TV

Le Liban va-t-il basculer dans le camp russe?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président libanais Michel Aoun (c-g) et le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov (c-d) marchent devant la garde d'honneur russe lors d'une cérémonie de bienvenue réservée à M.Aoun à l'aéroport international de Vnukovo à Moscou, le 25 mars 2019. ©Reuters

De cette visite, les Libanais attendent beaucoup : le président libanais Michel Aoun est arrivé lundi 25 mars à Moscou pour une visite de deux jours au cours de laquelle il rencontrera son homologue russe Vladimir Poutine. Les pourparlers Aoun-Poutine porteront entre autres sur le retour des réfugiés syriens actuellement au Liban, mais surtout sur la coopération militaire entre les deux parties et évidemment les investissements russes dans le secteur économique libanais. Le journal Gulfnews revient sur cette visite aux "portées stratégiques" et écrit : 

"Le réchauffement des relations russo-libanaises est finalement chose naturelle, compte tenu de l’important rôle que joue la Russie en Syrie voisine. Et les sorts du Liban et de la Syrie sont depuis très longtemps liés. Il y a un an, les ministères russes des Affaires étrangères et de la Défense ont annoncé un ambitieux projet de rapatriement de 2 millions de réfugiés syriens vivant dans les pays voisins de la Syrie et les réfugiés syriens ont même été invités à contribuer personnellement à la reconstruction de leurs maisons, détruites durant les conflits. Le président russe veut en effet contribuer pleinement à la résolution de ce problème des réfugiés syriens, en commençant par le Liban qui abrite près de 1,5 million d’entre eux.

Le processus de rapatriement est toutefois lent en raison notamment des conditions peu favorables pour le retour des réfugiés dont les villes et villages d’origine manquent encore pour une bonne partie des services et infrastructures de base. Mais la question des réfugiés n'est qu'un seul aspect de cette visite. 

Coopération militaire

"En Russie, le Président Aoun compte booster les relations militaires russo-libanaises et ce, peut-être au détriment des pays occidentaux. En avril dernier, l’ancien ministre de la Défense du Liban Yaacoub Sarrouf s’est rendu à Moscou où il devait signer un accord militaire avec les Russes. Les entretiens portaient sur l’ouverture de l’espace aérien libanais, des aéroports et des bases navales libanaises aux militaires russes qui sont déjà stationnés à Hmeimim en Syrie. Poutine offrait également à Beyrouth un contrat stipulant quinze années de livraison d'armes, d'une valeur de 1,5 milliard de dollars ainsi que le partage des renseignements et la formation des troupes libanaises dans le cadre de la lutte antiterroriste.

L'accord n'a jamais vu le jour et pour cause : la crainte des élites politiques libanaises soutenues par les États-Unis et qui craignaient donc la colère de Donald Trump si elles signaient un tel document. Mais ceci n'est pas le point de vue du Hezbollah. Le député du Hezbollah au Parlement, Nawaf al-Moussawi s’est prononcé en faveur de ce rapprochement devant le Parlement: «Pourquoi ne nous dirigeons-nous pas vers la Russie et la Chine pour obtenir des armes de la part de ces grands pays ? Pourquoi le gouvernement libanais hésite-t-il à signer un accord avec la Russie ? La Syrie entretient des relations avec la Russie. Pourquoi le Liban n'est-il pas également inclus dans la couverture aérienne russe ? Si les Russes veulent des bases militaires et des aéroports, pourquoi n'utilisent-ils pas Beyrouth et Rayak? et le ton est bien donné". 

Coopération économique

Le site évoque ensuite la portée économique des coopérations Liban-Russie : " le sommet Poutine-Aoun contribuera au renforcement des relations économiques entre la Russie et le Liban un mois après que la société russe, Rosneft ait obtenu une licence de 20 ans lui permettant de gérer et de moderniser une installation de stockage de pétrole à Tripoli. Auparavant, le Russe Novatek avait rejoint les groupes français Total et italien ENI dans le cadre de forages pétroliers en Méditerranée orientale, une opération fortement contestée par les Israéliens qui ont mis leur grappin sur les gisements offshore libanais. Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo était récemment à Beyrouth où il a exprimé le soutien des États-Unis à Israël sur ce sujet en appelant les autorités libanaises à reconsidérer leur décision. Ses appels sont toutefois restés vains dans un pays qui se penche lentement, mais sûrement en direction de la Russie."

" En effet, le Hezbollah insiste pour que le forage soit poursuivi, de même que le président libanais, Michel Aoun. Entre-temps, les échanges bilatéraux entre la Russie et le Liban dépassent actuellement les 500 millions de dollars tandis que le Liban importe pour 900 millions de dollars par an de produits russes, principalement du pétrole et des hydrocarbures. Michel Aoun a de nombreuses raisons d’investir dans la relation russo-libanaise, d’autant plus que les Russes ne lui demandent pas l’impossible comme de « freiner » l’influence du Hezbollah ou « lui couper ses ailes » à ce dernier,  comme l’a récemment dit Mike Pompeo à Beyrouth.

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV