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Est-elle proche la date d’expiration du règne du roi Salmane ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le roi Salmane d'Arabie saoudite (D) et le président des États-Unis Donald Trump à Riyad, le 21 mai 2017. ©AFP

La semaine dernière, le monarque saoudien a vécu les pires quatre jours de sa vie ; de samedi à mercredi, non seulement il a été humilié, à deux reprises, par le président des États-Unis Donald Trump, mais en plus son maintien au pouvoir a été mis en cause.

Le samedi 29 septembre, Donald Trump a déclaré, lors d'un rassemblement en Virginie-Occidentale, que bien que les Saoudiens « aient des milliards de dollars », « nous n’obtenons pas ce que nous devrions obtenir » de leur part. Il a également souligné qu’avec le soutien de Washington, l’Arabie saoudite est « totalement sûre », mais « sans nous, qui sait ce qui va se passer ».

Quatre jours après, le mercredi 3 octobre, Trump a déclaré, devant une foule de partisans lors d'un rassemblement à Southaven, dans l’État du Mississippi, que le roi Salmane d’Arabie saoudite ne resterait pas au pouvoir si les États-Unis ne fournissaient pas un soutien militaire au royaume arabe.

« Nous protégeons l'Arabie saoudite. Ils sont riches, diriez-vous ? J'aime le roi, le roi Salmane. Mais j’ai dit le roi ! Roi, nous te protégeons, tu ne serais peut-être pas là dans deux semaines sans nous. Vous devez payer pour votre secteur militaire », a déclaré Trump.

Au lendemain du discours de Trump au Mississippi, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a accordé une interview exclusive à Bloomberg où il a été interrogé sur les récentes humiliations du président américain infligées à son père.

« J'aime travailler avec lui », a répondu ben Salmane en qualifiant les remarques controversées de « mauvais point » compensé par « 99% de bonnes choses ». 

Lorsque Donald Trump a qualifié l’Arabie saoudite d’une « vache à traire » lors de ses campagnes électorales, le roi Salmane a négligé cette flagrante humiliation sous prétexte qu’il s’agissait d’un terme de nature électorale. Mais que signifie vraiment une vache à traire ? Une vache à traire coûte cher tant qu’elle se laisse traire, mais à quoi sert-elle quand elle commence à refuser de se laisser taire ? Doit-elle finir à l'abattoir ?

Deux points à noter se manifestent à travers le discours humiliant de Donald Trump pendant ces derniers jours :

Trump a humilié, deux fois en quatre jours, le roi Salmane d’Arabie saoudite pour ainsi faire preuve officiellement de son mécontentement du bilan saoudien. Les propos de Donald Trump surtout ceux selon lesquels le régime saoudien ne tiendrait pas deux semaines sans les États-Unis ne sont pas en effet une mise en garde, mais une menace ouverte qui pourrait se concrétiser en un clin d’œil, si le roi Salmane ne se donne pas la peine de satisfaire les revendications de Washington. Le monarque saoudien sait mieux que les autres qu’il s’agit d’une menace à prendre au sérieux, car les États-Unis connaissent bel et bien les failles et les points vulnérables de la sécurité saoudienne et ils seront en mesure d’en abuser à tout moment.

Trump a apporté un soutien indéfectible au processus du limogeage de Mohammed ben Nayef au profit de Mohammed ben Salmane qui l’a remplacé en tant que prince héritier de l’Arabie saoudite. Trump est même allé plus loin en aidant le roi Salmane et son fils à réprimer tous les opposants intérieurs y compris les princes en colère et les militants civiques. Il a soutenu Mohammed ben Salmane et ses réformes controversés au sein de la société saoudienne. Concernant la guerre qu’a déclenchée Mohammed ben Salmane au Yémen, les États-Unis se sont rangés, dès le début, à ses côtés en fournissant des aides et assistances aux Saoudiens sur le plan militaire et celui du renseignement. Avec tous ces services rendus à la famille des Saoud, Donald Trump se réserve bien le droit de ne pas vouloir entendre des phrases comme « ce n’est pas possible » ou encore « nous ne pouvons pas » sortant de la bouche du roi Salmane et de son fils, surtout quand il leur demande de combler la place vacante de l’Iran sur le marché pétrolier pour ainsi réduire les cours de brut.

Humiliés et réprimés, les princes saoudiens qui prétendent au pouvoir attendent impatiemment la moindre occasion pour profiter de l’échec du roi Salmane dans la réalisation des rêves de Donald Trump.

Le monarque saoudien compterait ses jours, car d’une part, l’augmentation de la production de pétrole, ce qu’exige Donald Trump, risquerait de faire basculer l’économie saoudienne vers l’effondrement et de l’autre, le refus par les Saoudiens de satisfaire les demandes de Washington risquerait d’accélérer la réalisation du projet d’« adieu en deux semaines ».

Ces jours-ci, le roi Salmane peine à rallier les pays régionaux à son camp et le prix du pétrole bat son plein à l’OPEP. Le roi Salmane, ne pense-t-il pas à la date d’expiration de son règne ?

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SOURCE: FRENCH PRESS TV