Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique :
Les analyses de la rédaction :
Sénégal
Au Sénégal, la situation se clarifie. Suite à la suppression par le président Macky Sall du poste de Premier ministre, le président n’a plus d’obstacle de poids devant lui pour l’empêcher de mener à bien les plans de l’Élysée. Et pour cause, la France a fait pression sur le Sénégal pour obtenir l’exploitation du pétrole.
Thierno Alassane Sall, ex-ministre de l’Énergie, a expliqué sur la page des Panafricains sur Facebook, visitée par le « Témoin », pourquoi il a démissionné de son poste. « La France fait pression sur le Sénégal pour obtenir l’exploitation du pétrole et du gaz. Je ne peux pas signer un document où la compagnie française Total qui était en 5e position pour acquérir le marché, selon les experts, devient subitement numéro 1 après des pressions sur le président Macky Sall », a-t-il révélé.
Et de poursuivre : « Ce qui se passe là se passe partout en Afrique. Et ce sont ces mêmes personnes qui disent que les Africains sont irresponsables, gèrent mal leurs ressources, devraient apprendre à se débrouiller, et ne plus leur envoyer des migrants. Alors qu’ils ne peuvent pas laisser l’Afrique une seule seconde décider du meilleur partenaire économique dont elle a besoin pour son développement. Ils sont prêts à te faire la guerre, un coup d’État, ou à lever toute une rébellion pour imposer un contrat. Car ils ne veulent pas s’aligner sur le marché comme les concurrents. Ils imposent leur deal et si tu ne veux pas, tu dégages. Tant pis si le concurrent te propose un deal beaucoup plus avantageux ; ta matière première, c’est pour eux. »
Des propos qui sont pour le coup peinants, mais qui reflètent une réalité sur le terrain africain. Le néo-colonialisme est bien présent et pour cela, un contrôle total sur les populations africaines s’impose. Le Sénégal est une zone hautement stratégique, car il est une porte d’entrée du côté ouest du continent africain. De plus, on y trouve le siège de l’AFRICOM, ainsi que la pointe de la cybersécurité avec notamment ses écoles de cybersécurité, et il attise aussi les convoitises avec ses nombreux puits de pétrole et de gaz. De nombreux puits ont été découverts sur ses côtes. Et militairement, il donne un accès direct aux pays du Maghreb, du Sahel, et de l’Afrique subsaharienne.
Ces pressions effectuées sur le président sénégalais Macky Sall pour obtenir le contrôle total des puits de pétrole et de gaz montrent surtout une crainte de la montée de l’influence chinoise dans le pays. En effet, la Chine, qui s’occupe du développement du port de Dakar, essaie de refaire un remake de Djibouti, en s’implantant et en prenant un certain contrôle de différents blocs offshores du Sénégal. Mais voilà que la France n’est pas prête à recommettre les mêmes erreurs qu’à Djibouti et en Centrafrique, à savoir perdre son influence dans son pré carré. Cela dit, la colère contre la présence injustifiée de la France au Sénégal ne date pas d’hier. Régulièrement la population sénégalaise montre son mépris envers cette présence coloniale. En bref, le Sénégal reste une patrie forte qui désire qu’une seule chose : le partage équitable des ressources pour pouvoir vivre en paix.
Burkina Faso
Suite aux événements qui se sont produits au Burkina Faso, à savoir l’opération commando qui a fait énormément de bruit dans les médias, la suite de l’opération se montre en plein jour. Et pour cause, le Burkina Faso plaide en faveur d’une coalition antiterroriste de type « internationale » pour le Sahel.
On aurait pu penser que c’était déjà le cas, eh bien non. Le site spécialisé dans les opérations extérieures de l’armée française, à savoir Opex360, met en avant les difficultés que connaissent les forces Barkhane. L’article souligne bien dès le début que le nombre de militaires est insuffisant, les moyens aériens limités, alors que la force Barkhane, toujours selon l’article, mènerait un combat acharné contre le terrorisme dans le Sahel. Certes, elle n’est pas seule. La Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali, avec 13 000 Casques bleus, est aussi présente sans compter les troupes canadiennes, allemandes, américaines. En bref, les forces Barkhane seraient dans le désarroi et des renforts seraient les bienvenus.
En plus d’utiliser les armées nationales des pays du Sahel comme chair à canon dans le but de les affaiblir, les plans occidentaux se sont heurtés à une forte résistance qui a sonné l’échec des plans comme le démembrement du Mali. Prenant acte de cette situation, l’ONU s’en mêle. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a remis un rapport au Conseil de sécurité au sujet du G5 Sahel dans lequel il a fait état de ses profondes préoccupations concernant la détérioration des conditions de sécurité au Mali et dans la région du Sahel, qui feraient face à de graves problèmes transnationaux tels que les changements climatiques et la sécheresse, l’accroissement démographique et l’aggravation du chômage des jeunes, le trafic illicite d’êtres humains, la migration clandestine, le trafic d’armes et de drogues, ainsi que l’extrémisme violent et le terrorisme. Bref toutes les conditions pour un énorme déploiement massif et une invasion imminente sont réunies.
