Peu de temps après les menaces consécutives du président US contre l’Arabie saoudite, le prince héritier saoudien se lance dans des analyses sur l’avenir, selon lui incertain, de la production pétrolière de la Russie. Or, depuis récemment, c’était plutôt de la convergence Moscou-Riyad, surtout dans leur politique pétrolière, dont il s’agissait ! Les experts russes ont rejeté et qualifié d’allégations sans fondement, les prévisions du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane selon lesquelles la production de pétrole russe baisserait fortement après 19 ans.
Dans un entretien avec l’agence de presse Bloomberg, Ben Salmane a déclaré : « La demande de pétrole continuera d'augmenter jusqu'en 2030, d'entre 1 et 1,5%, voire davantage. Et certains croient qu'après 2030, il diminuera. Mais nous pensons que de nombreux producteurs vont disparaître de l'autre côté. À titre d'exemple, nous pensons que la Chine diminuera fortement, voire disparaîtra dans cinq ans à compter d’aujourd’hui. Et d’autres pays continueront chaque jour à disparaître en tant que pays producteurs de pétrole. Dans 19 ans, la production de la Russie avec ses 10 millions de barils diminuera considérablement ou cessera. Ainsi, en comparant la hausse de la demande de pétrole et le fournisseur en voie de disparition, l’Arabie saoudite doit fournir davantage à l’avenir. Nous ne pensons donc pas qu’il existe un risque dans ce domaine pour l’Arabie saoudite. »
S’attardant sur cette allégation de MBS, Valeriy Abramov, haut expert de l’université des Finances en Russie, a déclaré que les informations selon lesquelles la Russie disparaîtrait après 19 ans du marché de pétrole, n’étaient pas bien fondées et fiables. « La Russie est capable de poursuivre la production et les exportations de pétrole et des produits pétrochimiques d’ici 20 ans. Elle est en train d’explorer les régions voisines du Pôle Nord qui recèlent de riches ressources de pétrole et gaz. La Russie applique également la politique de l’augmentation des exportations des produits pétroliers avec un taux élevé de TVA dont le combustible de voiture et les produits pétrochimiques.
En allusion aux récentes déclarations de Ben Salmane, le PDG du géant pétrolier russe Rosneft Igor Setchine a souligné que la production de pétrole en Russie coûterait de 5 à 7 dollars par baril.
Rejetant les allégations du prince héritier saoudien, Alexander Frolov, directeur adjoint de l'Institut russe de l'énergie nationale a rappelé que les ressources pétrolières russes ne disparaîtraient pas dans 20 ans et qu’il n’était pas nécessaire que l’Arabie saoudite se vante de l’avenir de sa production de pétrole.
« L’Arabie saoudite se trouve dans une région où le pétrole se produit depuis longtemps et sans arrêt et on ne peut pas être optimiste quant à l’avenir de la production pétrolière saoudienne », a-t-il dit.
Le directeur adjoint de l'Institut russe de l'énergie nationale a précisé que le régime saoudien se verrait obligé, plus tard, d’avoir recours à des technologies pour produire du pétrole à partir de réserves dures ou bien de réduire ses productions, faute d’équipements nécessaires.
L’expert russe a affirmé que la seule région au Moyen-Orient dont les réserves de pétrole ne sont pas largement exploitées reste le Kurdistan irakien. « Les sociétés russes dont Gazprom et Rosneft vont explorer les ressources d’hydrocarbures », a-t-il ajouté.
L’analyste russe de l’Association pour la sécurité énergétique, Igor Yoshkov, a de son côté qualifié d’étranges les propos de Ben Salmane.
Le fait que Ben Salmane place la Russie dans la même catégorie que la Chine s’avère illogique ; car la Chine n’est pas considérée comme un producteur de pétrole sur le marché mondial.
Il a également rejeté l’idée selon laquelle une autre source d’énergie remplacerait le pétrole. « Les prévisions selon lesquelles le pétrole sera retiré du marché ne sont pas correctes et il n’est pas clair non plus quels seront les résultats de la révolution technologique. Il est fort probablement possible que le pétrole en tant que combustible de voitures soit retiré du marché, mais qu’il soit utilisé comme une matière brute pour la production des polymères et des caoutchoucs. Sur ce marché, la Chine sera la pionnière », a-t-il expliqué.
Selon l’expert russe, non seulement, la Russie ne se retirera pas du marché pétrolier après 19 ans, mais encore elle exploitera les réserves pétrolières difficiles.
La Russie se trouve au premier rang de l’exportation de pétrole et produit 11 millions et 350 barils de pétrole par jour.