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Par Riyad interposé, les Etats-Unis veulent s'emparer de la mer Rouge

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La création du "bloc de la mer Rouge" vise à assurer les intérêts d'Israël. (Photo d'illustration)

Interviewé par l’agence de presse iranienne Fars, l’expert iranien des questions internationales Ahmad Qadiri s’est penché sur le statut et l’importance stratégique de la mer Rouge, cette région stratégique que convoitent les Etats-Unis et leurs alliés régionaux. La mer Rouge, située entre l'Asie du Sud-Ouest et le nord-est de l'Afrique, est liée à deux voies navigables stratégiques que sont le détroit de Bab el-Mandeb et le canal de Suez. Une emprise US sur cette contrée, n'irait pas sans nuire à la Chine et à la Russie, qui,elles, ne sont pas restées inactives: A Djibouti, Pékin a placé son arrière-cours tandis que le Soudan sert de tremplin à la Russie. Et l'Iran? 

Le détroit de Bab el-Mandeb se trouve au sud, entre le Yémen et Djibouti reliant la mer Rouge au golfe d’Aden et à l’océan Indien. Au Nord, se trouve le canal de Suez reliant la mer Rouge à la Méditerranée. La mer Rouge est donc, à la première étape, le lieu de transit et de connexion de l’Europe à l’ouest de l’Asie et à l’est de l’Afrique. Elle est de surcroît le foyer de la connexion à l’océan Indien, foyer qui rend possible l’accès à toutes les régions maritimes de l’hémisphère du sud.  Les deux détroits stratégiques de Bab el-Mandeb et du canal de Suez sont donc aussi importants que la mer Rouge.

Riyad a été l'hôte il y a trois jours d'une réunion ayant pour thème "la définition du statu de la mer Rouge". Y prenaient part les huit pays côtiers plus les Etats-Unis. Pas de représentants russes ni ceux de Pékin. De par cette initiative, l'Arabie saoudite a tenté de jeter la première pierre de ce qui est qualifié de « hub » de la mer Rouge et qui réunit les États limitrophes de cette mer et du golfe d’Aden. Cette « initiative saoudienne » s’explique évidemment dans le contexte d’une « Grande bataille» que livrent les États-Unis à la Chine et dans une moindre mesure à la Russie.

Mercredi 12 décembre, Riyad a été l'hôte d’une réunion des représentants des pays limitrophes de la mer Rouge et du golfe d’Aden autour d’une initiative proposée par l’Arabie saoudite pour assurer « la stabilité de la région » et soutenir le commerce internationale sur fond de l'offensive en règle du bloc atlantiste dans la Corne de l'Afrique. L'ordre du jour des débats se souciait aussi de "la sécurité des voies maritimes internationales", " de "la hausse d’investissement dans les pays limitrophes" et de "l’accélération de leur développement durable". Et tout ceci alors que l'axe Riyad-Abou Dhabi mène une guerre déjà perdu au Yémen avec en toile de fond l'occupation de tous les ports yéménites et dont et avant tout Hudaydah. 

« En effet, le port de Hudaydah est la seule et de loin la principale case qui manquerait au puzzle américain. Le détroit de Bab el-Mandeb est toujours sous contrôle d'Ansarallah, bien que la coalition USA-OTAN-monarchies arabes ait tout misé sur l'issue de la guerre au Yémen. Des mois d'offensive militaire ayant impliqué pas moins de 24 pays n'ont rien donné et la côte ouest où se situent les principaux sites maritimes stratégiques échappe toujours au contrôle du camp atlantiste. En effet la Résistance yéménite est parvenue à s'imposer comme un acteur de poids que le camp occidental ne peut plus ignorer et les pourparlers de Stockholm en sont les meilleurs preuves. La  guerre saoudienne contre le Yémen fait partie, en réalité, de la stratégie de conquête américaine qui vise à dominer militairement et économiquement la mer Rouge et le golfe d’Aden et à contrer la Chine et la Russie. Dans ce tableau, la Résistance yéménite agit comme un allié de facto de l'Est", affirme l'analyste qui ajoute :    

"En septembre dernier, le président iranien a répondu aux menaces de l’administration américaine qui avait menacé de réduire à zéro les exportations du pétrole iranien. En réponse, le président Rohani a affirmé que si l’Iran ne parvenait pas à exporter son pétrole, aucun autre pays de la région ne le ferait. C'est en écho à cette mise en garde que les forces yéménites ont visé un navire saoudien en mer Rouge. Ce fut un alerte que le camp d'en face a trop pris au sérieux. Ansarallah a montré qu'il domine cette voie navigable et qu'il est parfaitement apte à bloquer le détroit de Bab el-Mandeb. Ce fut d'ailleurs depuis cette date que les pressions US sur Riyad et Abou Dhabi se sont amplifiées et que les Américains ont exigé des résultats concrets"

Or la victoire au Yémen n'étant pas au rendez-vous, le bloc américain en mer Rouge peut-il réellement voir le jour? En effet, "à part Israël et l'Ethiopie, d'autres membres de ce bloc potentiel, ne sont pas sûrs de l'intérêt que pourrait leur avoir une alliance avec Riyad en mer Rouge. Djibouti est plutôt penché du côté de la Chine. Le Soudan pense à renforcer ses liens avec la Russie. La Jordanie a du mal à se remettre du choc qu'est pour lui le "Deal du siècle". Quant au Yémen, des pans entiers du pays échappe à l'emprise de la coalition pro-américaine. Ceci dit,  Riyad ne perd pas l'espoir : via la création de ce bloc, Ben Salmane veut d'abord faire oublier le scandale Khashoggi. Il est aussi en quête d'une reconduction du modèle "Otan arabe" en mer Rouge en donnant une connotation anti-iranienne à son bloc mais son objectif principal consiste de loin à faciliter la tache à Israël en lui offrant une voie stratégique par où transiter le gaz israélien vers l'Europe. Cela va à rebours des intérêts russes. Quant à la Chine, un tel bloc pourrait mettre en danger la principale voie de transite des marchandises chinoises vers l'Europe.. Et c'est là que la facteur de la Résistance entre en jeu. Qu'Ansarallah parvienne à s'imposer, cela revient à contrer le projet de conquête US en mer Rouge. D'où l'intérêt que devront apporter à la fois la Chine et la Russie au sort du conflit au Yémen" 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV