Il ne reste plus beaucoup de temps à la Turquie pour éviter une confrontation à part entière avec les États-Unis sur l'achat à la Russie de systèmes de défense antimissile sophistiqués S-400. Cette décision turque de s’équiper de S-400 russes a renforcé la possibilité de l’imposition des sanctions de Washington contre Ankara. Par ailleurs, la Turquie pourrait s’exposer au risque de la mise en application du CAATSA [Loi pour contrer les adversaires de l’Amérique par des sanctions].
Le porte-parole du Pentagone a de nouveau averti, vendredi 8 mars, la Turquie sur l’achat du système de défense antimissile S-400.
« Si la Turquie achète des S-400, cela pourrait avoir de graves conséquences sur nos relations militaires » a mis en garde le porte-parole du Pentagone, Charlie Summers.
Summers entend par là, les ventes militaires américaines à la Turquie, y compris la vente du nouvel avion de combat F-35 Joint Strike Fighter.
« S'ils achètent les S-400, les États-Unis ne mettront plus les F-35 et les Patriot à la disposition de la Turquie », a-t-il averti.
La décision turque a en effet tendu les relations entre ces deux pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Lire aussi: Ankara déploiera les S-400 russes en octobre 2019
En 2017, Ankara signait un accord avec Moscou sur l’achat du système de missile S-400. Parallèlement, il contribuait au financement de F-35 et prévoyait d'acheter 100 avions à réaction aux États-Unis. Pourtant Washington a suspendu la livraison des F-35 après l'accord conclu avec Moscou.
Washington craint que le radar sophistiqué du système S-400 ne compromette la technologie des chasseurs de 5e génération F-35, développée pour échapper aux systèmes fabriqués en Russie. Ankara insiste sur le fait que le S-400 offre la meilleure valeur pour ses besoins et ne représente aucune menace pour les systèmes de l'OTAN.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réitéré son engagement à acheter le système de missile russe et a suggéré d'étendre cet achat au système plus avancé S-500 de la Russie.
Ankara devrait recevoir le S-400 plus tard cette année dans l’espoir de rendre le système prêt à être opérationnel d’ici 2020.
« Washington craint que la dépendance de la Turquie à la Russie pousse Ankara à s’approcher de plus en plus de Moscou », estiment des experts américains.