Quelques heures après les propos tenus par le président américain qui se dit prêt « à entrer en dialogue sans préconditions avec l’Iran », le président iranien a tenu à mettre les points sur les i.
Le président américain, qui s’exprimait lundi au cours d’un point de presse conjoint avec le Premier ministre italien Giuseppe Conte, a affirmé être prêt à rencontrer les dirigeants iraniens « quand ils veulent » et « sans conditions préalables ». Un changement de ton de la part d’un président US qui menaçait de pires représailles ses alliés s’ils ne réduisaient pas à zéro leurs importations de pétrole iranien.
Le président iranien, Hassan Rohani, a reçu le nouvel ambassadeur britannique, Robert Macaire, qui lui a présenté ses lettres de créance. La rencontre a été l’occasion pour les deux parties d’évoquer les liens bilatéraux mais aussi la situation internationale. Le président Rohani a affirmé que l’Iran « ne cherche pas à provoquer la tension » dans la région et « ne veut pas qu’il y ait un quelconque problème sur les voies internationales de transit de l’énergie », mais que l’Iran « ne renoncera jamais à son droit d’exporter du pétrole ». Le président iranien a ensuite critiqué l’apathie qui a empêché certains signataires de l’accord nucléaire de mettre en application les clauses dans les secteurs « du commerce, de l’économie et des transactions bancaires », avant de souligner : « L’Iran se tient toujours prêt à développer ses relations avec les pays européens et ce, suivant le principe des bonnes relations. Après le retrait US de l’accord nucléaire et dans le peu de temps qui reste, la balle est dans le camp de l’Europe. »
L’ambassadeur Robert Macaire a affirmé de son côté que l’Europe avait déjà entrepris de larges efforts pour préserver l’accord nucléaire, surtout dans le domaine du commerce. Le diplomate a reconnu que la politique de détente « prônée par l’Iran » revêtait une importance de premier ordre : « Nous souhaitons une extension de plus en plus large de nos liens avec l’Iran et toutes les crises sont susceptibles d’être réglées via le dialogue et par des voies diplomatiques. »
Peu de temps après les propos tenus par Trump lundi, son secrétaire d’État, Mike Pompeo, a évoqué la possibilité d’un dialogue avec l’Iran qui ne pourrait toutefois pas être sans préalable.
Le changement de ton du président américain intervient une semaine après de vives menaces formulées par Washington à l’encontre de Téhéran. Le président Rohani a d’abord conseillé à son homologue américain de « ne pas jouer avec la queue du lion », assurant qu’un conflit avec l’Iran serait la « mère de toutes les guerres » mais aussi que « la paix avec l’Iran sera la mère des paix ».
Le 22 juillet, Trump avait menacé avec une violence inhabituelle son homologue iranien Hassan Rohani dans un message sur Twitter rédigé en lettres majuscules.
To Iranian President Rouhani: NEVER, EVER THREATEN THE UNITED STATES AGAIN OR YOU WILL SUFFER CONSEQUENCES THE LIKES OF WHICH FEW THROUGHOUT HISTORY HAVE EVER SUFFERED BEFORE. WE ARE NO LONGER A COUNTRY THAT WILL STAND FOR YOUR DEMENTED WORDS OF VIOLENCE & DEATH. BE CAUTIOUS!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) July 23, 2018
Les analystes estiment que le président américain entend traiter ses relations avec l’Iran de la même façon qu’il a géré ses liens avec Pyongyang : une escalade extrême suivie d’une désescalade débouchant sur un dialogue. L’erreur du président US serait toutefois de négliger le contexte de chaque dossier : la présence militaire des USA dans la péninsule coréenne est infime par rapport au nombre de contingents qu’ils détiennent au Moyen-Orient. Certains analystes renvoient aux récents propos du commandant en chef de la force Qods, le général de division Qassem Soleimani, qui a rappelé au président américain l’ensemble des failles dont souffrent les troupes US dans les pays du Moyen-Orient. De l’Afghanistan en Irak en passant par les bases militaires US dans la région, les États-Unis d’Amérique sont exposés aux tirs iraniens, ce qui devrait les faire y réfléchir à deux fois avant d’interrompre d’une manière ou d’une autre le transit du pétrole iranien.