La coalition saoudienne a fini par céder : un accord a été signé entre Ansarallah et la coalition saoudo-émiratie sur l’échange de prisonniers. Prélude à un aveu d'échec de la part d'une coalition d'agression qui a mobilisé la moitié des armées de la planète contre un peuple sans défense mais qui a lamentablement échoué.
La chaîne Al-Jazeera a annoncé, citant ses propres sources bien informées, que la coalition saoudo-émiratie avait signé avec le mouvement Ansarallah du Yémen un accord sur l’échange de prisonniers. L’accord comprend tous les prisonniers de guerre. L’échange de prisonniers se fera conformément à un calendrier convenu par les deux parties et en plusieurs étapes, selon la même source.
La guerre au Yémen est-elle entrée dans le sprinte final? Il est très tôt pour le dire, mais le cours des évolutions aussi bien au Yémen que sur les territoires saoudiens frontaliers avec ce pays, sans oublier les événements survenus à l’échelle internationale, avec entre autres l’affaire du meurtre de Khashoggi, laisse présager un véritable changement dans l’équation de la région.
#Yémen : fiefs saoudiens entièrement détruits par les drones d’Ansarallahhttps://t.co/2Uc5TnLDCe pic.twitter.com/rBFfO0xkwp
— Press TV Français (@PresstvFr) December 3, 2018
La coalition, après s’être embourbée dans la guerre qu’elle a déclenchée au Yémen, a fini par céder aux revendications des Yéménites.
Il y a, en même temps, des négociations qui doivent se dérouler, le 5 décembre en Suède, entre les parties en lice au Yémen et sous la supervision de l’ONU, et qui doivent, selon certains analystes, arriver, finalement, à une solution pour mettre, le plus vite possible, un terme à la guerre.
Députée européenne et chercheuse à l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), et membre d’une délégation de l’UE, Patricia Lalonde estime que « tout le monde en a par-dessus la tête de ce qu’il se passe au Yémen et que cela risque de rester dans l’Histoire de ce siècle comme quelque chose de terrible ».
Pour cette parlementaire européenne, interrogé par Sputnik, même le représentant onusien, Martin Griffiths « essaye d’obtenir un succès sur ce dossier », contrairement aux négociations de Genève en septembre dernier.
Il est vrai que la situation sur le terrain ne semble pas être en faveur de la coalition USA/Israël/monarchies arabes, qui se voit réellement empêtrées dans cette guerre.
Mme Patricia Lalonde affirme que les forces yéménites (Ansarallah et leurs alliés) « sont plus fortes que la coalition ne l’avait prévu. Il y a beaucoup de dégâts. De très nombreux mercenaires — Soudanais, Érythréens, Somaliens — qui ont été utilisés par la coalition, ont été tués. Et spécialement autour de cette bataille de Hudaydah, qui est tout de même la plus importante dans cette guerre au Yémen ».
Une bataille très stratégique, d’ailleurs, pour les Saoudiens et les Émiratis et certes mais aussi leurs alliés israélo-américains, vu l’importance de ce port de Hudaydah, et qui a, aussi, coûté la vie à un grand nombre de civils :
« Entre juillet (début de la guerre de Hudaydah) et septembre (pourparlers de paix à Genève), il y a eu des crimes horribles comme celle du bus où 40 enfants ont été déchiquetés par des bombardements saoudiens avec des bombes américaines », a regrettée Mme Lalonde rappelant, en même temps, le massacre, le week-end dernier, des civils toujours à Hudaydah. « On a le sentiment qu’à chaque fois que la coalition veut se rendre aux négociations, ils essayent de déstabiliser ce gouvernement de salut national en provoquant des massacres. »
La députée affirme par ailleurs que le Gouvernement de salut national est bien partagé entre Ansarallah et le Congrès général du peuple, soit parti de l’ancien président Abdallah Saleh.
« L’Arabie saoudite est dans une position compliquée et il n'est plus en mesure de remettre définitivement en cause la légitimité de ce gouvernement. Surtout depuis que MBS fait face à lcette affaire Khashoggi a évidemment été un grand tournant », que MBS soit directement impliquée dans cette histoire ou pas. Ce qui est sûr c’est que MBS a déclaré la guerre au Yémen. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane se voit actuellement face à deux grands défis : d’une part il doit sauver, lui-même et le royaume saoudien, du bourbier yéménite et de l’autre il doit s’innocenter dans l’affaire du meurtre de Khashoggi.