Une fois que les Américains auront quitté al-Tanf, Amman ne se mêlera pas du contrôle de cette base qui se situe en Syrie près des frontières jordaniennes, a annoncé le ministre jordanien des Affaires étrangères ce lundi 28 janvier. Une déception pour le camp américano-israélien?
Interrogé sur la question de savoir si la base militaire des États-Unis dans la région d’al-Tanf serait rendue à la Jordanie, Ayman Safadi a répondu : « Non, al-Tanf est une zone située en Syrie ».
« La Jordanie protégera ses frontières, mais ne franchira pas le territoire syrien et nous espérons tenir des pourparlers à trois pour convenir d'arrangements visant à assurer la sécurité de l'autre côté de la frontière », a déclaré le chef de la diplomatie jordanienne ajoutant qu’Amman prendrait les mesures nécessaires pour protéger sa sécurité sans dépasser les frontières syriennes.
Toute la région du sud de la Syrie, autour de la région d'al-Tanf est contrôlée par l’armée syrienne et les forces de la Résistance. De l’autre côté de la frontière, les Unités de mobilisation populaire d'Irak (Hachd al-Chaabi) sont stationnées afin d’assurer la sécurité des territoires irakiens face aux infiltrations terroristes. En cas d’un retrait US, si la Jordanie vient remplacer les Américains dans cette base militaire, elle se verrait encerclée par la Résistance. Amman qui marche depuis un certain temps sur le chemin de la normalisation avec Damas ne veut pas ouvrir un front avec les alliés de la Syrie en se mêlant au jeu des États-Unis à al-Tanf.
Le haut diplomate jordanien a indiqué qu'il espérait l'arrivée du convoi d'aide humanitaire au camp de réfugiés Rukban. Il a fait également état des pourparlers avec la Russie et les États-Unis sur le démantèlement du camp.
« Nous poursuivons les discussions pour obtenir l’autorisation d’un second convoi humanitaire qui viendrait de l'intérieur de la Syrie, et nous espérons qu'un accord sera bientôt conclu afin de répondre aux besoins des résidents du camp », a déclaré Safadi.
« L'accent ne doit pas être limité à la fourniture d'une aide humanitaire, ce qui est une solution temporaire, mais le problème doit être résolu en démantelant le camp et en permettant à ses résidents de retourner dans leurs villes et villages d'origine », a-t-il déclaré.
« Il y a des discussions avec les parties russe et américaine à cet égard et sur la possibilité d'une mise en œuvre dès que possible », a déclaré le ministre.
Les propos du chef de la diplomatie jordanienne en réaction au retrait des troupes US de Syrie interviennent alors que le magazine américain Foreign Policy a récemment rapporté que Washington étudiait un plan visant au maintien des militaires du pays dans la base d'al-Tanf malgré l’annonce du président Donald Trump sur leur retrait imminent de la Syrie.
Les autorités russes ont en outre indiqué n’avoir pas remarqué aucun signe du retrait des troupes américaines des territoires syriens.
Al-Tanf a été capturée par le groupe armé connu sous le nom de Nouvelle Armée syrienne (NSA), soutenu par les États-Unis, après le lancement d’une offensive dans le désert à partir de la frontière irakienne en 2016.
Suite à l’occupation d’al-Tanf, l’armée américaine a construit une base près de la frontière irakienne, suscitant l’indignation du gouvernement syrien et de ses alliés russes.