Macron demande à l’Europe de se confronter à Pekin et à Washington.
Les remarques du président français interviennent environ une semaine après la publication par la Commission européenne d’une liste de dix points pour équilibrer les échanges avec Pékin, compte tenu de l’influence croissante de la Chine sur le plan économique et politique.
Le président français a déclaré aussi que « la période de naïveté européenne » dans les relations de l’UE avec la Chine était finie.
« Les relations entre l’UE et la Chine ne doivent pas être avant tout et principalement des relations commerciales, mais des relations géopolitiques et stratégiques », a dit Macron lors d’une conférence de presse après le sommet européen de Bruxelles vendredi.
Lors du sommet, les dirigeants de l’UE ont approuvé l’introduction du soi-disant « outil de contrôle des investissements stratégiques » dans les relations avec Pékin, ainsi que le principe de réciprocité dans l’ouverture des marchés publics.
Macron a donc soutenu l’introduction de 10 points pour le développement des relations économiques UE-Chine décrits plus tôt ce mois-ci par la Commission européenne.
Le président français a donc exhorté l’UE à « confronter les États-Unis et la Chine qui restent des alliés sur certaines questions ». Il a affirmé que l’UE avait ce qu’il a décrit comme des « opposants systémiques » qui sont à la fois des partenaires commerciaux et des investisseurs.
« Nous adhérons à une approche multidirectionnelle depuis des années et la Chine, je dois dire, a profité de nos différences », a déclaré Macron qui a ajouté que certains pays dépendent beaucoup des investissements étrangers et particulièrement de la part de la Chine ».
Macron avertit que l’Union européenne déclare ne pas négocier les infrastructures et les investissements stratégiques sur une base réciproque en urgeant ses partenaires de se coordonner et d’utiliser une seule approche face à la Chine.
Les remarques de Macron font suite à celles du président américain d’imposer des droits de douane sur les voitures et les pièces détachées de voitures européennes en février dernier. Bruxelles et Washington ne peuvent pas parvenir à un accord commercial.
L’UE veut abolir les droits de douane dans les échanges commerciaux avec son partenaire transatlantique, tandis que les États-Unis veulent avoir accès au marché agricole européen, quelque chose qui pourrait potentiellement menacer le secteur agricole en France et dans plusieurs autres pays européens.
Au cours de sa rencontre avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, un peu plus tôt ce mois-ci, Donald Trump s’est engagé à annuler mutuellement « tous les droits de douane, tous les obstacles et toutes les subventions » dans le cadre d’un « commerce équitable ».
Les relations USA-UE sont tendues depuis juin, lorsque Bruxelles a imposé des droits de douane sur les produits américains emblématiques, représentant une valeur totale de 3,3 milliards de dollars, en réponse à la décision de Trump d’introduire des droits de douane de 25 % sur les importations d’acier et de 10 % sur l’aluminium.
Cela s’accompagne de l’escalade des tensions en matière de commerce Washington-Pékin après que Trump a annoncé en juin 2018 que des marchandises chinoises d’une valeur de 50 milliards de dollars seraient soumises à des droits de douane de 25 % afin de corriger le déficit dans les relations commerciales sino-américaines.
Emmanuel Macron a salué jeudi ce qu'il a appelé un « réveil européen face à la menace que fait peser la Chine sur l’économie européenne » avant un dîner sur le sujet entre les 28 dirigeants de l’UE à Bruxelles. « Depuis le début de mon mandat, j’appelle à ce qu’il y ait véritablement une prise de conscience et la défense d’une souveraineté européenne », a-t-il ajouté.
La rencontre de jeudi soir réclamé par Paris et Berlin est le premier entre les 28 consacrée à la Chine, au moment où le président chinois entamait une tournée européenne pour défendre son projet de « nouvelles routes de la soie ». Les Européens s’inquiètent des investissements de Pékin dans l’UE, en particulier dans les pays de l’Est et du Sud, en demande de capitaux.