Alors que les États-Unis ont hermétiquement clos le marché de reconstruction syrienne à l'Europe et brandissent la menace des sanctions contre "tout allié" qui s'en approcherait, la Chine, elle, étend lentement et sûrement ses plans. Une délégation économique chinoise à Damas vient de promettre d'allouer des aides à fonds perdus pour le redressement de la Syrie. Et pas n'importe quelle aide: il s'agit entre autres de soutien logistique qui a partie liée avec la cybernétique.
L'Iran et la Russie se sont déjà largement engagés à participer à la reconstruction de la Syrie. La Chine, partenaire traditionnel du gouvernement de Damas, n'est pas du reste et propose son soutien au regard de l'importance que revêt la Syrie et son avenir pour la région et pour le monde.
Pour montrer la fermeté de son engagement envers le gouvernement légitime de Bachar al-Assad, Pékin a signé un contrat d'aides à fonds perdus à la Syrie. Cette aide ouvrira grand les portes du marché de reconstruction syrienne à la Chine pour qui la Syrie est une étape inévitable du rétablissement de la grande Route de la soie.
Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Ayman Soussan, et l’ambassadeur de Chine en poste à Damas, Feng Biao, ont signé, mercredi 7 mars, un mémorandum d’aides à fonds perdus à la Syrie. Le plafond de l'aide n'a pas été précisé.
M. Soussan a évoqué les relations historiques qu'entretiennent les deux pays et déclaré que l'aide de la Chine résultait du soutien qu'elle apportait à la lutte contre le terrorisme en Syrie depuis huit ans. En effet, la Chine suit avec appréhension la situation militaire à Idlib où des terroristes d'Al-Qaïda d'origine chinoise se renforcent et multiplient les attaques contre l'armée syrienne.
L’ambassadeur de Chine à Damas a mis l’accent sur la position de son pays envers la crise syrienne. « La Chine a accordé, depuis le début de la crise, des aides humanitaires estimés à 800 millions de yuan en signe de soutien à la résistance syrienne », a-t-il indiqué.
Conformément au mémorandum signé par les deux diplomates, Pékin fournira à Damas, pays sanctionné par les États-Unis, un appui logistique dans le domaine électronique. Des logiciels, des ordinateurs et d'autres équipements seront ainsi fournis aux Syriens, la Chine étant l'un des principaux fabricants en la matière.
L'ambassadeur chinois a précisé que son pays déploierait tous ses efforts pour promouvoir le niveau de coopération avec la Syrie. Pour certains analystes, le choix de la Chine de vouloir fournir à l'État syrien un appui logistique lié au secteur cybernétique pourrait ne pas être innocent. En août 2018, la presse occidentale a largement fait écho aux propos de l'ambassadeur chinois en Syrie comme quoi une présence militaire chinoise à Idlib n'était pas totalement écartée.
La participation de la République populaire de Chine aux opérations antiterroristes en Syrie est un « scénario de cauchemar » pour les États-Unis, titrait la presse occidentale commentant les propos de Qi Qianjin.
C’est l’une des dernières préoccupations exprimées dans le Contra Magazin autrichien dans un article faisant référence à l’ambassadeur de Chine à Damas, Qi Qianjin, qui a annoncé précédemment que Pékin avait l’intention de fournir davantage d’assistance au peuple et au gouvernement syriens. La publication notait que dans la province syrienne d’Idlib, il y a des terroristes venus de Chine et associés à Al-Qaïda, « soutenus par les États-Unis et les régimes du golfe Persique ».
L’article disait aussi que Pékin s’intéressait à « la destruction de milliers de terroristes ouïghours qui ont quitté la Chine et sont venus en Syrie ces dernières années ». Or, ces terroristes maintiennent de larges positions à Hama et à Idlib où la situation est explosive.
L'inquiétude de voir la Chine s'impliquer dans le conflit à Idlib a même poussé la Turquie à organiser des manifestations anti-Pékin le 12 février. Sur fond de manifestations pro- ouïghours, la diplomatie turque a dénoncé l’existence de camps d’internement, parlant de graves violations des droits de l’homme des « Turcs ouïghours », puisqu’aux yeux d’Ankara, ce peuple turcophone est un « peuple frère ».