Le ministre de la Défense du gouvernement du Salut national au Yémen a inspecté, pour la première fois de puis le début de la guerre en 2015, la province de Najran, au sud de l'Arabie saoudite. La visite vient d'infliger une humiliation suprême à Riyad qui, enlisé militairement au Yémen, s'acharne sur les civils yéménites.
Pour la première fois depuis le lancement de l’offensive saoudienne contre le Yémen, le ministre de la Défense du gouvernement du Salut national est entré en Arabie saoudite et rendu visite aux lignes de front des forces yéménites en territoire saoudien. Pas une seule balle n'est venu perturber cette visite-inspection, effectuée en plein jour à quelques kilomètres des positions saoudiennes.
Selon Al-Masirah, le général Mohammad Naser al-Atefi a inspecté ses forces sur ce front des combats, louant leur esprit de résistance face aux agresseurs. Le commandant de la sixième zone militaire, le général Jamil Yahya Zar’a accompagnait le ministre de la Défense du gouvernement du Salut national au cours de ce déplacement.
S’adressant aux forces yéménites présentes sur les hauteurs qui surplombant la ville et l’aéroport de Najran, le ministre de la Défense s'est félicité de « grandes victoires remportées au cœur du territoire saoudien, victoires qui vont toutes dans le sens d'une stratégie nouvelle ».
À Najran, Riyad a tout perdu : 20 bases de campement des militaires saoudiennes sont tombées en moins de 72 heures la semaine dernière, ouvrant grand les portes à ce que les forces yéménites s'installent bien solidement au sud d'Arabie.
Jusqu’ici, l’Arabie saoudite et sa « coalition » n’ont pas réagi à cette spectaculaire visite, ni à la vidéo publiée mais les internautes saoudiens refusent de croire à une si crainte défaire de leur armée. En effet, le gouvernement saoudien censure vigoureusement les évolutions en cours sur les frontières du sud du pays ainsi que l’avancée des forces yéménites sur le territoire saoudien.
Le porte-parole d’Ansarallah et négociateur en chef du gouvernement du Salut national Mohammed Abdessalam a affirmé sur son compte Twitter que la visite du ministre de la Défense à Najran reste ni plus ni moins un « message national très fort », qui témoigne de la volonté de victoire du peuple yéménite de faire face à l’offensive et au blocus tyranniques d'une coalition d’agression qui a tout fait mais qui a perdu.
Raï al-Youm revient sur cet extraordinaire événement et y apporte son commentaire dans un article signé Kamel Al Moamari : « Cette visite annonce-t-elle la chute imminent de Najran? Comment Ansrallah a-t-il pu passer d'une situation de précarité militaire totale à une maîtrise absolue de la chose militaire face à une coalition composée de 27 pays ? Après tous les monts où le ministre de Sanaa a visités, se trouvent à peine à quelques kilomètres de l'aéroport de la ville et des quartiers du centre. Bien au contraire de ce que les médias saoudiens prétendent, la guerre au sud yéménite ne se résume pas à quelques tirs sporadiques de missiles ou à des frappes limitées au drone. Les combats à Najran, à Jizan, et à Asir vont au-delà de ces faits falsifiés. En effet l'offensive qui devra déboucher sur la prise de la ville de Najran est une question d'heure, Riyad se trouvant totalement dans l'incapacité de l'empêcher ».
Et l'article d'ajouter : « La stratégie de combat d'Ansarallah a muté. D'une guerre d'usure, il vient de passer à une stratégie offensive. Les monts al Sharafa, à-Shabaka ou encore les chaines montagneuses d'al Sadis et de Marbaa al Souh se trouvent sous contrpôle d'Ansarallah. Ce qui veut dire que la chute de Najran ne dépend désormais que du bon vouloir de Sanaa. Idem à Asir et à Jizan où des dizaines de villages et de bases saoudiennes sont tombés au terme d'une guerre parfaitement inégale où Riyad a cru d'avoir une suprématie imbattable. En 2016 les États Unis ont affirmé avoir vendu 133 chars Abrams à l'armée saoudienne; rien que pour couvrir les combats au sud saoudien. C'est dire à quel point cet appui militaire s'est avéré inefficace. Ce sont les officiers US, israéliens et de l'OTAN qui ont formé les militaires saoudiens. ce sont eux qui pilotent la plupart des offensives. Et ce sont encore eux qui viennent de mordre la poussière face à Ansarallah. Riyad s'est engagé dans une guerre sans merci pour servir les intérêts israéliens et américains en mer Rouge. Une guerre qui a épuisé son argent, et terni son image. L'Amérique l'a poussé au bord du gouffre et il ne lui reste désormais qu'une seule issue : dialogue en tête-à-tête avec Anbsarallah. »