Décidément, le Pakistan d'Imran Khan intrigue les Américains : le Pentagone vient d'annuler son aide "sécuritaire" à Islamabad. En début d’année, les Etats-Unis avaient déjà gelé des centaines de millions de dollars "d’aide sécuritaire" destinée au Pakistan. La somme n'a jamais servi les intérêts sécuritaires de l'Etat pakistanais qui souffrent des ingérences US et surtout de la volonté américaine de l'harceler à partir de l'Afghanistan voisin.
L’armée américaine a prétendu samedi 1er septembre qu’en raison de l’absence d’« actions décisives » d’Islamabad "dans le cadre de la stratégie américaine dans la région, elle avait décidé d’annuler 300 millions de dollars "d’aide" au Pakistan.
L’administration du président américain Donald Trump accuse les responsables pakistanais de "collaborer avec des individus armés" qui lancent des opérations en Afghanistan à partir de la frontière entre les deux pays. Ces allégations US interviennent alors que le Pakistan mène d’intenses opérations contre des groupes armés et terroristes qui menacent sa sécurité nationale. Pour de nombreux analystes, cette décision américaine fait écho à un changement de cap d'Islamabad vis-à-vis des États-Unis et à la volonté de l'armée pakistanaise de contrer le soutien US aux terroristes de Daech et d'al-Qaïda. Le rapprochement du Pakistan avec l'Iran, la Chine et la Russie est aussi à l'origine de la sanction américaine. Pire, Islamabad se dit également prêt à franchir des pas pour se rapprocher de l'Inde, perspective qui terroriste les dirigeants américains.
Début 2018, les autorités américaines ont suspendu des centaines de millions de dollars d’aide consacrée à Islamabad, sur fond des menaces proférées par Donad Trump sur Twitter.
« Les États-Unis ont bêtement donné 33 milliards de dollars d’aide au Pakistan ces 15 dernières années, et ils ne nous ont rien donné en retour si ce n’est des mensonges et de la duplicité, prenant nos dirigeants pour des idiots ». « Ils abritent les terroristes que nous chassons en Afghanistan, sans grande aide. C’est fini ! », avait lancé M. Trump dans son premier tweet de l’année, le 1er janvier 2018.
Cependant, les Américains n’ont pas exclu la reprise de leur aide au cas où le Pakistan « changerait de comportement ». Or ce changement n'est pas au rendez-vous.
Le porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Kone Faulkner, cité par Reuters a affirmé : « En raison de l’absence d’actions décisives du Pakistan en appui à la Stratégie pour l’Asie du Sud (...), 300 millions de dollars [en réalité 323,6 millions, incluant des fonds non pakistanais] ont été reprogrammés par le ministère de la Défense en juin/juillet 2018 pour d’autres priorités urgentes. » Il a ajouté qu’il fallait désormais attendre « que le Congrès décide si cette demande de reprogrammation sera approuvée ou refusée ».
Est-ce paralysant pour Islamabad? Pas tant que cela. La Chine a déjà proposé son appui financier. Les États-Unis craignent d'ailleurs des liens plus étroits entre le Pakistan et la Chine, qui ne cessent de se renforcer grâce à l’engagement pris par Pékin de financer des infrastructures d’une valeur de 57 milliards de dollars.
Le ministre iranien des A.E., Mohamamd Javad Zarif vient de rentrer d'une visite spéciale à Islamabad où il a été le premier haut diplomate étranger à avoir été reçu par le Premier-ministre. Zarif a discuté au Pakistan du rétablissement u gazoduc de la Paix, un projet visant à transiter le gaz iranien au Pakistan. Il s'agit d'un projet phare sans cesse saboté par les Américains qui pourrait résoudre définitivement la pénurie de l'énergie au Pakistan.
Au chapitre des motifs qui explique la décision US, il y a aussi le rapprochement avec la Russie. La Russie a récemment proposé la vente d’avions de combat Su-35 au Pakistan pour finaliser l’accord de défense entre les deux pays.