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Affaire al-Khashoggi : l’Arabie saoudite en position de faiblesse

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Cette photo, prise le 7 octobre 2018 à Istanbul, montre une vue extérieure du consulat d’Arabie saoudite. ©AFP

La publication d’importants détails à propos de la disparition de Jamal al-Khashoggi par l’agence de presse turque Anadolu et le communiqué de la police turque confirmant le meurtre de ce journaliste et éditorialiste saoudien à l’intérieur du consulat de l’Arabie saoudite à Istanbul laissent présager une détérioration des relations entre Ankara et Riyad.

Selon le quotidien Al-Quds al-Arabi, qui paraît à Londres, « les détails qu’a publiés Anadolu, en tant qu’agence de presse officielle, signifient que le gouvernement turc pointe du doigt la délégation sécuritaire saoudienne comme responsable de l’assassinat ou du meurtre de Jamal al-Khashoggi, le journaliste saoudien très critique du pouvoir de Riyad, car Anadolu n’est pas autorisée à publier une nouvelle tellement délicate sans le feu vert du gouvernement. Le meurtre de Jamal al-Khashoggi sur le sol turc constitue la violation flagrante de la souveraineté d’Ankara ».

Al-Quds al-Arabi a ajouté que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait essayé, pendant les dernières années, de maintenir ses relations avec Riyad à un niveau acceptable malgré pas mal de points de désaccord qui séparaient les deux pays concernant le coup d’État en Égypte et la crise entre l’Arabie saoudite et ses alliés d’une part et le Qatar de l’autre.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan prend la parole lors d’un congrès du parti à Ankara, le 7 octobre 2018. ©Reuters

« Or, la Turquie était toujours pour la poursuite des coopérations politique, défensive et militaire avec l’Arabie saoudite. Bien que les médias turcs aient suivi les ordres d’Ankara et refusé de fustiger l’Arabie saoudite et de couvrir les événements négatifs qui avaient lieu dans ce pays, les médias saoudiens, au contraire, critiquaient ouvertement les politiques d’Ankara et insultaient Recep Tayyip Erdogan en personne via des articles et des caricatures.

Selon les sources proches du gouvernement turc, les mass médias de la Turquie viennent de recevoir de nouveaux ordres du jour qui leur permettent de durcir le ton contre l’Arabie saoudite et de se focaliser sur le dossier de la disparition ou du meurtre de Jamal al-Khashoggi. Cette nouvelle prise de position d’Ankara pourrait servir de prélude à l’intensification de la crise entre la Turquie et l’Arabie saoudite, d’autant plus que Recep Tayyip Erdogan a parlé du sujet lors de son discours d’aujourd’hui.

Pour les milieux politiques de la Turquie, Erdogan ne fermera nullement les yeux sur cette crise malgré sa volonté de maintenir des relations au beau fixe avec l’Arabie saoudite. Ce que voit Erdogan dans le dossier de Jamal al-Khashoggi est une transgression par l’Arabie saoudite des lignes rouges d’Ankara.  

Au premier chef, l’opération saoudienne sur le territoire turc met en cause la souveraineté d’Ankara et ensuite cette opération porte atteinte à l’image de la Turquie, en tant que pays touristique sûr.

Pire encore, cette opération pourrait prendre en tenaille le président turc et son gouvernement en suggérant que le service de sécurité de la Turquie n’est pas en mesure de protéger des milliers d’opposants et de militants arabes qui vivent en Turquie, ce qui risquerait même de discréditer Erdogan sur l’échiquier mondial alors que le président turc a fait des efforts inlassables pour prouver que son pays peut accueillir les réfugiés en toute sécurité », a indiqué Al-Quds al-Arabi.

Et d’ajouter : « Lors de son discours d’aujourd’hui, Erdogan a assuré pouvoir protéger ceux qui cherchaient un refuge en Turquie et aussi pouvoir défendre la souveraineté de son pays. Ces propos pourraient présager du début d’une série de mesures juridiques et politiques contre l’Arabie saoudite, mesures qui devraient même s’intensifier pendant les jours à venir, notamment si le service de sécurité turc peut collecter des preuves sur le déroulé de l’assassinat de Jamal al-Khashoggi, dont le dossier mettra très probablement l’Arabie saoudite dans une position de faiblesse ».

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SOURCE: FRENCH PRESS TV