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Zoom Afrique du 21 mai 2019

Mali : le pays divisé en trois morceaux ?

Dans ce numéro de Zoom Afrique :

L’actualité en Afrique :

  • Ghana : l’État signe un accord avec Ethiopian Airlines pour créer une nouvelle compagnie aérienne nationale ;
  • Cameroun : l’État s’empare de 10 % du capital d’Afrimedia/Africa24 ;
  • Tanzanie : augmentation de la production rizicole d’ici 2030 ;
  • RDC : Sylvestre Ilunga Ilunkamba nommé nouveau Premier ministre.

 

Les analyses de la rédaction :

RDC

Depuis l’élection de Félix Tshisekedi, Paris à l’air d’être revenu sur ses positions. En effet, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a totalement changé de discours suite à une visite ce 20 mai en RDC, où il a été reçu par le président Félix Tshisekedi.

Pour rappel, lors de l’élection de Tshisekedi, Jean-Yves Le Drian faisait partie des premiers à dire que l’élection était truquée et que c’est Fayulu qui aurait dû gagner et non Tshisekedi. À voir le ministre français changer de bord comme ça, les deux hommes se sont visiblement mis d’accord sur plusieurs points. En effet, Jean-Yves Le Drian a évoqué les principaux axes du partenariat entre la France et la RDC. En d’autres termes, dans la RDC post-Kabila, la puissance colonialiste française veut avoir un droit de regard dans trois domaines : 

– Sur le plan de l’éducation, Le Drian a dit qu’un accent particulier sera mis sur un appui renforcé aux grandes écoles de formations de l’administration congolaise. 

– Pour ce qui est de la santé, un effort singulier devra être fourni sur la recherche dans le but d’affiner la connaissance du virus Ebola. 

– Et puis, last but not least, la France veut également accompagner la RDC dans le chantier de la réforme du secteur de la sécurité et un renforcement des capacités de l’armée congolaise.

C’est sans doute le terrain favori de Paris, avec la longue expérience d’occupation militaire qu’il a en Afrique. Surtout qu’on dit que Daech étend de plus en plus sa présence en Afrique et qu’il apprécie les richesses et l’aspect géostratégique de la RDC. La France voudrait contribuer, sans doute aux côtés des Américains, à la formation des militaires congolais. Tshisekedi a-t-il capitulé face à l’Occident ? Ou fait-il semblant ? Certains estiment que Felix Tchsekedi joue un rôle de modérateur pour faire sortir le pays de la spirale de sanctions et de restrictions imposée par l’Occident. Alors que le Sénat est aux mains du parti de l’ex-président, Tchisekedi mène son œuvre d’ouverture à l’Occident. Mais c’est là un exercice périlleux. Pouvoir le réussir demanderait des bases bien solides, comme un code minier assurant les intérêts nationaux ou encore un système de renseignement imperméable aux ingérences. Mais il est vrai qu’en RDC, ces fondamentaux existent et semblent plutôt promis à durer.

Bénin

Une semaine après la première offensive militaire occidentale contre le Bénin, menée en catimini sous le nom d’opération de libération d’otages occidentaux, Patrick Talon s’exprime. Cette opération a été interprétée par de nombreux analystes comme une marche arrière de sa part. En Afrique, personne n’a compris comment ces otages ont été enlevés au Bénin puis libérés au Burkina Faso. Mais vu les pressions exercées ces derniers temps sur Talon, cette mise en scène ne pourrait pas ne pas avoir de lien avec ce qu’exigent les Occidentaux de la part du président. Patrice Talon est un bon élève du libéralisme, mais à l’heure où le président US et sa politique africaine sont contre le marché, ce ne sont plus les performances économiques et l’ouverture aux multinationales qui comptent. L’Occident veut le Bénin pour y installer ses bases militaires dans la perspective de sa guerre anti-chinoise et anti-russe ; les opérations de déstabilisation liées à une opposition souvent exogène sont aussi à comprendre dans ce sens : le président béninois s’est exprimé le lundi 20 mai pour la première fois depuis les violences qui ­­ont émaillé les jours suivants les élections législatives.

