Avant le 22 juin 2018, date du début de l’offensive pour la libération de Deraa, quelque 2 350 kilomètres carrés de la province, soit 60 pour cent de sa superficie, ont été occupés par les terroristes.
L’opération de libération a fait appel à une double tactique. La première, de nature militaire, a été employée dans la banlieue est de Deraa, avec en aval la reprise du point de passage stratégique de Nassib à Daech.
La deuxième tactique, celle de la réconciliation avec les éléments armés, a permis de faire rapidement passer sous le contrôle de l’armée syrienne les villes stratégiques de Busra al-Cham, de Daal, d’al-Mazrib, d’Anakhal, de Kefar Shams et de Deraa al-Madinah. À l’heure qu’il est, les terroristes d’al-Nosra et de Daech ne contrôlent plus que 6 % de Deraa.
Deraa, située à la frontière avec la Jordanie et limitrophe de Damas, est le cœur politique, économique et sécuritaire de la Syrie. C’est via le point de passage frontalier de Nassib, l’un des plus importants de tout le Moyen-Orient, que transiteront les marchandises entre la Syrie, la Jordanie, le Liban et les monarchies du golfe Persique.
Mais Deraa libérée, la Syrie retrouve, via la province de Quneitra, ses frontières avec Israël, où se déroulent en ce moment même d’intenses combats entre l’armée syrienne d’une part et les terroristes soutenus par le régime sioniste de l’autre.
Pour le régime de Tel-Aviv, le triangle Deraa-Quneitra-Golan est une zone hautement stratégique placée sur son flanc est. Il en va de même pour l’État syrien, qui compte sur Deraa pour en faire sa future ceinture sécuritaire. Le gouvernorat abrite en effet deux sites de défense antiaérienne d’une haute importance stratégique, l’un situé à Deraa et l’autre à Quneitra. À peine quelques mois après le début de la guerre, les terroristes nosratistes s’en sont pris à ces deux bases aériennes avec la claire intention de priver l’État syrien de toute capacité de riposte aux frappes d’Israël. Mais la donne vient de changer et les prémices en sont visibles : alors que la bataille de Quneitra s’étend peu à peu au Golan, les avions de combat israéliens paradent aux alentours sans oser pénétrer dans l’espace aérien du sud de la Syrie.