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Le Pakistan se tourne vers la Russie au détriment des USA

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des étudiants pakistanais protestent contre le président américain Donald Trump à Islamabad, le 5 janvier 2018. ©AP

Les accords militaires qu’a récemment signés le Pakistan avec la Russie s’inscrivent dans le cadre des efforts d’Islamabad pour réduire sa dépendance envers les États-Unis.

Le quotidien pakistanais Ummat a fait paraître, ce mercredi 15 août, dans son éditorial, un article qui examine comment le Pakistan envisage de réduire graduellement sa dépendance aux États-Unis.

« Les accords militaires qu’a récemment signés le Pakistan avec la Russie s’inscrivent dans le cadre des efforts d’Islamabad pour réduire sa dépendance aux États-Unis. En réalité, c’est le comportement de Washington face à Islamabad qui l’a poussé à tourner le dos aux États-Unis au profit d’autres pays. Dans la foulée, des sources bien informées confirment que les soldats pakistanais recevront désormais leurs formations militaires auprès des Russes. Lorsque les relations entre le Pakistan et les États-Unis se sont détériorées, Islamabad s’est interrogé comment se procurer des armes et des technologies de pointe pour équiper son armée. Son attention a été donc attirée par la technologie militaire dont dispose la Russie, beaucoup plus remarquable que celle de la Chine et des États-Unis. À présent, le Pakistan négocie avec la Russie l’achat d’avions de combat Su-35, de chars T-90 et d’hélicoptères de divers types. En effet, la Russie envisage de rendre le terrain propice à la vente d’armes au Pakistan en organisant une manœuvre militaire conjointe avec les forces pakistanaises. Il faut que les forces navales, aériennes et terrestres du Pakistan s’initient d’abord à l’utilisation des armes russes. D’où la possibilité du recrutement de formateurs militaires russes pour instruire les soldats de l’armée pakistanaise.

Les formateurs militaires français sont déjà installés à Karachi pour apprendre aux forces navales pakistanaises comment utiliser un sous-marin “made in France” que le Pakistan avait acheté à ce pays. D’autre part, Islamabad s’intéresse beaucoup à acheter un système de défense antiaérienne russe. La Russie vient de tomber d’accord avec la Turquie pour lui vendre des systèmes de défense antiaériens. L’Iran, lui aussi, s’y intéresse beaucoup. Il est à noter que les systèmes de défense antiaériens russes sont depuis longtemps opérationnels en Syrie.

Même à l’époque où les relations entre les États-Unis et le Pakistan furent au beau fixe, Washington ne lui vendait que des avions de chasse F-16 et F-15 sans que ces derniers soient accompagnés de leurs pièces détachées. À chaque fois que le Pakistan avait besoin de pièces détachées pour les F-15 et F-16, Washington lui en fournissait une quantité limitée à un prix très élevé. Pire encore, Washington cessait de fournir des pièces détachées au Pakistan juste au moment où ce dernier en avait un besoin urgent.

Au cours de la deuxième guerre indo-pakistanaise en 1965, les États-Unis ont gelé leurs exportations d’armes vers le Pakistan. Bien qu’ils aient imposé des sanctions militaires à la fois contre l’Inde et le Pakistan, ce fut le Pakistan qui a été le plus touché, car l’Inde achetait les équipements militaires dont elle avait besoin à la Russie. En 1971 et en 1998, années où le Pakistan a effectué des essais nucléaires, il été de nouveau la cible de sanctions militaires des États-Unis. En 1999, les Américains ont suspendu la vente de toutes sortes d’équipements militaires au Pakistan.

L’un des avantages de la conclusion de contrats d’armements avec la Russie est que celle-ci vend les équipements militaires et les pièces détachées en même temps. D’ailleurs, c’est ainsi qu’elle vend ses armes à l’Inde.

Cela faisait longtemps que le Pakistan demandait aux États-Unis de lui vendre des hélicoptères Black Hawk dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme, demande à laquelle Washington n’a jamais donné suite. Le Pakistan s’est finalement décidé à faire appel à la Russie pour subvenir à ses besoins en fournissant des hélicoptères russes.

Le domaine militaire n’est pas toutefois le seul domaine où la Russie prête main-forte à Islamabad.

