Damas a condamné dans la soirée du mardi 15 janvier les propos de Recep Tayyip Erdogan, président turc au sujet de la création d’une zone de sécurité sur les frontières syro-turques. cette décision provoquera très probablement un tollé de Damas, car elle n'a pas été convenu ni par le gouvernement syrien ni par son armée. Erdogan menace d’une part de lancer des opérations militaires dans le nord syrien et l’est de l’Euphrate et tient d’autre part, à souligner sa rencontre avec son homologue russe, prévue le 3 mars prochain.
Pour le ministère des Affaires étrangères les propos du président turc empreints d'une volonté d'agression et d'occupation, prouvent le soutien d'Ankara aux terroristes et ce, tout au long même des pourparlers d'Astana. Il se peut donc que le pacte entre Ankara d'une part et les alliés de l'armée syrienne de l'autre soit rompu.
« Les tentatives d’Ankara de porter atteinte à l’intégrité territoriale de la Syrie pour occuper sans retenu les territoires syriens, constituent non seulement une violation flagrante du droit international mais signifie encore un soutien total au terrorisme contre lequel la Syrie se bat depuis bien huit ans », a affirmé l’autorité de la diplomatie syrienne à l'agence SANA, sous le couvert de l'anonymat.
« Pour défendre le peuple syrien et l’intégrité territoriale de la Syrie, Damas déploiera tous les moyens pour riposter à toute agression d’Ankara soldée par l’occupation illégale des territoires syriens », a-t-elle martelé.
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Lors d’une réunion du groupe parlementaire turc, Recep Tayyip Erdogan a fait part, en dépit de l'absence d'un accord de Damas, de sa décision, louée au demeurant par le président US, de créer une zone de sécurité dans le nord de la Syrie. Selon les mesures cartographiques de l’Agence Anadolu, la zone de sécurité sera longue de 460 km (286 miles) et s'étendra sur la frontière turco-syrienne.
La zone de sécurité en question comprendra les localités au nord de Raqqa et de Hassaké; ainsi que des localités telles que Sarrin, Ayn Issa, Suluk, Ras al-Ayn, Tal Tamer, Darbasiyah, Amude, Qamishli, Tal Hamis, Qahtaniyah, Yarubiyah et à al-Malikiyah. Toutes les zones, y compris les villes et villages des districts de Shuyukh Tahtani, Ayn al-Arab (Kobani) Tal Abyad, Darbasiyah, Amude, Qahtaniyyah, Jawadiyah et al-Malikiyah, feront partie de la zone de sécurité.
La ligne commence dans l'ouest de la Syrie, près de la rivière Sajur, située dans l'est de Manbij. Le centre-ville de Manbij restera en dehors de la zone de sécurité. Parmi les zones déclarées devant faire partie de cette zone tampon, il y a des zones contrôlées par l'armée syrienne à l'intérieur du district de Qamishli et du gouvernorat de Hasské. Ce qui suppose que l'armée turque en découdra militairement avec l'armée syrienne.
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L’armée turque a lancé, en début de 2018, une opération baptisée le « Rameau d’olivier dans le nord syrien qui s’est soldée par l’occupation de 2 000 kilomètres des territoires du pays, dont la ville d’Afrin.
La ville de Manbij n’est donc pas la seule à être dans le viseur des prochaines opérations militaires d’Ankara qui se dérouleront, selon Erdogan, sur une zone de 500 km de largeur de 10 km de profondeur en Syrie et pour vaincre les Kurdes syriens qu’il considère comme terroristes.
Le président turc avait auparavant fait état du lancement imminent des opérations militaires dans le nord syrien qui ont finalement été reportées en raison de l’annonce de la décision de Donald Trump de retirer les troupes US du nord de la Syrie. Mais selon les experts, le retrait des troupes US de Syrie n’est pas la seule raison de différer les opérations militaires turques. À vrai dire, le moindre agissement dans la région en question n’échappe pas aux yeux des Russes. D’où l'annonce du président turc qui promet, parallèlement à ses menaces d’attaquer le nord syrien, une rencontre avec son homologue Vladimir Poutine le 3 mars prochain. Le Kremlin n'a pas encore confirmé cette rencontre.
Alors que les États-Unis annoncent vouloir retirer leurs troupes de Syrie, la Russie envisage d’augmenter le nombre des forces de sa police militaires déployées en Syrie.
Le temps joue contre la Turquie qui à part les Kurdes, risque une confrontation avec les terroristes du Front al-Nosra qui resurgissent à l’ouest d’Alep et un Daech que la démotivation des Kurdes fera revivre.
Multipliant ses menaces d’attaques contre le nord syrien, le président turc tente d’un côté de gagner les prochaines élections municipales et de l’autre, d’obtenir l’accord de Washington et de Moscou sur sa prochaine opération militaire dans le nord syrien. Moscou risque de lui réserver une fin de non-recevoir.