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Golan : la Russie montre ses griffes à Israël

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des soldats israéliens prenant position dans le plateau du Golan près de la frontière syrienne, le 10 février 2018. ©AFP

Les missiles israéliens qui ont visé la région de Banias dans la province de Tartous, où se trouve la base navale russe, ont moins ciblé l’Iran, comme voudraient le faire croire les médias israéliens, que la Russie. 

Sept ans après le début de la guerre contre l’État syrien, l’axe USA/OTAN/Israël est tenté par un remake. Si sa défaite est plus que certaine, cette tentative de reprendre la guerre à son début ne peut se comprendre que si son objectif a évolué. Et indubitablement, une évolution a bien eu lieu : bien conscients du nombre restreint des options qui s’offrent à eux, Israël et ses protecteurs cherchent à provoquer un conflit avec la Russie, c’est-à-dire une guerre qui deviendrait rapidement mondiale.

Les tirs de missiles israéliens depuis le nord et l’ouest du Liban se sont produits d’ailleurs à peine quelques heures après que l’émissaire onusien pour la Syrie, Staffan de Mistura, a affirmé, sur la foi de « certaines informations » que l’armée syrienne avait donné jusqu’à 10 septembre aux terroristes d’Idlib pour qu’ils se désarment. Mais les frappes aux missiles d’Israël, qui se veulent visiblement un prélude à la grande guerre, ont ciblé Tartous, ce port stratégique qui a vu ces dernières semaines l’arrivée de dizaines de cargaisons d’armes russes à destination de l’armée syrienne.

À Moscou, l’argument anti-iranien invoqué à tout va ne passe plus et on discute de la riposte à infliger aux faiseurs de guerre d’Israël qui, boostés par leur accord d’il y a deux semaines avec le conseiller Bolton, croient pouvoir faire de la base russe une des cibles favorites de leurs engins.

Pas plus tard que ce mercredi 5 septembre, deux parlementaires russes ont sévèrement critiqué les raids aériens du régime israélien avant de les qualifier d’illégitimes et d’illégaux au regard du droit international. Ils ont demandé à Israël de mettre fin à ses attaques contre l’armée syrienne, impliquée dans la lutte contre le terrorisme.

Mais la Russie veut aller plus loin : Alexeï Chepa, chef adjoint de la commission des affaires étrangères au sein de la Douma, estime que Moscou devrait exiger que toutes les composantes du pouvoir en Israël « mettent immédiatement fin aux bombardements de la Syrie ».

Israël a frappé la Syrie sous prétexte de la lutte contre le terrorisme. © AFP/Archives

Pour le parlementaire, « l’attaque aérienne israélienne contre la Syrie est inacceptable » et il faudrait l’exiger immédiatement, et ce, à tous les niveaux, car de telles attaques ne pourront avoir lieu « sans mandat du Conseil de sécurité ».

Le parlementaire russe n’est pas seul à exiger la fin des raids israéliens : Konstantin Kosachev, président de la commission des affaires étrangères du Conseil de la Fédération de la Russie, va aussi dans ce même sens : « Toute invasion militaire du territoire d’un autre pays est contraire au droit international, à moins qu’elle ne jouisse d’un mandat du Conseil de sécurité. » Kosachev a appelé les « experts militaires » à « évaluer la nature et les impacts des agressions israéliennes contre le territoire syrien », ce qui veut dire que la Russie pense sérieusement à une riposte. Cette riposte « anti-israélienne » n’est peut-être pas aussi improbable que Tel-Aviv le croit. 

Après tout, la Russie a mobilisé d’importantes forces navales et aériennes en Méditerranée, au large de la côte syrienne. Pas moins de 25 navires de guerre et 30 avions participent à des manœuvres d’envergure : bombardiers Tu-160, Tu-142, II38 de lutte anti-sous-marine, Su-33, Su-30M et autres appareils. Cet armada a d’ailleurs commencé ses premières interventions hors du seul cadre des manœuvres : ce mercredi 5 septembre, l’aviation russe a pulvérisé les ateliers de fabrication de drones non loin de la base militaire russe de Hmeimim, laquelle a subi plusieurs attaques de drones armés lancées par le Front al-Nosra. La banlieue de Lattaquié devient ainsi le premier objectif de l’offensive qui sera suivie, si l’on en croit l’armée syrienne, par des frappes visant dans les prochains jours la banlieue d’Idlib. 

Cité par le site DEBKAfile, proche des milieux du renseignement de l’armée israélienne, le général israélien Yair Golan jugeait récemment qu’une guerre ne pourrait être gagnée par le seul travail d’intelligence ou par les seuls tirs de missiles, quand bien même ceux-ci seraient de très haute précision. Le général a raison sauf que « la stratégie israélienne de victoire en Syrie » n’existe pas ou, plus exactement, elle se résume à ce que la Russie soit attaquée par les États-Unis. Ces propos laissent entendre que la hiérarchie militaire israélienne, bloquée totalement en Syrie, agit par dépit. Car qui a dit que Poutine tolérerait ad vitam æternam les folies de Tel-Aviv ? 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV