compris que les États-Unis se battaient contre Ansarallah et qu'Ansarallah tenait tête à la première puissance militaire du monde. C'est quelques jours après cet avertissement haut en couleur que le ministre saoudien de la Défense, Ben Salmane est apparu après une longue absence médiatique sur la scène pour affirmer, bien au contraire à la réalité, qu'il n'a jamais voulu entrer en guerre au Yémen!
La raison de ce spectaculaire virage est clair : les Américains et les Israéliens se trouvent à deux pas d'un méga-lâchage, celui de Riyad dans une guerre inégale que ce dernier a définitivement perdue et d'où il peine de se retirer. L'épicentre de la Résistance tend à se déplacer vers la mer Rouge, écrit Rai al-Youm, qui rappelle les 300 cibles définies qu'Ansarallah s’apprête à abattre sur le sol saoudien. Asir, Njran et Jizan ont perdu la quiétude qui était la leur il y a encore quelques mois, poursuit le journal.
Les forces de l’armée et des Comités populaires (Ansarallah) du Yémen ont tiré mardi trois missiles de type Zelzal-1 contre les positions des militaires saoudiens dans la province d’Asir au sud-ouest de l’Arabie saoudite. Les forces de l'armée et d'Ansarallah ont lancé consécutivement une lourde offensive depuis trois axes contre la base militaire d'Abwab al-Hudaydah. Le bilan des pertes est bien lourd.
Il y a deux jours un troisième assaut au drones Qassef K-2 a été lancé contre l’aéroport d’Abha, la capitale de la province d’Asir, en représailles aux bombardements de Riyad contre le peuple yéménite, selon le site d’informations Al-Masirah. « La piste a été ciblée avec succès. Il convient de noter que cette opération est la quatrième du genre en une semaine, dont l’une avec un missile de croisière. Le missile a ciblé le poste de contrôle du trafic aérien, mettant l’aéroport hors service », a affirmé le porte-parole des forces yéménites.
Les attaques de drones de la Force aérienne yéménite ne cessent de s'intensifier, touchant des cibles vitales aux aéroports de Jizan, Najran et Abha. Selon des sources saoudiennes, le trafic aérien s'est réduit au minimum dans ces aéroports, et ce, mis à part son effet psychologique sur les troupes saoudiennes, régulièrement visées dans leur base aérienne "King Khaled" à Khamis Mushait. Le fait que les pertes saoudiennes sont uniquement des militaires est un autre aspect de ce tournant stratégique. Depuis 2015, jamais la Résistance yéménite ne s'en est prise aux civils. D'où des "collaborations" dont il bénéficie au sein même des populations saoudiennes à Asir, à Jizan et à Najran.
Lire : le site radar de l'aéroport saoudien d’Abha frappé par un missile de croisière
« Il n’y a aucune image qui montre que les civils saoudiens aient été touchés à l’aéroport international d'Abha. Par contre, des dizaines de femmes, d’enfants et de personnes âgées yéménites périssent chaque jour sous les bombes de la coalition », a affirmé al-Emad, membre du bureau politique d’Ansarallah du Yémen.
Il a souligné :
« Les organisations internationales se réfèrent aux rapports et aux informations diffusés par les Saoudiens qui ont très peu de crédibilité. Tous les aéroports du Yémen, sauf ceux qui sont sous le contrôle des forces d’occupation, sont fermés. Les organisations internationales ont fermé les yeux sur les bombardements des aéroports du Yémen par Riyad. En effet, les organisations internationales ont adopté une attitude ambivalente dans ce contexte. »
Ansarallah a promis de poursuivre ses frappes contre les installations économiques et vitales sur le territoire saoudien. « Il y a des objectifs stratégiques dans le cadre desquels nous sommes passé à l’action. Par conséquent, nous n’accepterons pas ce qu’imposeront les instances internationales », a signalé Al-Emad.
Certains analystes se focalisent sur ce tournant "stratégique" pour estimer qu'il est grand temps que des pays comme la Chine et la Russie, dont les intérêts sont régulièrement mis en cause par le clan atlantiste mettent à profit ce véritable bon en avant d'Ansarallah pour inverser la donne en mer Rouge.