Sur le plan politique, le représentant de la Russie a pris la défense d’Islamabad lorsque le représentant du Pakistan à la Conférence “Cœur d’Asie” a été la cible de critiques des représentants de l’Inde et de l’Afghanistan.

Bien que la Russie ait soutenu, pendant longtemps, l’Inde concernant le dossier du Cachemire et qu’elle ait apposé son veto, depuis 1953, à toutes les résolutions anti-indiennes de l’ONU, elle vient toutefois de changer de cap et elle a annoncé sa décision de ne plus apposer son veto aux résolutions des Nations unies.

En réalité, Vladimir Poutine ne s’intéresse plus beaucoup à l’Inde, qui se procure largement des équipements militaires “made in USA”. La Russie et l’Inde sont tombées d’accord pour la coproduction de chasseurs, mais le contrat a été annulé par l’Inde juste dans ses dernières étapes. »

L’éditorialiste d’Ummat a ensuite fait allusion à la naissance d’une puissante alliance avec pour tâche de miner l’influence US dans la région. Le succès d’une telle mission a été largement favorisé par l’adhésion du Pakistan à l’Organisation de coopération de Shanghai. D’autre part, l’armée chinoise s’est mise en état d’alerte et la Chine, qui envisageait jusqu’ici d’exploiter tous ses moyens pour booster ses progrès économiques d’ici 2025, vient d’accroître son budget défensif.

Ummat s’est référé aux propos du membre pakistanais d’un institut d’études et de recherches aux États-Unis, qui confirme les politiques hostiles de Donald Trump vis-à-vis de la Chine.

« Donald Trump s’oppose explicitement à la Chine. Les lourds tarifs douaniers qu’il a imposés aux produits en provenance de Chine viennent en appui de cette affirmation. Cela s’ajoute à ce que l’administration Trump a imposé des restrictions à l’exportation des produits chinois vers les autres pays », a-t-on appris de la même source.

Et Ummat d’ajouter :

« Washington cherche à provoquer un conflit avec la Chine sous un prétexte ou un autre. Les récentes mesures qu’ont entreprises les États-Unis à l’encontre de la Chine ont poussé Pékin à renforcer sa politique de défense en prévision d’une confrontation militaire avec les Américains. Dans la foulée, le président chinois a ordonné à son armée de cesser toutes ses activités économiques et de se focaliser uniquement sur les entraînements militaires et de nouveaux équipements de guerre.

Avant l’entrée en vigueur des mesures anti-chinoises de la Maison-Blanche, Pékin ne pensait pas seulement à une confrontation militaire avec les États-Unis, mais il recommandait en plus au Pakistan de ne pas se lancer dans un bras de fer avec Washington. La Chine voulait en effet que le Pakistan n’entre pas dans un conflit avec les États-Unis pour que ceux-ci ne s’opposent pas à l’idée d’un corridor économique parrainée par Pékin. D’autre part, le président russe Vladimir Poutine est sérieusement irrité par le comportement des Américains dans le dossier de l’Ukraine et cherche à se venger. »

Le quotidien pakistanais fait allusion aux propos d’Assef Haroun, expert des questions de défense du Pakistan, disant que les États-Unis ont presque renoncé à Islamabad en tant qu’allié. Assef Haroun a déclaré que le Pakistan ferait mieux de donner de l’essor à ses relations militaires avec la Russie et que c’était la meilleure politique qu’il pouvait adopter pour le moment.

« C’est la première fois que le Pakistan essaie de changer de cap vis-à-vis des États-Unis et il avance très lentement dans cette voie. Le Pakistan aurait dû le faire il y a six mois », a déclaré Assef Haroun, ajoutant qu’il faudrait entre cinq et dix ans pour constater un développement concret et efficace des relations stratégiques entre Islamabad et Moscou.

« Le Pakistan a besoin de la Russie, mais celle-ci devrait aussi prendre en considération ses propres intérêts. Le corridor économique de la Chine ressemble à un aimant qui attire la Russie vers le Pakistan. La Russie désire faire du commerce via le Pakistan et il revient à Islamabad de profiter de cette occasion », a expliqué Assef Haroun, cité par Ummat.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV