Après l’assassinat de Saleh al-Sammad, les dirigeants saoudiens ont perdu toute chance de sortir honorablement du bourbier yéménite, estime le rédacteur en chef du journal panarabe Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan.
Saleh al-Sammad a été tué jeudi dernier dans un raid aérien dans la province yéménite d’al-Hudaydah. Né le 1ᵉʳ janvier 1979 à Bani Ma'az Sahar, al-Sammad était un homme d’État yéménite, président du Conseil politique suprême, chef de l’État depuis 2016 et l’un des dirigeants du mouvement Ansarallah.
Le rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, qui paraît à Londres, a consacré son dernier éditorial aux derniers événements du Yémen et surtout à la mort de Saleh al-Sammad, président du Conseil politique suprême du Yémen.
Abdel Bari Atwan écrit : « Après l’assassinat de Saleh al-Sammad, un chagrin profond s’est installé dans toutes les régions du Yémen, qui sont contrôlées par le mouvement Ansarallah, surtout dans les deux provinces de Saada et de Sanaa. Al-Sammad, qui occupait le poste de président du Conseil politique suprême du Yémen, était un homme politique intègre, un illustre orateur et un ami proche du leader du mouvement Ansarallah, Abdul-Malik al-Houthi. »
Le rédacteur en chef de Rai al-Youm rappelle que l’assassinat d’al-Sammad a eu lieu dans la ville portuaire d’al-Hudaydah, jeudi dernier, lors du bombardement aérien d’une rue par un avion de la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite. Pourtant, Atwan souligne que selon de nombreux observateurs, l’assassinat du président du Conseil politique suprême du Yémen reste un mystère, car la nouvelle de cet attentat n’a pas été annoncée le même jour par un porte-parole de la coalition saoudienne, mais quatre jours plus tard, le lundi 23 avril, par le leader du mouvement Ansarallah, Abdul-Malik al-Houthi, lorsque les médias rapportaient la nouvelle d’un autre bombardement, ce lundi, qui a pris pour cible une cérémonie de noce dans un village de la province yéménite de Hajja, et lors duquel les criminels saoudiens ont massacré 33 civils et blessé au moins 55 autres personnes.
D’après Abdel Bari Atwan, le martyre de Saleh al-Sammad est une perte douloureuse pour le mouvement Ansarallah : « Saleh al-Sammad était jeune et charismatique, c’était un orateur sans égal ayant une forte influence sur l’esprit de ses compatriotes qui n’oublieront jamais ses discours tenus à la Grande Mosquée de Saada, et il avait une profonde connaissance militaire outre sa grande culture politique. Nous n’oublierons pas qu’il commandait les forces d’Ansarallah lors de la quatrième offensive de l’ancien président yéménite, Ali Abdallah Saleh, contre la ville de Saada en 2014. Plus tard, il a été nommé conseiller politique du président démissionnaire Abd Rabbo Mansour Hadi. Alors qu’il occupait ce poste, al-Sammad a rejeté en 2014 la proposition des dirigeants du mouvement Ansarallah qui demandaient sa nomination au poste de vice-président. »
D’après Abdel Bari Atwan, c’était le rejet de cette proposition par Saleh al-Sammad qui aurait entraîné la démission, puis la fuite, d’Abd Rabbo Mansour Hadi.
Pour le rédacteur en chef de Rai al-Youm, avec l’assassinat de Saleh al-Samman, le mouvement Ansarallah a perdu l’un de ses plus brillants dirigeants, mais le vrai perdant est l’Arabie saoudite, car « si les dirigeants du royaume avaient eu un jour l’espoir de sortir honorablement du bourbier yéménite par un arrangement diplomatique, après l’assassinat de Saleh al-Sammad, ils n’en auront plus la chance avec son successeur, Mahdi Hussein al-Machat, connu pour son intransigeance politique à l’égard des agresseurs saoudiens », écrit Abdel Bari Atwan.
Atwan rappelle que le leader du mouvement Ansarallah, Abdul-Malik al-Houthi, a accusé les États-Unis d’être complice des Saoudiens dans l’assassinat du président du Conseil politique suprême du Yémen. Le ministre yéménite de la Défense a promis de venger al-Sammad en visant directement les chefs de la coalition saoudienne.
Abdel Bari Atwan estime que cette vengeance yéménite pourrait prendre plusieurs formes :
– Les Yéménites pourraient se venger en organisant l’assassinat d’un haut dirigeant de la coalition, comme le laisserait entendre une interprétation littérale du communiqué du ministère yéménite de la Défense,
– Ils pourraient intensifier les tirs de missiles balistiques sur les grandes villes du royaume saoudien comme la capitale Riyad, ou encore Djedda, Khamis Mushait, Dammam ou Taëf,
– Ils pourraient étendre les opérations anti-saoudiennes à l’extérieur de la péninsule arabique.
En tout état de cause, l’éditorialiste de Rai al-Youm croit que le martyre de Saleh al-Sammad n’aura pas sur Ansarallah le même effet que l’assassinat de l’ancien président Ali Abdallah Saleh sur le parti du Congrès général du peuple : « Ansarallah a nommé aussitôt le successeur de Saleh al-Sammad à la tête du Conseil politique suprême, d’autant plus que le mouvement est dirigé par Abdel-Malik al-Houthi qui est à la tête d’Ansarallah depuis longtemps », a écrit Atwan.