Pour ceux des analystes qui suivent de près les relations de la Russie avec l'Ukraine, le brusque regain de tension en mer Azov ne peut être compris sans qu'il soit placé aux côtés d'un autre événement tout autant significatif lequel s'est produit presque le même en Syrie.
C'est presque à croire que les trois bâtiments ukrainiens qui ont violé les eaux territoriales russes provoquant une riposte immédiate, ont agi de concert avec les terroristes qui depuis la zone démilitarisée à Idlib, ont lancé le samedi 24 novembre une attaque chimique contre Alep, suscitant là aussi une réponse immédiate de l'aviation russe. L'Occident est-il sur le point de mettre sous une pression conjuguée la Russie à la fois sur le front syro-ukrainien et ce, à l'approche du sommet du G20 où Trump devra rencontrer Poutine? Le message est clair : l'Occident pourrait à la fois embraser le front syrien et ukrainien, si la Russie ne se montrerait pas coopérative.
L'ONU a d'ailleurs réunit en urgence son Conseil de sécurité après la saisie de trois navires ukrainiens par la Russie en mer d'Azov. En Ukraine, le Conseil de défense et de sécurité nationale (SNBO) tend sous l'impulsion du président, à introduire la loi martiale. Il lui faudrait l'approbation de la Rada suprême (parlement monocaméral). Si le projet est approuvé, la loi martiale entrera en vigueur pour une durée de 60 jours, ce qui veut dire au clair que l'Ukraine et partant l'OTAN pourraient passer à l'offensive face à la Russie. Ceci dit, aussi bien le président ukrainien Porochenko que l'OTAN ont appelé que l'instauration de la loi martiale ne signifierait pas que Kiev mènerait des offensives militaires ou encore que cela aurait des répercussion sur la situation dans le Donbass, cette région étant l'épicentre des frictions russo-otaniennes.
Piotr Porochenko, cité par Sputnik, a d'ailleurs déclaré ce lundi qu’avec ce projet de loi martiale et avec la situation dans la mer d’Azov, il envisageait de s’entretenir aujourd’hui avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. La Russie va-t-elle se laisser intimidée? Rien n'est moins sûr : à Alep, l'aviation syrienne et celle de la Russie s'en sont violemment prises aux terroristes à l'origine de l'attaque chimique tandis que les bâtiments ukrainiens "agresseurs" ont été arraisonnés. Un constat se pose :la Russie ne se laissera pas faire.