« Le processus électoral vient de s’achever. » Ce sont les premiers mots de Patrice Talon lors de son allocution d’une dizaine de minutes à la télévision nationale, lundi soir. Ce qui veut dire que le président restera ferme et qu’il ne fléchira pas, même si les manœuvres de déstabilisation se poursuivent : « Je voudrais inviter le nouveau Parlement à rassurer l’opposition politique en procédant à la relecture responsable de la Charte des partis et du code électoral. » Une nouvelle flèche qui rappelle à l’opposition que c’est elle qui est à l’origine du rejet de sa candidature aux élections et pas l’État béninois. La volonté du dialogue est là, mais pas de concession : « J’inviterai très prochainement toute la classe politique pour des échanges directs, francs et constructifs au profit de notre bien commun : le Bénin. » 

Et Talon d’ajouter : « Certains acteurs ont manqué de sagesse, de mesure et de patriotisme » pour des « querelles politiciennes » et des « frustrations » nées de la « réforme majeure du système partisan », « souhaitée et redoutée ». Les mots sont durs et sonnent comme une mise en garde à l’adresse des forces internes qui agissent souvent à l’instigation de parties étrangères. Le système partisan de Talon ne plaît pas, car il est trop centralisé pour les États occidentaux qui cherchent à atomiser, à diviser : ce système partisan bloque aussi la voie à des ONG qui financent tel ou tel parti en Afrique dans l’espoir de pouvoir les manipuler et de s’en servir comme levier de pression contre l’État en place chaque fois que ce dernier refuse de lâcher du lest. Eh bien, pour l’heure, Talon a dit non ; pour la suite, on verra bien.

Mali

Les tensions continuent dans le sud du Mali, près de la frontière burkinabée, toujours à la faveur des agissements des forces d’occupation. Tout d’abord, une double attaque terroriste dans les localités de Koury et Boura, près de Yorosso, dans la région de Sikasso. Les médias mainstream font état de la mort de 3 gendarmes, 2 douaniers et 2 chauffeurs routiers. Selon Técoura Daou, le maire de Koury, les assaillants sont arrivés à moto, suivis d’un véhicule. Leur nombre reste encore indéterminé. Sans sommation, ils ont ouvert le feu sur les agents en uniforme, puis sont entrés dans la gendarmerie, où ils ont volé des armes, avant de repartir aussi vite qu’ils sont arrivés en direction du sud. Quasi simultanément, c’est la localité de Boura, à quelques kilomètres de là, qui a aussi essuyé un assaut. D’après Doubakalo Dioma, membre du conseil communal de Boura, vers 23 heures, une dizaine d’hommes sont arrivés à moto également. Ils ont tenté d’encercler la cour du sous-préfet et ont ouvert le feu. Mais la garde de la sous-préfecture a pu repousser l’assaut, qui aura duré en tout une trentaine de minutes. Pas de victimes à déplorer pour le moment à Boura, mais un garde a été blessé au pied. Comme toujours, ce sont des militaires africains qui paient le prix de ces attaques. 

Un Casque bleu nigérian a été tué et un autre blessé samedi, dans le braquage de leur véhicule par des hommes armés non identifiés en plein centre de la ville de Tombouctou, a appris l’AMAP de sources concordantes. Les mêmes sources précisent que les assaillants ont ouvert le feu sur le véhicule des Casques bleus, tuant un soldat et blessant un autre après qu’ils se furent débarrassés de leur engin, sans parvenir à enlever leur voiture.­­­­ Par ailleurs, trois Casques bleus d’origine tchadienne ont été blessés samedi dans l’explosion de leur engin blindé sur une mine à Tessalit dans le nord près de la frontière algérienne.

Les attaques sont toujours de même nature. Un groupe de motards non identifiés qui débarquent, tuent, et s’en vont aussitôt. Lors des tueries des Peuls début janvier, c’était le même mode opératoire. 

Malgré tous les moyens mis à la disposition de la Force Barkhane, les drones, les missiles à moyenne portée, bref, les moyens pour identifier ce groupe d’assaillants ne manquent pas, mais il y aurait plutôt un manque de volonté.

Parmi ces moyens déployés au Mali, se trouvent aussi ces fameux groupes armés dont l’identité est toujours et restera toujours inconnue. Ces groupes pilotés par des entités exogènes servent en toute synchronisation et à la perfection les intérêts occidentaux dans cette partie du continent africain. Le conflit est en train de descendre vers le Burkina Faso, pour ensuite atteindre le Bénin. Les premières parties qui sont remises en cause dans ce genre d’attaques armées sont l’armée nationale et, dans une certaine mesure, l’État. Les plans initiaux restent toutefois le démembrement du Mali, et peut-être même le démembrement des pays limitrophes aussi. En effet, le plan de démembrement se précise chaque jour davantage : le nord du Mali étant en proie aux actes d’occupation depuis 2013, la violence est descendue peu à peu pour atteindre d’ici la fin 2018 le centre et ses habitants. Cette double attaque ouvre un nouveau front dans le Sud. Le projet de démembrement vise-t-il à atomiser le pays et à le diviser non pas en deux, mais en trois ? Après tout, le mot « fédération » ne cesse de revenir dans le discours des Français, des Américains et de leurs compères... 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV