Le lancement du port Chabahar permet de transporter les marchandises indiennes en Afghanistan, puis en Europe. 120 000 tonnes de marchandises indiennes dont le blé et les céréales ont déjà transité en Afghanistan via ce port iranien.
Le directeur-adjoint de l’organisation des ports et de navigation de l’Iran a annoncé qu’au cours de 14 derniers mois (avant décembre), environ 120 000 tonnes de marchandises, dont le blé et les céréales, avaient transité, à bord de 10 grands bateaux, vers l’Afghanistan via le port Chabahar en Iran.
« Le chargement des marchandises s’est effectué dans les quatre ports de Cochin, de Kandra, de Mundra et de Jawaharlal Nehru, en Inde à destination du port Chabahar, qui a été déterminé comme le port de transit pour transférer les marchandises vers l’Afghanistan », a indiqué le responsable iranien, Mohammad-Ali Hassanzadeh.
Le port de Chabahar se distingue des autres ports de la région : bénéficiant de la distance la moins courte dans le trajet de navigation Asie/Europe, il sert de port de transbordement (tranship) d’autant plus qu’il est frontalier avec l’Afghanistan, ce qui lui donne l’avantage de servir de point de transit.
L’UE soutient la contribution de l’Inde dans le développement du port de Tchabaharhttps://t.co/hkyldA6ALu pic.twitter.com/DbGZFD5dg0
— Press TV Français (@PresstvFr) December 19, 2018
« L’Inde exporte environ 15 000 000 tonnes de marchandises à la Russie et aux pays de la CEI (Biélorussie, Russie, Arménie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Moldavie et Ouzbékistan) et il est attendu qu’une partie de ces marchandises soit transitée via le port de Chabahar », a ajouté le responsable iranien.
« L’accord Chabahar, signé par l’Iran, l’Afghanistan et l’Inde, prévoit d’accélérer le transit des marchandises et de réduire les frais en revivifiant le corridor de transport international dans la région. Avec l’achèvement de la 1ère phase du projet de développement du port de Chabahar, la capacité de transit des marchandises depuis l’Inde jusqu’en Afghanistan a accru de 2.5 à 8.5 millions de tonnes par an », a conclu le directeur-adjoint de l’organisation des ports et de navigation de l’Iran, chargé des affaires économiques et de la gestion des ports.
En mai 2016, l'Iran, l'Inde et l'Afghanistan ont signé un accord pour développer le port iranien de Chabahar et d'en faire une plateforme sur l'océan Indien afin d'accroître leurs échanges commerciaux.
L’épanouissement de l’économie afghane dépend de ce projet dans le contexte où le président américain a annoncé sa nouvelle stratégie pour ce pays : envoyer du renfort à ses troupes militaires.
Le port Shahid Beheshti de Chabahar pourra également rafraîchir l’économie indienne qui est un important partenaire asiatique des États-Unis. New Delhi a demandé que les activités du port soient exemptées des sanctions américaines contre Téhéran.
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Pour New Delhi, le projet de développement du port est primordial. Son intérêt est de contourner le rival pakistanais et de relier directement Mumbai et le Gujarat à l’Iran par voie maritime, selon les observateurs. C’est également la possibilité d’avoir un débouché dans l’océan Indien pour les pays d’Asie centrale et en particulier l’Afghanistan. Ainsi, l’Inde crée sa propre route vers l’Asie centrale, permettant de soustraire l’Afghanistan à l’influence pakistanaise et court-circuitant aussi la Belt and Road Initiative chinoise.
En effet, le port de Chabahar se trouve tout proche de celui de Gwadar, dans le Baloutchistan pakistanais dont le développement est opéré par Pékin. Gwadar a pour fonction future de devenir le débouché chinois dans l’océan Indien; Chabahar devient ainsi son concurrent direct.