L'une des composantes les plus essentielles des Unités de mobilisation populaire d'Irak (Hachd al-Chaabi) demande à jouer un rôle "formel" dans la sécurisation des frontières. Asaïb Ahl al-Haq dont les combattants ont largement participé aux combats contre Daech demandent à être reconnus comme des gardes-frontières au sein des forces armées au moment où les États-Unis multiplient des agissements aussi bien à al-Anbar qu'à al-Tanf en Syrie.
Qais Khazali, commandant du mouvement irakien d'Asaïb Ahl al-Haq, a appelé Bagdad à charger ses membres à assurer la sécurisation des frontières irako-syriennes.
Qais Khazali a exhorté le gouvernement irakien à donner au mouvement un rôle plus formel et à long terme pour protéger les frontières.
« Sécuriser les frontières de l'Irak avec la Syrie fait partie des tâches les plus importantes des Hachd al-Chaabi à l'heure actuelle », a-t-il déclaré le samedi 24 novembre. Et d'ajouter: « La menace de Daech déstabilise l’Irak. Les Hachd al-Chaabi ont prouvé qu'ils étaient le bras militaire le plus apte à faire face à Daech… De ce fait, leur présence aux frontières irako-syriennes permettra aux Irakiens de se sentir plus en sécurité. C’est une de nos priorités. Le commandant en chef des forces armées peut coopérer avec les Hachd al-Chaabi dans de le cadre de nombreuses missions, y compris pour la sécurisation des frontières. »
« La présence des troupes américaines et des Marines n'est pas acceptable. C'est une violation flagrante de la souveraineté de l'Irak. La Constitution irakienne l'interdit explicitement. Le gouvernement de Bagdad n'a pas consenti à la présence des troupes étrangères sur le sol irakien, à moins que le Parlement le permette. Ce qui n'a pas été le cas », a-t-il fait savoir.
Asaïb Ahl al-Haq est une composante des Hachd al-Chaabi qui a officiellement intégré les forces de sécurité après avoir aidé l'armée à vaincre Daech en Irak en 2017.
Or, l’armée irakienne compte sur le soutien des Hachd al-Chaabi pour en finir avec Daech. Spécialisées dans les combats asymétriques, elles jouent désormais un rôle crucial dans la sécurité des frontières.
Qais al-Khazali avait visité en décembre 2017 des zones du sud du Liban vêtu d’un uniforme militaire, en suscitant des craintes au sein de l'état-major israélien. “Nous déclarons être prêts à être unis avec les Libanais et la cause palestinienne face à l’occupation israélienne”, avait-il notamment déclaré.
En 2015, les États-Unis pensaient que la lutte contre Daech durerait 5 ans. Mais grâce aux Hachd al-Chaabi, l’Irak a réussi à se débarrasser de Daech en deux ans.
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Les États-Unis appellent à la dissolution des Hachd al-Chaabi en raison de l’influence iranienne. Ils redoutent également la puissance militaire de ce groupe paramilitaire.
La Chambre des représentants a voté à l’unanimité un projet de loi obligeant le gouvernement américain à imposer des sanctions contre « les autorités, les agents et les groupes affiliés » aux Hachd al-Chaabi. Ce projet de loi a été voté dans le but « d’imposer des sanctions » ciblant Asaïb Ahl al-Haq et le mouvement d’al-Nujba, deux principaux piliers des Hachd al-Chaabi.
Les Hachd al-Chaabi ont été formées en 2014, après l’occupation par Daech de diverses villes irakiennes et à la suite des Fatwas émises par de grandes sources d’imitation d’Irak notamment celle de l’Ayatollah Ali Sistani. Elles ont joué un rôle central dans la libération de Mossoul.
Le Parlement irakien les a reconnues en novembre 2016 comme étant une « institution de l’État » et a décidé leur intégration « au sein des forces régulières ». La décision du Parlement irakien s’est ainsi inscrite dans le sens des intérêts nationaux du pays. Et les Hachd al-Chaabi constituent une « armée populaire » qui a servi la cause nationale irakienne contre les terroristes.