Les États-Unis seraient, semble-t-il, ceux qui tireraient le plus de profit de la hausse des prix de brut, due à la reprise des sanctions anti-iraniennes; mais c'est peut-être aller trop vite en besogne car il ne faut pas négliger les bénéfices que tireront la Russie, la Chine et l’Inde, de leurs interactions avec un Iran "sanctionné" qui a bien appris comment neutraliser les effets des restrictions US. En imposant de nouvelles sanctions au pétrole iranien, Washington n'en baisse pas la vente mais en prive l'Europe, tout en abandonnant le marché iranien à l'Est.
Dans son dernier rapport, la banque américaine Merril Lynch (BofA) a prévu qu’après le retrait US du Plan global d’action conjoint et avec la baisse de la production du pétrole du Venezuela, en la seconde moitié 2019, les cours du brut augmenteraient et atteindraient 100 dollars par baril. Les États-Unis tireraient, certes, des profits de cette situation; le jeu aurait, pourtant, d’autres gagnants entre autres et surtout la Chine, l’Inde et la Russie.
Rares ne sont pas les analystes qui estiment que les sanctions qu’imposeraient les États-Unis à l’Iran soient efficaces dans la mesure où leur succès ou leur échec reste largement tributaires des facteurs que les États-Unis ne contrôlent pas. À titre d’exemple, la Chine et l’Inde qui avaient des interactions avec l’Iran continueraient à les sauvegarder.
La Chine et l'Inde, qui comptent parmi les principaux clients du pétrole iranien, ne se montrent pas enclins à réduire leurs importations et pourraient même chercher à les développer. La Chine est le premier importateur mondial de pétrole iranien, avec une moyenne de 648 000 barils par jour, et sa demande de pétrole augmente fortement. Les importations chinoises de brut ont récemment atteint des records, et le pays ne souhaite, absolument, pas réduire ses importations ou changer de fournisseur au milieu d'un marché pétrolier serré. Cela fait maintenant deux mois que la compagnie pétrolière chinoise SINOPEC a réduit de 40% ses importations de brut via l’Arabie saoudite en raison du prix élevé du brut saoudien dans les marchés asiatiques.
En plus, la Chine ne semble pas vouloir coopérer avec un gouvernement américain qui lui montre, sans cesse, les dents.
Quant aux Indiens, ils continueront à acheter le pétrole iranien en payant en roupie et en euro, ce qu’ils faisaient déjà, à l’époque des précédentes sanctions, via des banques européennes. L'Inde qui a fait des efforts pour améliorer les relations avec l'Iran, y compris en réalisant d'importants investissements dans les infrastructures, ne veut, certainement, pas réduire une part importante de ses importations de pétrole de son troisième fournisseur.
Le troisième gagnant du retrait US du Plan global d’action conjoint s’avère être la Russie. La hausse des cours du brut fera augmenter, considérablement, les revenus en pétrole de la Russie, ce qui ne semble pas plaire ni à l’Europe ni aux États-Unis dans la mesure où ces derniers cherchent à faire pression sur ce pays dans le domaine économique.
Le Drian: «la France prône la nécessité de maintenir l’accord nucléaire»https://t.co/NgHbRVdkT8 pic.twitter.com/XMwyMxjoYq
— Press TV Français (@PresstvFr) May 11, 2018
Or, les analystes croient, fortement, que ce retrait US de l’accord nucléaire et les sanctions que les États-Unis pourraient réimposer à l’Iran, ne feraient rien que pousser plus de clients vers le pétrole iranien et cela en défaveur de Washington et ses alliés israélien, arabes ou européens.