Même l’incendie tragique de Notre-Dame de Paris n’a pas pu mettre fin au mouvement de protestation anti-capitaliste en France, mais il a servi de prétexte pour une répression redoublée des manifestants.
Selon le ministère de l’Intérieur, 9 600 manifestants ont été comptabilisés dans toute la France à 14 h, dont 6 700 à Paris. Ces chiffres sont en hausse : la semaine dernière, la même source annonçait, à la même heure, 7 500 participants, dont 1 300 à Paris.
L’acte 23 des Gilets jaunes est émaillé de tension, notamment à Paris où des heurts ont été constatés entre manifestants et forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogènes.
60 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés par le ministère de l’Intérieur dans toute la France.
Ce samedi, la situation était tendue à Paris, notamment aux abords de la place de la République. Les pompiers sont intervenus pour éteindre plusieurs foyers d’incendie. Les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants. Les forces de l’ordre ont même repoussé les journalistes, avec des casques marqués des mots « presse » ou « TV », en train de filmer. Les forces de l’ordre, possiblement des Brigades de répression de l’action violente (BRAV), s’en sont prises, avec des matraques, à ces derniers, les faisant reculer.
Au moins 137 personnes ont été jusqu’ici interpellées et 56 placées en garde à vue. Des chiffres nettement en hausse par rapport à la semaine dernière où 15 interpellations et 5 885 contrôles préventifs avaient eu lieu à 16 heures, pour l’acte 22 des Gilets jaunes.
Dans la capitale, deux secteurs sont interdits à la manifestation : les Champs-Élysées, mais aussi Notre-Dame et ses abords après l’incendie qui a en partie détruit la cathédrale.
Comme chaque samedi, des manifestations étaient également prévues dans l’après-midi dans plusieurs places fortes de la mobilisation, notamment à Bordeaux ou Toulouse. Dans la ville rose, la place du Capitole compte parmi les secteurs interdits aux manifestants, tout comme l’hypercentre lyonnais.
À Lille, le préfet du Nord a pris pour le 4e samedi d’affilée un arrêté d’interdiction de manifestation dans le centre-ville. À Rouen, Caen ou encore dans le Gard, des interdictions de manifester ont également été émises par les préfectures. La mobilisation s’est cependant poursuivie dans d’autres villes.
À Bordeaux, traditionnelle place forte du mouvement, une petite foule s’est rassemblée place de la Bourse avant d’entamer un itinéraire canalisé par des forces de police très mobiles bloquant les accès à l’hypercentre, ce qui a provoqué quelques face-à-face tendus.
Parmi les Gilets jaunes, tous semblent s’accorder sur la nécessité de réduire la pression fiscale en France et de la rendre plus équitable. Au début du mouvement, une liste de requêtes avait été établie par quelques Gilets jaunes, mais celle-ci a émergé de manière spontanée et non coordonnée. On y trouvait des demandes très éclectiques : « zéro SDF », « un impôt sur le revenu plus progressif », « un SMIC à 1300 euros net », « un grand plan isolation », « la fin des taxes sur le carburant », « pas de retraite en dessous de 1 200 euros ». La création d’un référendum d’initiative populaire (RIC), donnant la possibilité au peuple de participer plus directement et plus facilement aux décisions, mobilise aussi les Gilets jaunes depuis plusieurs mois.