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Le mécontentement s'amplifie au sein de l'armée française après l'acte 19

Un soldat de la force Sentinelle à Paris, le 20 mai 2017. ©Reuters

Le responsable de la force Sentinelle en Ile-de-France, le général Bruno Le Ray expliquait quelques heures avant le début de l'acte 19  que les soldats mobilisés pour l'Acte 19 des Gilets jaunes pourront faire feu «si leur vie ou celle des personnes qu'ils défendent est menacée» : Mais qui sont les personnes que les militaires français sont censés défendre? Vu le déploiement impressionnant des forces de Sentienelle autour de l'Elysée, ce serait le régime au pouvoir. Des dizaines de soldats avaient été déployés dans "certaines zones dites sensibles", notamment aux abords de l'Élysée comme si le président, croyant les résultats d'un récent sondage qui donnait à 39% le pourcentage des français adeptes d'une nouvelle révolution, craignait effectivement que les révolutionnaires s'infiltrent dans son sérail. Mais l'armée français ira-t-elle se retourner contre les Français si les choses se dégradent?   

Le déploiement d'un arsenal de guerre ahurissant composé de drones, d'armes à ADN, de LBD, de blindés, ... n'a pas intimidé le peuple de France, qui "même menacé d'être pris pour cible de balles réelles", a choisi de défier pour le 19ème samedi consécutif le "régime macronien".   

 Mobilisés en renfort pour assurer "la sécurité" , des soldats de la force antiterroriste Sentinelle, soit des militaires, ont été toutefois bien nombreux à ne pas comprendre le sens de cette décision. « Il risque d'y avoir des morts », prévient l'un d'eux, cité par AFP.  "Nous sommes militaires, habitués aux terrains de guerre ou à la menace terroriste, pas à faire face aux Français", affirme-t-il.  "On n'a rien à faire dans ces histoires des Gilets jaunes », dénonce un autre militaire, engagé dans la force Sentinelle durant plus d'un an, et interrogé par France Info. « Les mecs de Sentinelle, ce sont tous des militaires. On ne sait pas faire du maintien de l'ordre », insiste-t-il, sous couvert d'anonymat.S'il est vrai que certains militaires cachaient leur indignation sous les dehors d'un manque d'équipements adéquats "conçu pour le maintien de l'ordre lors d'une manifestation" d'autres étaient plus directs se voyant dans l'incapacité de tirer sur le peuple :  « On n'a pas le matériel nécessaire, parce qu'on n'a que des matraques télescopiques et des petites gazeuses à main, comme les filles ont dans leur sac. Après, c'est directement le fusil d'assaut », dit le soldat interrogé par France Info. D'autres témoignages sont encore plus accablant pour un pouvoir qui cherche depuis novembre 2017 à placer le peuple et l'armée dans des camps opposés :  « C'est absurde, c'est du n'importe quoi. On n'est pas préparé à ça. Nous, en termes techniques, on lutte contre un ennemi. Et l'ennemi ne peut pas être la population, ce n'est pas possible. C'est la situation dans laquelle on essaie de mettre les militaires aujourd'hui », critique un autre militaire. Des gradés français partagent eux aussi le même point de vue. 

Pour le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de guerre, professeur associé à Sciences Po et enseignant en stratégie à HEC, toujours cité par France info,  la situation est « ambiguë » et « dangereuse ». « On est dans une ambiguïté, dans un mélange des genres, qui est politiquement très dangereux. La dernière fois où les militaires ont été utilisés pour faire du maintien de l'ordre c'était en Algérie, il y a plus de 50 ans. Comme vous le savez le sang a coulé, énormément coulé. Vous devez savoir que quand les militaires conduisent leurs opérations Sentinelle ils le font avec cette possibilité de tuer et ils ont tué quand il fallait le faire. »

Alors l'armée française se mettra-t-elle à tuer pour sauver un régime qui n'agit que contre l'intérêts des Français? Les analystes sont partagés. L'acte 19 a marqué une étape supérieur : le régime macronien a perdu le soutien de l'armée.  

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SOURCE: FRENCH PRESS TV