Le président français Emmanuel Macron a déclaré samedi à son homologue américain Donald Trump qu’il était très préoccupé par la stabilité au Moyen-Orient, a annoncé l’Élysée dans un communiqué. Mais n'a-t-il une part de responsabilité dans cette nouvelle escalade de violences en s'alignant automatiquement sur les politiques de la Maison Blanche, en renonçant au rôle de "contrepartie" que la France a longtemps joué au Moyen-Orient face au maximalisme américain?
Le président français Emmanuel Macron a appelé samedi son homologue américain Donald Trump pour faire un point sur les enjeux commerciaux et évoquer la situation au Moyen-Orient en lui rappelant sa grande préoccupation vis-à-vis de la stabilité de cette région.
Selon le communiqué de la présidence française, Macron a téléphoné Trump pour lui parler de sa guerre commerciale lancée contre l’Europe et lui faire part de ses inquiétudes au sujet de diverses crises prévalant au Moyen-Orient.
Macron accuse Trump de vouloir "décider" pour l’Europehttps://t.co/0YK6TNr5S1 pic.twitter.com/KJ9REV07nw
— Press TV Français (@PresstvFr) May 11, 2018
Les préoccupations du président français portent éventuellement sur les victoires de l’axe de la Résistance aux élections libanaises et irakiennes, l’échange de feu entre la Syrie et Israël ainsi que le retour des terroristes étrangers de Daech en Europe après son échec en Syrie.
Le président américain Donald Trump a annoncé, le mardi 8 mai, le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, suscitant une vague de protestations dans le monde.
Dans la foulée, la présidente du Front national (FN) Marine Le Pen a publié un communiqué de presse dans lequel elle a tenu à critiquer M. Macron qui a, selon elle, « sa part de responsabilités dans ce dossier ».
🖋 Retrouvez mon communiqué sur le retrait des Etats-Unis de l'accord 5+1, qui déstabilise l'équilibre déjà précaire du Proche-Orient : https://t.co/q4gflxZzxF #Iran #Israël #Trump
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) May 11, 2018
« Il s’est illusionné sur sa capacité à faire changer d’avis le président américain. Il a donné des gages à l’Arabie sur sa politique iranienne sans rien avoir obtenu de concret que des accords-cadres. Il a enfin refusé d’aller à Téhéran défendre les intérêts nationaux et écouter la position de l’Iran pour ne privilégier que l’axe américano-israélo-saoudien. Pour ma part, je condamne non seulement la position de M. Trump, mais aussi l’action de la diplomatie française qui, en voulant être plus néo-conservatrice que M. Bolton, se retrouve lâchée par sa tutelle américaine, sans alternative. Cette diplomatie met nos concitoyens en danger et retire à notre économie un marché fructueux. La realpolitik recommande aujourd’hui d’en finir avec l’idéologie néo-conservatrice si destructrice dans la région et de défendre enfin les intérêts de la France », peut-on lire dans le communiqué de presse du FN, publié sur son site.
Par ailleurs, dans une récente interview accordée à la chaîne RT, l'économiste Hervé Juvin, a affirmé que la France serait le premier pays touché par les sanctions américaines contre l'Iran, notamment sur le plan économique.
Il est revenu sur la présence française dans le pays: «Airbus a notamment enregistré une commande record par l'Iran de 100 avions ; Total a un permis d'exploitation sur ce qui serait probablement le plus gros champ gazier du monde ; Peugeot et Renault-Nissan devaient renouer avec des parts de marché très significatives en Iran.»
Nombreux sont les analystes à croire que le suivisme français à la politique moyen-orientale et surtout iranienne de Trump portera des coups durs à Paris sur le plan politico-économique.