Un tel déploiement, alors que les ressources naturelles sont déjà pillées, conduirait à penser que le fait de maintenir les pays africains dans un état de guerre serait l’une des meilleures solutions pour continuer à alimenter l’industrie de l’armement. Ainsi, toutes les grandes multinationales, tous domaines confondus, seraient aux anges.
En effet, les démembrements prévus et l’instauration des divisions en fonction de l’ethnie ou de la religion au sein de la population africaine seraient une aubaine pour le camp atlantiste, car pouvoir à tout moment créer une tension pourrait s’avérer de loin la solution la plus simple. Antonio Guterres n’a pas manqué de souligner qu’il faut faire davantage pour prévenir une nouvelle détérioration de la situation dans la région du Sahel et que le G5 Sahel « continue de se heurter à un manque important de formation, de moyens et de matériel ». Et d’ajouter : « Le manque d’équipements de protection individuelle, de véhicules blindés et de moyens de transport, ainsi que l’absence de chaînes d’approvisionnement logistique permettant de transporter du carburant et des vivres des bases de la MINUSMA aux postes de commandement de la force conjointe, à quoi s’ajoute la menace que représentent les engins explosifs improvisés, constituent des problèmes majeurs. » Le secrétaire général n’a pas manqué de faire la comparaison avec la situation en Irak et en Afghanistan en parlant du terrorisme.
Si la situation s’est calmée au Moyen-Orient, notamment en Irak ou en Syrie, c’est majoritairement grâce à une coopération et des alliances au niveau régional et non international. Si l’Irak est sorti de son bourbier, c’est parce qu’il s’est allié avec son voisin l’Iran. C’est ce que les pays africains comptent faire, mais les contrats historiques, les dettes, les devises nationales les lient encore à l’Europe, ce qui crée un axe de résistance au sein du continent africain qui continue de croître et qui oblige l’Occident à se doter de toujours plus de moyens pour mener à bien ses projets qui, à moyen terme, sont voués à l’échec.
Cameroun
Au Cameroun, après de nombreuses pressions de la part des parties anglo-saxonnes qui veulent démembrer le Cameroun, le chef de l’État se tourne de plus en plus vers le bloc de l’Est. Reçu en audience ce 17 mai, l’ambassadeur de la République populaire de Chine au Cameroun, S.E. Wang Wingwu s’est entretenu avec le ministre des Relations extérieures, S.E. Mbella Mbella Lejeune.
Lors de cette audience, le ministre camerounais a exprimé la gratitude du gouvernement camerounais pour le soutien constant et sincère de la Chine lors de la concertation des membres du Conseil de sécurité en formule Arria initiée par les États-Unis le 13 mai dernier, sur la situation humanitaire au Cameroun, découlant de la crise sociopolitique dans les régions du nord-ouest et sud-ouest du pays, nous informe le ministre.
Le ministère relève aussi que le diplomate chinois a réitéré que la Chine ne soutiendrait aucune initiative visant à remettre en cause la souveraineté du Cameroun, la stabilité de ses institutions et son intégrité territoriale. Pour rappel, le Cameroun était au menu du Conseil de sécurité des Nations unies ce lundi 13 mai. Un événement, puisque hormis dans les rapports formels du bureau onusien pour l’Afrique centrale, la crise qui a été provoquée dans le pays n’avait encore jamais été abordée. Lors de cette réunion informelle, le Cameroun a reçu le soutien total de la Russie et de la Chine. Ce qui montre que plus la pression est forte du côté occidental, plus elle pousse ces mêmes pays à se tourner vers le bloc de l’Est. Ces derniers mois, les États-Unis ont tout fait pour faire plier le Cameroun : alimenter les séparatistes, mettre la pression sur le gouvernement, retirer les aides financières destinées aux secteurs militaires, en bref, selon les plans américains, le Cameroun aurait déjà dû être scindé depuis un moment déjà. Mais ce n’est toujours pas le cas. En plus d’échouer, le camp français a perdu de plus en plus d’influence sur le continent, qu’il espère toutefois récupérer par la force tôt ou tard. Pousser par Bolton, le président américain Donald Trump, cherche à provoquer une guerre sans merci au Cameroun entre la minorité séparatiste anglophone et le reste du pays. Les USA ont critiqué le gouvernement camerounais, contrairement à la Russie qui l’a salué. Ce qui a montré son rapprochement avec Yaoundé. Une information démentie par beaucoup de médias a fait part d’une lettre de soutien que le président russe Vladimir Poutine aurait envoyé à son homologue camerounais Paul Biya. Fake news ou pas, cela montre que la Russie à une certaine volonté de se retrouver sur la scène politique camerounaise.
La population camerounaise n’est pas belliqueuse ni violente. Les trois communautés, à savoir anglophone, francophone et germanophone, ont toujours vécu côte à côte sans aucune tension. Et voilà que soudain, le Cameroun, le Mali, la RCA, la RDC, et récemment le Ghana sont tous la cible de tentatives de démembrement de l’Occident, mais qui n’arrivent pas à se concrétiser, grâce à l’unicité du peuple africain.
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