En Syrie, Paris ne semble pas du tout enclin à réaliser les impacts de sa participation à une deuxième frappe contre l'armée syrienne et ses alliés après celle du mois d'avril. Si le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian vient d'évoquer la nécessité d’engager "le dialogue avec la Turquie et la Russie pour trouver une solution politique en Syrie", il revendique haut et fort l'alignement de la France sur la politique syrienne de la Maison Blanche.
À peine 72 heures après les propos tenus par le président Macron au cours de son discours à l'adresse des ambassadeurs, propos où l'intéressé a qualifié le maintien du président Assad au pouvoir de funeste, le chef de la Diplomatie française souligne le suivisme français envers les Américains en Syrie : « La France s’aligne sur la politique des États-Unis pour trouver une issue politique à la crise syrienne », a ainsi expliqué Jean-Yves Le Drian. Or le plaidoyer pro-américain de M. Le Drian tombe au pire moment dans la mesure où les démarches américaines aussi bien dans le nord que dans l'est syrien ne sont nullement pacificatrices.
Des informations concordantes font état du déploiement des radars et des missiles antimissiles US dans le nord et le nord-est syrien, là où le contingent français agit sous le commandement US contre l'armée syrienne et ses alliés. Idem dans l'est syrien où la France prête main forte aux forces spéciales américaines mais aussi aux agents takfiristes retranchés à al-Tanf.
En Syrie, la France d'Emmanuel Macron agit en supplétif des Américains et elle semble bien à l'aise dans ce rôle, ce qui fait dire à M. Le Drian ceci : "Nous partageons une position commune avec les États-Unis: des mesures rassurantes doivent être prises pour rétablir la paix en Syrie et retirer les forces étrangères afin de mettre en place des réformes constitutionnelles permettant à tous les Syriens, y compris les demandeurs d’asile, d’y participer".
La communauté de vue avec les USA dont se réclame M. Le Drian se traduit ainsi : Paris exige le retrait des "forces étrangères" soit celles qui se sont battues pendant sept ans aux côtés de l'armée syrienne contre les terroristes de Daech et d'al-Qaïda; Il veut aussi l'implication des "opposants exilés" au sein du gouvernement, soit ceux qui réunis au sein des groupes des "Amis de la Syrie" ont servi depuis 2011 de vitrine politique aux terroristes qui ont battu l'armée syrienne. Quant aux réformes constitutionnelles évoquées par M. Le Drian, il s'agit d'un cadre défini et rédigé qui permettrait la mise hors jeu d'Assad.
Et c'est dans ce contexte, que la France veut dialoguer avec la Russie : "J'espère que ce dialogue reste la base d'une plateforme plus large, y compris avec la Russie et la Turquie". À Idlib la France se tient donc bien prête à confronter Assad, et la Russie et l'axe de la Résistance. Même si la France ne veut pas du mal aux Russie : "En ce qui concerne nos relations avec la Russie, certains de nos partenaires considèrent ce pays comme un ennemi, et ils se réservent leurs propres raisons, mais la France ne cherche pas à isoler ou affaiblir la Russie. En contrepartie, nous attendons que les relations russo-françaises reposent sur le respect et la coopération mutuels".
Or les coopérations mutuelles entre la France et la Russie se trouvent largement minées par l'entier alignement de Paris sur les politiques américaines qui, rappelons-le, dépasse la seule Syrie pour étendre à l'Europe l'Est où l'OTAN avance chaque jour davantage vers les frontières russes.