La facture du Pentagone s'élève à 331 millions de dollars. Une somme demandée à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis après avoir sous-facturé l’approvisionnement de leurs avions par les appareils américains pendant la guerre au Yémen.
« Le commandement central américain a examiné ses archives et découvert des erreurs de comptabilité dans lesquelles nous n'avions pas correctement facturé le royaume d'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis pour le carburant et les services de ravitaillement en carburant », a déclaré, jeudi 13 décembre, la porte-parole du Pentagone Rebecca Rebarich.
Le Commandement central américain, a déclaré Rebarich, est « en train de demander le remboursement de » 36,8 millions de dollars pour du carburant et 294,3 millions de dollars pour les heures de vol à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.
« Nos partenaires ont été informés de notre intention de demander un remboursement et ont reçu une estimation de la somme qu’ils devraient payer », a-t-elle déclaré.
Cette annonce intervient à peine quelques heures après une décision du Sénat des États-Unis d’adopter deux résolutions anti-saoudiennes, l’une visant à mettre fin à l’aide militaire américaine à la coalition dirigée par les Saoudiens et l’autre pour condamner l’implication du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dans l’assassinat du journaliste dissident saoudien Jamal Khashoggi.
Dans la foulée, le Sénat américain a voté à une résolution destinée à empêcher les forces armées américaines de soutenir l'Arabie saoudite dans son agression militaire contre son voisin appauvri du sud, le Yémen.
Le vote historique bipartite a, pour la première fois, démontré le pouvoir du Congrès pour défier l'implication de l'armée américaine à l'étranger, malgré le soutien indéfectible de l’administration Trump au régime saoudien dans son agression militaire contre le Yémen.
Le vote à 56 contre 41 des démocrates et de certains républicains était à la fois une condamnation de la guerre, menée par l'Arabie saoudite contre le Yémen - qui a tué des milliers de civils et créé une crise humanitaire - et également une mise en garde contre le président américain Donald Trump qui soutient largement le régime saoudien et son chef de facto, le prince héritier Mohammed ben Salmane qui aurait ordonné l'assassinat du journaliste dissident saoudien Jamal Khashoggi.
Une demi-douzaine de sénateurs républicains se sont joints aux démocrates de la Chambre pour adopter une résolution sans précédent contre Donald Trump.
Le vote a approuvé une résolution exigeant que les forces américaines cessent de fournir des renseignements à la coalition militaire menée par l'Arabie saoudite contre le Yémen.
Certains analystes décrivent la résolution comme un défi majeur lancé par le Sénat au locataire de la Maison Blanche.
Les sénateurs ont également approuvé, à l'unanimité, une résolution distincte de nature non contraignante afin de pointer du doigt Mohammed ben Salmane comme étant responsable du meurtre de Jamal Khashoggi.
Le chroniqueur du Washington Post a été tué le 2 octobre à l'intérieur du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul par une équipe d’éléments saoudiens dont beaucoup étaient liés au prince héritier.
La résolution, parrainée par le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat Bob Corker, appelle le régime saoudien à « veiller à ce que tous les responsables du meurtre de Jamal Khashoggi soient tenus pour responsables » et exhorte le royaume à « modérer sa politique étrangère de plus en plus irrégulière ».
Corker a déclaré que cette résolution permettrait au Congrès de déclarer officiellement que le prince héritier était responsable du meurtre de Khashoggi. « C'est une déclaration forte », a-t-il martelé.
En se référant à des informations selon lesquelles Khashoggi a été torturé et démembré, la sénatrice Lindsey Graham a déclaré: « Le prince héritier est tellement toxique, tellement corrompu et tellement défectueux que je ne me verrais jamais faire des affaires avec l'Arabie saoudite. Voulez-vous vraiment transférer votre technologie la plus avancée à quelqu'un qui pense qu'il est acceptable d'attirer par la ruse un journaliste dans un consulat en Turquie… et de le découper en morceaux? »
À noter que Donald Trump a minimisé les preuves selon lesquelles le prince héritier d'Arabie saoudite était impliqué dans le meurtre de Khashoggi. Il est même allé plus loin en déclarant que l'incident ne devrait pas nuire aux relations américano-saoudiennes.