L’éditorialiste de Rai al-Youm Abdel Bari Atwan a écrit une note sur la menace de jeudi dernier du président américain, Donald Trump, qui a déclaré que les États-Unis pourraient reconsidérer l’appui militaire aux pays du Moyen-Orient, si les membres arabes de l’OPEP ne faisaient pas baisser les prix du pétrole.
Abdel Bari Atwan a écrit que la nouvelle approche de l’administration Trump vis-à-vis de ses alliés arabes était « honteuse et provocatrice ». L’éditorialiste de Rai al-Youm ajoute que cette démarche s’explique par le projet des États-Unis de séparer la rive orientale de l’Euphrate de l’État syrien d’une part, et de l’autre par le vif besoin qu’a Washington de l’argent des États arabes.
« Chaque fois que Donald Trump a besoin d’argent ou quand il se trouve devant une crise qui menace sa position en tant que président des États-Unis, il se souvient de l’argent des pays arabes comme l’Arabie saoudite », a-t-il écrit.
D’après Atwan, le président américain a pris deux décisions qui vont dans le même sens. Il a déclaré d’abord que le soutien militaire et sécuritaire de son pays aux États arabes du sud du golfe Persique dépendrait de l’effort que ces derniers feront pour baisser le prix du pétrole. « Trump a méprisé ses alliés arabes en soulignant que sans le soutien des États-Unis, ils ne pourraient pas assurer eux-mêmes leur sécurité, voire leur survie », a ajouté Atwan.
« Nous protégeons les pays du Moyen-Orient, ils ne seraient pas en sécurité très longtemps sans nous, et pourtant ils continuent à faire monter et monter encore les prix du pétrole ! Nous nous en souviendrons. Le monopole qu’est l’OPEP doit faire baisser les cours maintenant ! », a écrit Donald Trump sur Twitter.
Avant cela, le président des États-Unis Donald Trump a annulé le projet d’un fonds de quelque 230 millions de dollars qu’il voulait allouer à la reconstruction de la Syrie pour soutenir la stabilisation de ce pays. Trump a déclaré que les pays riches du Moyen-Orient comme l’Arabie saoudite devraient s’en charger. Abdel Bari Atwan rappelle que la porte-parole du département d’État, Heather Nauert, avait fait état de la collecte depuis le mois d’avril de quelque 300 millions de dollars auprès des partenaires arabes de Donald Trump, l’Arabie saoudite en ayant donné à elle seule 100 millions de dollars et les Émirats arabes unis 50 millions. Le reste a probablement été assuré par le Koweït et le Qatar.
D’après Abdel Bari Atwan, les menaces proférées par Trump contre ses alliés arabes membres de l’OPEP interviennent avant deux événements importants : « La réunion du comité ministériel de surveillance sur les accords de l’OPEP avec ses partenaires ne faisant pas partie du cartel devrait avoir lieu en Algérie le 23 septembre. Mais les observateurs estiment qu’il est très difficile de croire que les participants à cette réunion accepteront une baisse de la production, car le marché s’est bien stabilisé au prix, en moyenne, de 75 dollars le baril. Le deuxième événement, c’est la restauration des sanctions américaines contre le secteur pétrolier de l’Iran dès le 4 novembre prochain. »
Le Koweïtien Abdul Samad al-Awadi, expert du marché mondial de pétrole, a déclaré à Rai al-Youm que lorsque Trump demande aux États arabes membres de l’OPEP de baisser le prix du pétrole, il entend par là l’Arabie saoudite, car avec sa production actuelle de 10 millions de barils par jour, l’Arabie saoudite est le seul pays arabe de l’OPEP qui est capable d’augmenter sa production de 500 000 ou de 1 000 000 barils par jour de sorte à accéder à la demande du président américain.
Abdul Samad al-Awadi a ajouté que les Émirats arabes unis et le Koweït ont déjà exploité la totalité de leur capacité et que l’Arabie saoudite devra agir toute seule pour s’acquitter de la tâche fixée par Donald Trump lors de la réunion du comité de surveillance des accords de l’OPEP avec ses partenaires, qui aura lieu le 23 septembre en Algérie.
L’expert koweïtien a ajouté que toute action de la part de l’Arabie saoudite créerait un véritable défi pour les autres pays exportateurs de pétrole, notamment la Russie, qui s’oppose à une hausse de la production qui fragiliserait la stabilité actuelle du marché.
À ce propos, Abdel Bari Atwan rappelle qu’il y a un mois, le président Trump s’était entretenu avec le roi Salmane ben Abdelaziz, à qui il avait demandé d’augmenter la production pétrolière de l’Arabie saoudite pour faire baisser le prix international du pétrole. Atwan ajoute que le roi d’Arabie saoudite s’était engagé à agir dans ce sens.
En ce qui concerne le fonds collecté pour la reconstruction de la Syrie, l’éditorialiste de Rai al-Youm souligne que la somme insignifiante de 300 millions de dollars réunie par les alliés arabes de Washington devrait être allouée uniquement aux régions qui se trouvent sous le contrôle des alliés kurdes de Washington, c’est-à-dire les Forces démocratiques syriennes (FDS). Ces derniers contrôlent Raqqa et les zones situées à l’est de l’Euphrate, où quelque 2000 militaires américains sont présents.
Abdel Bari Atwan ajoute que ce que les Américains appellent « reconstruction » n’est en réalité que le paiement par l’Arabie saoudite et ses alliés du sud du golfe Persique des salaires de plus de 40 000 paramilitaires formés et armés par les États-Unis et de tous les frais des militaires américains stationnés en Syrie.
L’auteur estime que depuis deux ans, Donald Trump inflige aux dirigeants de l’Arabie saoudite et d’autres États arabes du sud du golfe Persique les pires humiliations et insultes tout en prétendant les soutenir. Il rappelle que Trump a obligé ces pays à payer des centaines de milliards de dollars pour l’achat d’armements et à entrer dans la soi-disant « OTAN arabe » afin de contrer l’influence régionale de l’Iran et d’assurer les frais d’une éventuelle confrontation militaire avec ce pays.
Abdel Bari Atwan écrit : « Tandis que les pays moins riches du monde arabe se félicitent d’être épargnés par les insultes et le mépris de Donald Trump, d’autres peuples arabes sont fiers d’être en guerre contre les projets israélo-américains, et ils espèrent gagner ce combat, tôt ou tard, avec l’aide du Seigneur. »