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« Mouvement des gilets jaunes, un monstre qui a échappé à ses géniteurs » (Christophe Castaner)

Des VBRG (véhicules blindés à roues de la gendarmerie) mobilisés pour faire face aux manifestants à Paris (Illustration)

« Ces trois dernières semaines ont fait naître un monstre qui a échappé à ses géniteurs », voici des mots qui dévalorisent véritablement le mouvement de protestation légitime des Gilets jaunes qui ne demandent que la révision des politiques fiscalistes de Macron. 

Des dizaines de milliers de petites et moyennes entreprises sous-traitantes de l’industrie ont fait faillite au cours des dix dernières années, les prélèvements obligatoires, déjà parmi les plus élevés au monde, ont augmenté de 30% durant la même période. Les protestataires sont alors descendus dans la rue pour dénoncer une fiscalité abusive, mais aussi pour rendre à nouveau possible la fabrication dans le pays.

Le gouvernement français craint une « très grande violence » lors des manifestations, prévues ce samedi 8 décembre, à Paris. Les autorités de la capitale disent qu’un « noyau dur de plusieurs milliers de personnes » pourrait venir à Paris « pour casser et tuer ». L’autorisation a donc été donnée aux forces de l’ordre pour avoir recours aux « véhicules blindés à roues de la gendarmerie ».

Ces engins, au nombre d'environ 80, doivent essentiellement dégager les barricades, prétend la police. Des dizaines seraient, également, déployés devant les bâtiments pour épauler les effectifs de Compagnies républicaines de sécurité (CRS) qui ont comme mission de faire face aux « casseurs ». Des blindés contre des hommes à Paris, voici une mesure rare et qui n'étonne pourtant pas puisqu'on sait que la priorité est d’interpeller en amont les lieux de rassemblements. De plus, l'Etat français a annoncé une prime pour ceux des CRS qui s'impliqueront à fond dans la répression des manifestants : 200 euros par policier. Et pourtant, une partie des forces de l'ordre se sont désolidarisés de l'Etat et l'un de leurs syndicats a même demandé que les policiers suivent le ministère de l'Intérieur. 

L’État français n’hésite pas à qualifier les manifestants, protestataires contre ses politiques capitalistes, de « casseurs » pour dévaloriser le Mouvement des gilets jaunes et leurs revendications.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a parlé, vendredi 7 décembre, lors d’une conférence de presse, de « gens ultraviolents », d'« éléments radicaux » et de « factieux ».

« Tout laisse à penser que des éléments radicaux vont tenter de se mobiliser », a prétendu le ministre de l’Intérieur, annonçant qu'un dispositif sécuritaire de grande envergure axé sur plus de « mobilité » et de « réactivité » sera mobilisé, samedi lors de « l'acte IV » des Gilets jaunes pour faire face à ces « éléments radicaux, des factieux qui vont à nouveau tenter de se mobiliser ».

Les autorités n'attendent « que quelques milliers de personnes (à Paris), mais dans ces personnes il y a des gens ultraviolents », a indiqué le ministre, disant que « ces trois dernières semaines (de mobilisation) ont fait naître un monstre qui a échappé à ses géniteurs. »

Lors du dernier rassemblement des Gilets jaunes à Paris, 133 personnes ont été blessées, dont 23 membres des forces de l'ordre. De même, 378 personnes sur les 412 interpellées ont été placées en garde à vue, selon le bilan communiqué par la préfecture de police dimanche.   

Le ministre de l'Intérieur a défendu, vendredi, les interpellations controversées la veille, de 151 personnes près d'un lycée de Mantes-la-Jolie alléguant qu'elles intervenaient après de « véritables violences urbaines » dans cette commune des Yvelines.

D’innombrables images et vidéos ont fait le tour des réseaux sociaux, témoignant de la violence inhumaine dont ont fait preuve les forces de l’ordre françaises envers les manifestants.

Parmi d’autres, une vidéo a été filmée et diffusée au plus près des forces de l'ordre où l'on voit des dizaines de jeunes, les genoux au sol, tandis qu'on entend une voix dire ironiquement : « Voilà une classe qui se tient sage ». La vidéo n’est pas allée non sans provoquer l’ire des protestants qui dénoncent une « humiliation ».

« Quels que soient les faits reprochés, rien ne justifie cette humiliation de mineurs filmée et commentée », a réagi le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure dans un tweet, appelant les ministres de l'Intérieur Christophe Castaner et de l'Éducation Jean-Michel Blanquer à « réagir vite et bien ».

Pour ce samedi 8 décembre, le gouvernement français prévoit une journée de manifestations à « hauts risques ». Au total, 89 000 policiers et gendarmes seront mobilisés dans tout le pays, dont 8 000 à Paris.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV