Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies a affirmé que l'approche de son organisation dans le dossier nucléaire reste la même et que l'ONU a bien reçu la lettre de Téhéran adressée à Antonio Guterres qui porte plainte contre Washington pour avoir rétabli, au mépris du droit international, des sanctions unilatérales contre l’Iran. Cette lettre est en cours d'étude, selon le porte-parole.
« Nous examinons la lettre de l’Iran et nous y donnerons une réponse appropriée », a affirmé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies.
Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, a apporté son soutien au PGAC (Accord sur le nucléaire iranien) en appelant toutes les parties à le respecter et à y rester attachées, en vertu de la résolution 2231 du Conseil de sécurité.
Pour de nombreux experts, le retour des sanctions US contre l'Iran est d'ors et déjà un échec: à côté de l’expression « pression implacable sur le régime iranien », scandée lundi par le chef de la diplomatie américaine à propos des nouvelles sanctions contre l’Iran, il faudrait ajouter un astérisque: sauf dérogations.
En effet, huit pays bénéficient néanmoins d’exemptions pour le pétrole. La Chine, l’Inde, la Turquie, le Japon, la Corée du Sud, Taiwan, l’Italie et la Grèce continueront d’importer du brut iranien, sans subir la « pression maximale » promise par le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin à toute entreprise étrangère qui « tente[raient] de les contourner ».
Ces dérogations marquent une première victoire de l'Iran dans sa grande bataille contre le régime des sanctions ainsi que le confirmait le président iranien, Hassan Rohani, le lundi 5 novembre: « Nous allons briser fièrement le carcan des sanctions... Nous sommes en situation de guerre économique et nous affrontons une tentative d’intimidation. Je ne pense pas que dans l’histoire américaine il y ait eu jusqu’à présent quelqu’un à la Maison Blanche qui contrevienne à ce point au droit et aux conventions internationales. »
Washington est beaucoup plus isolé qu’entre 2012 et 2015.. Aucun des États parties au PGAC, aucun allié traditionnel des États-Unis, aucune puissance économique majeure, ni aucun des principaux acheteurs de pétrole iranien n’a rejoint les États-Unis en 2018, relevait récemment Elizabeth Rosenberg, qui a supervisé les sanctions contre l’Iran au département du Trésor entre 2009 et 2013.
Mme Rosenberg doutait même de la capacité de Washington à faire respecter les sanctions: « Les États-Unis ont les moyens financiers de faire pression sur tous les pays et les entreprises pour qu’elles restent éloignées de l’Iran, mais beaucoup auront en même temps de nombreux avantages à s'en échapper. Les États-Unis vont devoir faire face à la tâche herculéenne de repousser tous ceux qui tenteront de frauder. »
Le représentant iranien auprès de l'ONU, Gholam Ali Khochrou, a envoyé lundi dernier une lettre à l’adresse de Antonio Guterres, l'appelant à condamner la nouvelle slave de sanctions illégales et unilatérales américaines contre l’Iran.
Le diplomate iranien s’est dit étonné de voir que l’ordre international et les intérêts des autres pays sont piétinés par un pays membre qui exhorte ouvertement les garants des résolutions et de la charte de l’ONU à agir de la même manière.