Quelques heures après l'entretien téléphonique entre le président iranien et son homologue français, axé sur le PGAC, la Syrie et les liens bilatéraux, l'agence de presse britannique fait publier une info : la diplomatie française aurait interdit à ses diplomates de se rendre en Iran! Des sources officielles n'ont pas encore confirmé l'information mais si elle s'avère, ce serait un faux pas de plus franchi par la France non pas dans le sens des intérêts français mais pour assurer les intérêts américains et israéliens.
Le retrait US de l'accord nucléaire décidé par le président américain a fourni à l'Europe l'occasion de revoir le statut d'entité "tutellisée" qu'elle occupe vis-à-vis des États-Unis. L'Allemagne d'Angela Merkel, pourtant le principal bénéficiaire du capitalisme financier, semble en avoir tiré leçon qui s'impose et pense à revoir "les pans entiers" de sa politique pour réduire son dépendance envers les États-Unis. Les tentatives allemandes de rapprochement envers la Russie et la Chine se multiplient alors que Berlin pense à créer un système de swift européen pour contourner les sanctions US contre l'Iran et permettre à ses banques de poursuivre leurs transactions avec l'Iran. Est-ce le cas pour la France?, se demande l'analyste des questions internationales, Hadi Mohammadi.
"Pas vraiment. Total vient de se retirer du plus grand champ gazier du monde, Pars Sud, sans que cela affecte le moindre du moindre l'État français. Les constructeurs automobile français ont été forcés de quitter l'Iran et là aussi, l'État n'a rien fait. Voilà la France engagée dans une affaire totalement bidon qui risque de tendre davantage ses relations politiques avec l'Iran", estime l'analyste.
Mais que se passe-t-il?
Citée par Reuters, la diplomatie française aurait demandé aux diplomates d'éviter de se rendre en Iran en reprenant ses précédentes allégations infondées sur une prétendue tentative iranienne de fomenter un attentat à la bombe contre le groupuscule des Moudjahidine du peuple à Paris. Ce groupuscule qui, rappelons-le, a, à son actif, des centaines d'assassinats ciblés depuis le début de sa lutte armée contre l'État iranien dans les années 80 et qui, pas plus tard qu'au mois de mai, tenait son méga show à Paris pour appeler au renversement du gouvernement iranien et ce, sous l’œil bien veillant de l'État français.
Rappelons les faits : « Simultanément à la visite du président iranien Hassan Rohani en Suisse et en Autriche en juillet dernier, cinq personnes, dont un diplomate iranien, ont été accusées d’avoir préparé un attentat à la bombe lors du rassemblement annuel du groupuscule terroriste des Moudjahidine du peuple ». À l'époque, l'Iran a vivement protesté contre cette décision et le porte-parole de la diplomatie iranienne, Bahram Qassemi, a indiqué le 4 juillet que les accusés, en Belgique, étaient des éléments connus de ce même groupuscule terroriste et que les autorités iraniennes étaient prêtes à avancer des preuves et les documents nécessaires pour mettre en lumière les coulisses de ce complot prémédité à Paris.
Mais la France n'a rien voulu entendre. Pour l'analyste Mohammadi, l'obstination française à vouloir soutenir le groupuscule terroriste en question et à chercher à tendre ainsi ses relations avec l'Iran renvoient avant tout aux exigences de Washington et de Tel-Aviv à Paris. D'ailleurs le discours du lundi 27 août, à l'adresse des ambassadeurs, du président Macron porte les empreintes de regrettable suivisme : le président a qualifié le maintien d'Assad au pouvoir de funeste et a menacé d'attaquer la Syrie pour permettre aux Syriens de choisir leur président. Il n'a pas écarté non plus de reconduire les frappes illégales du mois d'avril contre le sol syrien, offensive pour laquelle le peuple français n'a pas été consulté mais que son président a justifié ainsi :
"Les droits c'est pour nous", "les principes c'est pour nous", mais "la réalité, elle est pour les autres" ? Non ! Non ! [...] Trois pays sont intervenus et, je vous le dis avec beaucoup de franchise : pour l'honneur de la communauté internationale !»,
L'interdiction de voyager en Iran pour les diplomates français constitue de loin la décision la plus catastrophique qui soit en termes d'intérêts français. Car si, comme le confirme M. Macron, Paris réfléchit réellement avec l’Allemagne à des solutions techniques pour résoudre la problématique de l’extraterritorialité des sanctions américaines, ce n'est pas en privant les diplomates de se rendre en Iran que les choses avanceront.
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