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Idlib, le plus grand fief d’al-Qaïda depuis le 11 septembre

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La fumée s'élève suite à un affrontement opposant l'armée syrienne et ses alliés aux terroristes à Idlib. ©Sputnik

En Syrie, l’Iran et la Russie n’entendent pas revenir sur leurs objectifs en rapport avec Idlib. Par ailleurs, les Américains reconnaissent aujourd’hui qu’Idlib est devenue le plus grand bastion d’al-Qaïda depuis les attentats du 11 septembre.

Le site d’analyse stratégique Valdai Club a publié une note rédigée par le directeur de la convergence eurasiatique et du développement au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai, Vladimir Yevseyev, qui s’attarde sur les hypothèses qui pourraient voir le jour dans la province d’Idlib en Syrie.

D’après l’analyste russe, Vladimir Yevseyev, le nombre des terroristes extrémistes se trouvant à l’heure actuelle à Idlib s’estime à environ 60.000. Leur évacuation d’Idlib s’avère indispensable pour rétablir la stabilité en Syrie, mais une opération d’envergure pourrait provoquer un énorme afflux d’éléments de Daech et d’al-Qaïda vers la Turquie.

Les multiples divulgations de Moscou sur les mises en scène chimiques en cours à Idlib auraient finalement contraint les États-Unis et leurs alliés de renoncer à l’idée d’une nouvelle attaque aux missiles contre la Syrie.

Lors du sommet turco-russo-iranien du 7 septembre à Téhéran, Moscou et Téhéran ont montré qu’ils n’allaient pas revenir sur leur décision de faire revenir Idlib sur la souveraineté syrienne. Cependant, par souci de réduire autant que possible les pertes civiles, la Russie a essayé de trouver un terrain d’entente. Des contacts établis avec Ankara, mais aussi, avec Paris et Berlin, ont été suivis par le sommet de Sotchi réunissant le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

D’après l’analyste russe, si les accords obtenus à Sotchi trouvent la chance d’être réalisés, la question d’Idlib pourra être dans une large mesure réglée par les voies pacifiques ; « sinon, une opération limitée sera organisée afin de chasser les terroristes extrémistes d’Idlib ».

Par ailleurs, l’analyste russe Vladimir Yevseyev constate une volte-face majeure des États-Unis en rapport avec la crise syrienne. Les États-Unis ont carrément tiré un trait sur les accords qu’ils avaient trouvés à Helsinki avec les Russes. Certains experts politiques disent que « la nouvelle approche américaine en Syrie vise à en faire sortir les Iraniens, éliminer Daech, favoriser un processus politique censé éloigner Assad de la scène politique et tout cela, en essayant de sauver la face et esquiver d’éventuels reproches sur les faiblesses stratégiques états-uniennes quant à la gestion de la guerre en Syrie ».

L’analyste russe se penche aussi sur le rôle de la Turquie. « Bien qu’elle ait réussi à dissuader les Russes d’une opération majeure » à Idlib, la Turquie ne pourra jamais empêcher les avancements de l’armée syrienne dans cette région et rien ne dit, non plus, qu’Ankara sera capable de démêler la population civile des terroristes extrémistes pour combattre ces derniers.

Quant au président US et son entourage, ils sont parfaitement convaincus, selon l’expert russe, de la ferme volonté de l’axe Damas-Moscou-Téhéran de nettoyer Idlib de la présence des terroristes. « Idlib est devenue le plus grand bastion des qaïdistes depuis le 11 septembre 2001 », reconnaissent les États-Unis de Trump qui ne cessent pourtant pas de menacer Damas de lourdes conséquences en représailles à une attaque contre Idlib.

Quant à la nouvelle mise en scène chimique à Idlib qui aurait dû servir de prétexte aux Occidentaux pour frapper, de nouveau, le territoire syrien, l’analyste russe tient à dire que le gouvernement syrien n’a nullement besoin à l’heure actuelle de se livrer à une attaque chimique contre cette province du Nord-Ouest. Mais si les Occidentaux et leurs médias ont réalisé que la mise en scène chimique est le seul moyen de sauver les terroristes, ils devraient savoir, selon Vladimir Yevseyev, qu’ils font fausse route : « ce scénario n’aidera en rien les paramilitaires d’Idlib à gagner la guerre ». D’autant plus que l’appui américain, britannique, saoudien, qatari et turc, qui donnent des armes et des formations militaires aux terroristes qaïdistes, est de notoriété publique, selon beaucoup d’experts politiques. Et sur la liste des soutiens des terroristes, il faudrait aussi et surtout mentionner le nom d’Israël. « Et les Israéliens quant à eux, savent bien que la patience des Russes en Syrie a des limites. »

Par la suite, l’analyste russe fait remarquer que le déroulement des évolutions à Idlib laisse envisager que les accords obtenus à Sotchi tombent à l’eau à tout moment. Le journal en ligne Al-Masdar News a déjà écrit que les terroristes de Tahrir al-Cham et du Parti du Turkistan ne respectent pas les principes de démilitarisation d’Idlib. Autrement dit, ils n’acceptent pas facilement d’évacuer la zone déclarée « démilitarisée » par Moscou et Ankara.

En tout cas, la Russie et la Turquie semblent être, l’une comme l’autre, prêtes à passer à l’acte, le ministre turc de la Défense ayant annoncé que les forces militaires turques continueraient leurs opérations à Idlib en coordination avec Moscou. Certains médias font part d’une éventuelle fermeture de l’espace aérien au-dessus de l’est de la Méditerranée à cause d’éventuelles attaques aux missiles depuis les navires russes contre les positons des terroristes. Il ne faudrait pas oublier qu’Erdogan compte utiliser Idlib comme un levier de pression sur Assad, si ce dernier cherche à utiliser les Kurdes contre la Turquie, ajoute l’article.

Dans de telles circonstances, la revendication d’Ankara de retarder l’opération majeure à Idlib semble correspondre avec les intérêts de l’Occident. Il ne faudrait pas, non plus, oublier que les responsables russes n’excluent pas une rencontre entre le président russe et son homologue iranien. Tout le monde sait que Téhéran est pour le règlement de la crise à Idlib, de sorte que cette province soit totalement reprise aux terroristes et revienne sous le contrôle et la souveraineté du gouvernement syrien, conclut l’expert russe.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV