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La France volera-t-elle au secours d'Israël désormais convaincu de l'impossible application du deal du siècle?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président français Emmanuel Macron (D) et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (G) ©AFP

Le président français Emmanuel Macron refuse de lancer une initiative, au nom de l'Union européenne, autour d'une reconnaissance de la Palestine, pour, au moins, revigorer le débat. Et on se demande pourquoi : certains dénoncent une Union européenne politique moribonde qui n'ose aucune initiative par crainte d'une réaction hostile de l'administration US tandis que d'autres soulignent les liens de plus en plus étroits de l'Élysée avec Israël qui l'empêcherait d'agir. Pourquoi? 

Les responsables du gouvernement israélien estiment que le président français Emmanuel Macron proposera sa propre initiative de compromis au Moyen-Orient si le président américain, Donald Trump ne publie pas son plan dans les premières semaines suivant les élections de mi-mandat de novembre. Ce qui revient à dire que le président français n'ose pas franchir le pas. 

Le directeur politique du ministère israélien des Affaires étrangères,  Alon Ushpiz, a fait cette prédiction lors d'une audition à huis clos de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset.

Trump a annoncé il y a quelques semaines qu'il publierait son plan de paix surnommé « l’accord du siècle » dans un délai de deux à quatre mois, c'est-à-dire entre la fin des élections de mi-mandat de novembre et la fin de 2018.

La Maison-Blanche a fixé plusieurs dates provisoires pour la publication du plan, mais jusqu'à présent, l'équipe américaine chargée de donner le coup de grâce à la Palestine et dirigée par le gendre du président US Jared Kushner en a retardé la publication, craignant un embrasement de la Palestine voire du Moyen-Orient. Cette équipe n'a d'ailleurs pas tord dans la mesure où depuis le mois de mai les protestations palestiniennes n'affaiblissent pas. 

À en croire les responsables israéliens et des diplomates français, Macron aurait chargé fin août le ministère français des Affaires étrangères de réfléchir à des idées pour une nouvelle initiative diplomatique sur l’affaire israélo-palestinienne. Macron a déclaré à ses collaborateurs qu'il ne voulait pas laisser cette affaire disparaître de l'agenda international.

Ushpiz a également averti qu’il pourrait y avoir de grands changements pour Israël lors des élections de mi-mandat aux États-Unis si les démocrates gagnaient la Chambre.

Selon les membres de la Knesset qui ont assisté à l'audience, Ushpiz a laissé entendre qu'une victoire démocratique serait "possible", ce qui changerait les réalités politiques à Washington pour Israël: "Les choses ne seront plus comme avant. Cela aura des conséquences pour Israël. La réalité que nous connaissions depuis que Trump a assumé ses fonctions ne sera plus maintenue après les élections américaines de mi-mandat et nous devons nous y apprêter". 

Ushpiz a également déclaré qu'Israël perdait plus que jamais son soutien auprès des communautés juives aux États-Unis et aux progressistes.

L’accord du siècle est un plan de liquidation de la Palestine, proposé par le gouvernement américain et soutenu par les régimes saoudien et israélien. Il vise soi-disant à mettre un terme au conflit israélo-palestinien et à permettre aussi et surtout la normalisation des relations des pays arabes avec le régime israélien et ce, sur le dos du peuple de la Palestine qui résiste depuis plus de 70 ans pour se faire restituer son pays ancestral. 

Selon ce plan, l’État palestinien sera installé dans la bande de Gaza et seulement pour les zones A, B et certaines parties de la zone C de la Cisjordanie, ce qui revient à légaliser l'occupation israélienne.  Par ailleurs, le statut final de Qods et le retour des déplacés seront renvoyés aux calandres grecques. Même l'aile la plus favorable au compromis à savoir le Fatah de Mahmoud Abbas rejette ce plan inique visant à anéantir la cause palestinienne.

La France, elle, n'a cessé depuis l'annonce du plan Trump que de répéter des positions rituelles sur Qods, "capitale de deux États", ou sur la nécessité de stopper la colonisation des territoires palestiniens, mais elle le fait avec de moins en moins de convictions, ainsi que le constate Denis Bauchard, ancien diplomate français.  «Il est clair, ajoute-t-il, que la solution des deux États est morte, mais personne au niveau officiel n'ose le dire».

La "Macronie" s'apprête-t-elle à un changement de majorité à la Chambre des représentants US pour rendre public son plan? Fort possible, estiment des analystes. Mais dans quelle mesure le plan français assurerait-il les intérêts palestiniens ou serait-il capables de limiter les dégâts causés? C'est la grande question dont la réponse est ouverte. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV