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Les forces armées irakiennes chasseront les forces américaines, quel que soit leur nombre

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les forces militaires irakiennes. (Archives)

Ce que le président américain Donald Trump a dit dimanche sur l'Irak et l'Iran est propre à aboutir à un retrait des troupes américains de la Mésopotamie. En affirmant qu'il veut utiliser le sol irakien comme base arrière à des activités d'espionnage contre l'Iran, la Syrie et dans une certaine mesure la Russie, Donald Trump a mis les pieds dans le plat et remis en cause la souveraineté irakienne.

Qais Khazali, le secrétaire du groupe irakien Asaib Ahl al-Haq, y voit surtout un aveu: cité par Al-Sumaria, il souligne la révélation que constituent réellement les récentes déclarations du président Trump: "Les États-Unis ont des visées bien précises. Ils projettent de faire du sol irakien une base-arrière pour lancer des frappes contre les États voisins. C'est tout le contraire de ce qu'affirment certains ici, en Irak, selon qui les États-Unis sont là pour nous aider." 

Depuis l'annonce du retrait US de Syrie, les agissements militaires américains se sont multipliés sur les frontières de la Syrie à al-Anbar: les patrouilles des fores américains ont fini par agacer puis susciter la colère et la réaction de la population et surtout des Hachd al-Chaabi. À plusieurs reprises cette semaine, les combattants des Hachd ont barré la route aux marines US alors que ces derniers tentaient de se déplacer à al-Anbar ou encore à Ninive. 

Samedi 2 février, des agences de presse irakiennes ont fait état de la découverte des missiles "Grand" braqués en direction de la base américaine d'Ain al-Assad. Les Américains n'ont pas tardé à réagir en menaçant de lancer des frappes contre quiconque attaquerait les bases US. 

Mais à quoi jouent les Américains ?

Pour les analystes politiques, les intentions bellicistes des USA contre les forces armées irakiennes ne font pas de doute. Quelque 10 000 effectifs des Hachd al-Chaabi sont massés aux frontières avec la Syrie et attendent l'heure zéro pour lancer la dernière phase des opérations de nettoyage du territoire syrien et ce, en coordination avec Damas. C'est là une perspective qui effraie l'occupant américain car il va sans dire qu'après la Syrie, il devra s'apprêter à quitter l'Irak. Le Parlement irakien s'y penche d'ailleurs, ce qui inquiète encore davantage Washington. D'où ce regain d'activité militaire US. 

Outre les frappes aériennes et l’envoi de forces spéciales dans des opérations clandestines, le largage de matériels militaires par les forces US en Irak est devenu régulier. Entre 2015 et 2017, les forces US auraient largué des milliers de tonnes d’équipements, de munitions et de vivres au-dessus des zones occupées par Daech en Syrie-Irak, sous couvert de lutter contre cette même organisation terroriste.

Or, tout ceci n'a guère échappé aux Hachd ni aux forces syriennes et à leurs alliés. L'annonce du retrait des forces US de Syrie ne les a d'ailleurs pas leurré, car il est évidement que ce retrait équivaut à un redéploiement  des forces US en Irak voisin. Et c'est là que prennent tout leur sens les propos récent de Trump. De l'Irak, l'Amérique veut surveiller non pas seulement la Syrie et la Russie mais aussi l'Iran. 

"Tout ce que je veux, c'est pouvoir regarder", a-t-il déclaré. Et d'ajouter: "Nous avons une base militaire incroyable et coûteuse en Irak. Elle est parfaitement située pour observer les différentes parties du Moyen-Orient."

Dans cette optique, Ain al-Assad est donc un centre de surveillance et d'espionnage dirigé contre l'Iran, la Syrie mais aussi la Russie. Seul hic: l'État irakien est contre. Le président irakien Barham Saleh a bien affirmé lundi que la Constitution irakienne rejetait toute utilisation du territoire irakien, par quelle que partie que ce soit, comme base pour frapper ou agresser un pays voisin.

Au sein du Parlement, l'antiaméricainisme est bien plus actif. Un projet de loi est rédigé qui dotera l'État des capacités légales pour mettre à la porte les forces américaines.

Lundi, Qais Khazali le confirmait à nouveau: "L'Irak est doté d'un Parlement qui prendra une décision appropriée au sujet de la présence militaire américaine. Mais il y a plus: des institutions militaires, à savoir l'armée, la police, les Hachd, les unités de lutte contre le terrorisme, sont capables de chasser les forces américaines en pleine nuit, peu importe leur nombre, 5 000, 7 000, voire 10 000 ou plus. L'Irak est un État souverain qui décide lui-même de son sort." 

Le député Sabah al-Saadi, du bloc emmené par le leader chiite Moqtada Sadr, va aussi dans ce même sens, lui qui estime que les propos de Trump font du "départ des troupes américaines de l'Irak une obligation nationale".

"Un chapitre nouveau vient de s'ouvrir en Irak. Trump y est pour beaucoup. Son aveu de vouloir faire de l'Irak une base-arrière pour attaquer la Syrie et l'Irak ont basculé la donne: où les Etats-Unis se soumettront à une révision de l'accord sécuritaire Irak/US que la Parlement votera sans nul doute, ou ils auront à faire face à un sursaut anti-occupation. La guerre Irak-Iran ne se reproduira plus, de ceci, les Américains et leurs alliés peuvent être sûrs", affirme Hadi Mohammadi, analyste des questions politiques. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV