Le déploiement du système de défense antiaérienne russe S-400 en Irak pourrait poser des problèmes aux États-Unis et à Israël s’il est doté de missiles à longue portée, a écrit Asia Times.
Le site d’analyse Asia Times a abordé dans un article, signé Stephen Bryen, la question de l’acquisition par l’Irak de missiles de défense aérienne russe S-400. « En ce qui concerne le système de défense antiaérienne avancé russe S-400, tout dépend de l’agence russe à laquelle on se réfère, TASS ou Sputnik », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Mais peu importe si Bagdad achète le système de défense aujourd’hui ou demain, il est clair que l’Irak se dirige dans cette direction. »
En mars 2018, le ministre irakien des Affaires étrangères, Ibrahim al-Jaafari, avait déclaré que l’Irak achèterait les batteries de missiles russes. Haidar Mansour Hadi, ambassadeur d’Irak en Russie, avait déclaré fin avril à Bagdad, lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la huitième réunion de la commission intergouvernementale russo-irakienne sur la coopération commerciale, économique, scientifique et technique : « Le gouvernement a pris une décision, il veut acheter le S-400 ». Ses propos avaient à l’époque été rapportés par l’agence officielle russe TASS.
L’autre agence officielle russe, Sputnik, a déclaré que le gouvernement irakien « n’a pas encore pris de décision » sur l’achat du système de défense antiaérienne russe S-400, a déclaré cette semaine l’ambassadeur de l’Irak en Russie, Haidar Hadi. « En ce qui concerne les S-400, il n’y a pas encore de contrat. »
Un certain nombre de problèmes se poseraient si l’Irak tentait de conclure un accord avec Moscou pour l’achat de S-400.
Selon Asia Times, après la question du financement de l’achat, le deuxième problème qui se poserait serait la réaction des États-Unis.
« La réponse à cette question est que les États-Unis s’opposent probablement déjà à l’acquisition des S-400 par l’Irak, tout comme à la vente du système à l’Inde et à la Turquie. »
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M. Bryen se demande ensuite si les États-Unis ont encore assez de poids pour faire pression sur l’Irak. « La scène politique évolue rapidement », a-t-il répondu, avant d’expliquer que le retrait par Washington de son personnel non essentiel d’Irak la semaine dernière et le déploiement d’un groupe aéronaval américain dans la région seraient à l’origine de l’inquiétude des États-Unis quant à la perte de leur influence en Irak face à l’Iran voisin.
La question suivante, selon Asia Times, est de savoir quels missiles équiperont le système S-400. Il existe quatre types de missiles différents pouvant être lancés à partir du S-400. Le plus redoutable est le missile 40N6, qui a une très longue portée et peut même abattre, selon les Russes, les avions furtifs américains F-22 et F-35.
« Nous ne savons pas si les batteries irakiennes seraient équipées de missiles 40N6, mais si l’Irak suit les conseils de l’Iran, il voudra très certainement que ces missiles fassent partie intégrante de l’achat », a noté Stephen Bryen. « La présence des missiles 40N6 en Irak pourrait poser de graves problèmes aux États-Unis », a-t-il indiqué.
L’autre problème concerne l’emplacement des S-400 en Irak et leur déploiement contre un ennemi potentiel.
Selon Entifadh Kamal Qanbar, ancien attaché du ministère irakien de la Défense à Washington et ancien conseiller principal du vice-Premier ministre irakien, le S-400 sera déployé dans la province d’al-Anbar. Qanbar a précédemment passé cinq ans dans l’armée de l’air irakienne et il connaît très bien la communauté politique irakienne. Il était également l’ingénieur du projet de l’immense base aérienne de Balad, qui était la deuxième base américaine en Irak pendant la guerre et qui, après avoir été restituée à l’Irak en 2011, abrite désormais les F-16 de l’aviation irakienne.
« Al-Anbar est extraordinairement sensible. Une base des S-400 à Anbar menacerait l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël. En déployant des missiles à cet endroit, l’Irak rendrait difficile pour Israël de lancer des attaques contre l’Iran. En outre, avec les missiles longue portée 40N6, les bases aériennes israéliennes seraient en danger. »
L’article d’Asia Times indique enfin que l’acquisition du système de défense antiaérienne S-400 par l’Irak devrait être interprétée comme un geste stratégique ayant pour but de faire face à Israël et aux États-Unis.
Sans aucun doute, les Russes se feront un plaisir de vendre leurs missiles à l’Irak, car cela affaiblit les États-Unis et Israël sans aucuns frais pour eux, a conclu Stephen Bryen.