Un subtile scénario de pré-guerre se prépare : à peine 24 heures après la publication d'un entretien de "Ben Salmane truffé de contre-vérités sur les vrais motifs qui ont poussé Riyad à déclencher la guerre contre le Yémen, l'agence yéménite d'information SABA a été hackée : une fausse information affichant sur la première page affirmait donc qu'Ansarallah se tenait prêt à s'en prendre aux pétroliers en mer Rouge. La fausse information a été largement reprise ensuite par les médias alliés de l'oncle Sam dans la région. Il va sans dire qu'au bout de quatre ans de résistance, Ansarallah vient d'imposer une nouvelle équation de force qui consiste à répondre du tac au tac, à ne plus subir les coups mais aussi à en donner.
Pour de nombreux analystes, la coalition d'agression se trouve dans une totale impasse au Yémen qui l'aurait même poussé à "multiplier les médiations" auprès d'Ansarallah et à demander l'arrêt des attaques au missile et au drone. A en croie Al Jazeera, des informations circulent sur une possible reprise des négociations entre Saoudiens et Yéménites, sur fond du départ largement médiatisé du président démissionnaire yéménite et de sa famille pour les États-Unis, là où ce pantin devra rester définitivement. Dans une lettre publiée ce mardi, Mansour Hadi par qui l'agression contre le Yémen a commencé, remercie chaleureusement la cour saoudienne et quitte Riyad pour Ohio.
Ce départ pourrait, affirment les analystes, faire partie d'un scénario de capitulation saoud-émirati surtout que Ben Salmane affirme dans son entretien accordé à un journal saoudien qu'"il ne voulait jamais faire la guerre" même avec les Houthis, mais que puisque ces derniers sont des "outils entre les mains de Téhéran" qu'il y a été contraint.
Selon Al Jazeera, "les négociations que Riyad souhaiterait amorcer, pourraient s'inscrire dans la suite de celles tenues de 2016, lesquelles ont abouti à l’accord de Dhahran al-Janoub et une trêve de quelques mois. Après les attaques de la station de pompage du pétrole et des aéroports d’Abha, de Najran et de Jizan, les responsables saoudiens ont pris des contacts avec Ansarallah", annoncent la chaîne qatarie, Al-Jazeera citant des sources informées. L'information a d'ailleurs été reprise par le ministre yéménite de l’Information qui en fait part sur sa page twitter et confirme "des efforts et des médiations internationaux destinés à faire accepter à l’armée et à Ansarallah, l’arrêt des attaques contre les installations vitales de l’Arabie et des EAU".
« Les Saoud demandent aux Yéménites de mettre fin à leurs attaques et cette demande est en cours d’examen. Or pour l’instant, l’on ne constate pas vraiment d’avancées en ce sens puisque les Saoudiens poursuivent leurs raids, continuent à maintenir le blocus et rien de plus. Une chose est sûre: les médiations internationales insistent sur l’arrêt des attaques au missile et au drone des combattants yéménites contre des installations vitales comme des aéroports de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Ce qui témoigne du succès de ces attaques », constate par ailleurs Mohammad Nasser al-Bakhiti, un membre du bureau politique d'Ansarallah.
Mais l'Arabie saoudite et leurs alliés iront-ils rendre la clé si facilement?
Pour le politologue Sadallah Zarei, il est "peu probable" que l'Arabie saoudite accepte de hisser le drapeau blanc face aux yéménites qu'elle ne cesse de mépriser : " S'il est vrai qu'Ansarallah a bel et bien revendiqué la spectaculaire frappe au drone le 14 mai dernier, il n'en reste pas moins vrai que l'affaire des pétroliers attaqués en mer d'Oman et à Fujaïrah reste entourée d'un total aura d'incertitude. Il semblerait que Riyad, totalement enlisé au Yémen, cherche par tous les moyens à déclencher une confrontation militaire à grande échelle et certains courants aux États-Unis y sont parfaitement favorables. La région de la mer Rouge se trouve au cœur des rivalités géostatistiques entre les États-Unis d'une part et la Chine et la Russie de l'autre et les Américains et leurs satellites n'y renonceraient jamais. Pour faire la paix Riyad n'a vraiment pas besoin d'invoquer une médiation indirecte. L'accord de Stockholm est là, si l'Arabie voulait cesser la guerre. Je crois surtout à un scénario en cours de préparation: Les récentes évolutions dans le dossier yéménite coïncident étrangement avec l'annonce du déploiement de 1000 militaires supplémentaires dans le golfe Persique. Le Pentagone a affirmé ce mardi matin s'être adapté à une demande du Centcom en ce sens laissant supposer qu'une "grande attaque contre des sites pétroliers amis" n'est pas à écarter. Les USA, Israël et leurs alliés arabes préparent -ils un ultime "False flag" propre à déclencher la guerre contre l'Iran? C'est bien possible";