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« Les intérêts des États-Unis sont menacés par la poursuite de la guerre au Yémen »

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président américain Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. (Photo d’archives)

Les États-Unis viennent d’appeler à la paix au Yémen mais ce qu’ils cherchent n’est vraiment pas une solution politique pour mettre un terme au conflit, car ils ne se soucient, en fait, que des conséquences négatives de cette guerre sur leur influence. De plus, ils entendent aider leur riche allié saoudien à sortir du bourbier.

Le site web libanais El-Nashra a fait paraître, le samedi 17 novembre, un article rédigé par Hassan Hardan avec pour titre : « Pourquoi Washington appelle-t-il au cessez-le-feu au Yémen ? ».

« Le monde entier reste bouche bée devant l’appel des États-Unis à un cessez-le-feu au Yémen. Pour certains, il s’agit d’une manœuvre médiatique à caractère non contraignant pour Washington ; mais pour certains d’autres, il faut y voir une réaction mitigée à une opinion publique qui fulmine contre la guerre dévastatrice qu’a déclenchée la coalition saoudienne et les crimes barbares qui sont commis tous les jours à l’encontre du peuple yéménite, un peuple qui est encerclé de toutes parts et qui souffre de la pauvreté, de la famine et des maladies découlant de cet encerclement cruel », indique El-Nashra.

La guerre au Yémen et le feu vert des États-Unis

« Ceux qui suivent depuis le début les évolutions du Yémen sont convaincus que la guerre a été déclenchée par la coalition saoudienne mais avec le feu vert des États-Unis, qui avaient promis leur soutien indéfectible à l’agression saoudienne. L’Arabie saoudite n’aurait pas pu commencer et poursuivre cette guerre dévastatrice si les États-Unis ne lui avaient pas assuré leur appui militaire, sécuritaire, politique et diplomatique. En réalité, l’Arabie saoudite et les États-Unis voulaient, en déclenchant la guerre, soumettre de nouveau le Yémen à leur domination, d’autant plus que le Yémen revêt une position géographiquement stratégique puisqu’il donne sur la mer Rouge et le détroit Bab el-Mandeb par lequel passent les cargos et les pétroliers pour atteindre le golfe Persique ou pour en revenir. À cela s’ajoute le fait que ce pays a une frontière commune avec des pays arabes riverains du golfe Persique dont la principale mission est de servir les politiques colonialistes des États-Unis dans la région ».

Pourquoi Washington veut-il un cessez-le-feu ?

« Si on est convaincus que Washington ne respecte pas les droits de l’homme et qu’il ne se soucie pas forcément du respect ou de la violation de ce principe mais uniquement de ses intérêts colonialistes, on peut donc dire que la décision de la Maison-Blanche de mettre un terme au conflit au Yémen n’émane pas de ses préoccupations concernant l’effusion de sang au Yémen. En réalité, la Maison-Blanche ne se préoccupe que de ses intérêts, qui sont menacés par une guerre déjà dans l’impasse.

La coalition saoudo-émiratie n’est clairement pas en mesure de remporter la guerre et de briser la volonté du peuple yéménite. C’est ce qu’a été prouvé lors de la bataille de Hudaydah où la coalition n’a pu enregistrer aucune victoire, malgré tous ses moyens et équipements militaires à sa disposition. Le gel des opérations militaires à Hudaydah montre que la dernière chance donnée à la coalition saoudienne pour diviser l’armée et les Comités populaires du Yémen a échoué ».

Comment la guerre au Yémen met-elle en péril les intérêts des USA ?

« La poursuite des conflits au Yémen est non seulement nulle mais en plus elle porte atteinte aux intérêts des États-Unis et mine l’influence colonialiste de Washington dans cette région névralgique du monde. »

L’auteur de l’article d’El-Nashra évoque trois raisons pour cet appel des États-Unis à un cessez-le-feu au Yémen.

« Primo, la guerre au Yémen s’est transformée en une guerre d’usure pour l’Arabie saoudite qui souffre déjà d’un sérieux déficit budgétaire. Selon les évaluations, la guerre au Yémen a coûté plus cher que l’invasion américaine en Irak.

Secundo, l’offensive contre le Yémen devait soumettre de nouveau ce pays à la domination des États-Unis et de l’Arabie saoudite mais cela n’a pas eu lieu. À présent, les États-Unis craignent que le Yémen ne se transforme en un nouveau Liban et qu’il ne devienne un nouveau symbole de résistance et de persévérance juste au cœur du Moyen-Orient, une région riche aux ressources pétrolifères et gazières, car ce nouveau symbole de résistance pourrait inciter les nations arabes à se dresser face aux pillages des États-Unis.

Tertio, la poursuite de la guerre au Yémen, l’influence en baisse de l’Arabie saoudite dans la région, les impacts négatifs de l’assassinat de Jamal Khashoggi, la victoire imminente de la Résistance en Syrie face au terrorisme, l’échec des tentatives des États-Unis destinées à provoquer un coup d’État en Irak et la défaite du Courant du 14 mars, qui n’est pas parvenu à remporter la majorité des sièges du Parlement libanais, constituent tous des facteurs qui pourraient être assortis de conséquences défavorables pour la stabilité intérieure de l’Arabie saoudite alors que celle-ci reste l’instrument le plus important pour la mise en application des projets colonialistes de Washington dans la région.

Tous les facteurs que nous avons mentionnés ici expliquent pour quelles raisons l’administration Trump cherche à mettre fin au conflit au Yémen. Ce qu’elle réclame n’est pas une solution diplomatique pour éviter l’effusion de sang au Yémen mais une solution qui permettra à l’Arabie saoudite de sortir de ce bourbier et qui limitera la perte d’influence de Washington dans la région. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV