Les Kurdes de Syrie mais aussi ceux d'Irak, longtemps bercés par le mythe de "Big Brother bienveillant" n'en reviennent pas : la nouvelle sur la mise à prix des têtes de trois dirigeants du Parti des travailleurs du Kurdistan, PKK, continue à faire couler beaucoup d’encre dans la région autonome du Kurdistan irakien.
La nouvelle sur la prime que les Américains vont accorder à quiconque donnerait des informations sur le lieu où sont cachés les trois dirigeants du PKK, trois dirigeants qui figurent sur la liste noire du gouvernement turc, a poussé les journalistes kurdes d'Irak à s'interroger sur le mobile de cette démarche.
« Les Américains ont pris cette décision pour tenter de satisfaire la Turquie et de l’éloigner de la Russie et de l’Iran. En sacrifiant les Kurdes, les États-Unis espèrent que la Turquie finirait par lâcher l’Iran et la Russie et réintégrer le camp atlantiste qu'elle n'a jamais quitté », a déclaré le journaliste kurde Shahin Omar, actif à Erbil. Et de poursuivre : « Les États-Unis souhaitent que la Turquie rejoigne le train des sanctions anti-iraniennes et qu'elle renonce à coopérer avec la Russie à Idlib. Et c'est le dos des Kurdes, que Washington cherche à avancer son projet. »
Les relations entre Ankara et Washington se sont subitement ternies comme jamais en raison de l’achat de la Turquie des systèmes de défense antimissile S-400 à la Russie.
La Turquie va-t-elle dire oui à Washington dans le dossier des sanctions iraniennes?
Le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, a qualifié de « politiques » les sanctions mises en vigueur par les États-Unis contre l’Iran et argué que son pays ne pouvait pas se permettre de cesser ses achats de pétrole et de gaz à l'Iran bien que de la part d'Ankara, un virage soit bien possible.
« Nous n’allons pas renoncer à nos intérêts nationaux uniquement parce que les États-Unis appliquent des sanctions à un pays sous tel ou tel prétexte » a-t-il réaffirmé.
L’analyste des questions kurdes, Sardar Aziz a apporté le commentaire suivant :
« Loin des concessions que les États-Unis tentent d’arracher à la Turquie en échange de la tête des trois chefs du PKK, Washington entend surtout adresser un message clair à l’opinion publique turque disant qu’il ne soutiendra jamais les Kurdes face au gouvernement d’Ankara. »
« Les États-Unis déçoivent leurs amis et cette décision anti-kurde montre que les intérêts jouent un rôle crucial dans la politique américaine », a-t-il conclu.