L'épisode "kurde" qui avait tendu les liens Turquie/France ne semble plus d'actualité, "le diable Assad" ayant rapproché à nouveau les deux partenaires au sein de l'Otan: la Turquie et la France. Alors que la classe politique française reste divisée sur les frappes ordonnées par Emmanuel Macron contre la Syrie dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 avril et que certaines voix vont jusqu'à réclamer la destitution du président, le ministre des A.E. met le cap sur Idlib: l'enclave abrite les terroristes pro-Ankara dont le sort inquiète désormais Jean-Yves Le Drian.
À peine un jour après les frappes occidentales du 14 avril en Syrie, frappes qualifiées de "cirques" par les terroristes pro-Riyad, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian reprend du service et évoque le sort des milliers de tueurs à gages takfiristes réunis à Idlib sous l'ombrelle protectrice d'Ankara. Ce sort "tragique" l'inquiète, car à Idlib, il y a le spectre "d'une catastrophe humanitaire" qui se profile à l'horizon.
Interviewé par le Journal du Dimanche (JDD), le chef de la diplomatie française a mis en garde contre une nouvelle catastrophe humanitaire à se produire à Idlib en Syrie, disant que le sort d’Idlib devait être déterminé via un processus politique garantissant le désarmement des groupes armés.
M. Le Drian a indiqué qu'Idlib comptait maintenant quelque 2 millions d'habitants, dont des centaines de milliers de Syriens évacués des villes tenues par les terroristes et repris par l’armée syrienne.
La région du nord-ouest d'Idlib reste la plus grande zone peuplée de Syrie entre les mains des groupes terroristes dont Daech, Front al-Nosra, Jaïch al-Islam et Faylaq al-Rahmane qui combattent le gouvernement de Damas. Ces dernières années, des dizaines de milliers de Syriens ont été transférés vers Idlib après que l’armée syrienne et ses alliés ont libéré diverses régions du pays occupées par les groupes terroristes.
Que cache l'effusion des sentiments humanitaristes du ministre Le Drian?
Le coup de file échangé entre Macron et Erdogan ce 14 avril a suffi pour que les liens quelque peu ternis des deux partenaires au sein de l'Otan, reviennent à la normale. Après la libération de la Ghouta orientale, l'échec de la mise en scène chimique à Douma et le colossal revers que fut la frappe US/France/Grande-Bretagne, l'armée syrienne et ses alliés comptent se diriger vers Idlib qu'ils veulent reprendre à tout prix.
Étant donné le fait que Damas a annoncé qu’il reprendrait aux terroristes le contrôle du territoire syrien dans sa totalité et qu’avec la libération de la Ghouta orientale et le rétablissement de la sécurité à Damas, l’armée syrienne pourra mieux se concentrer sur son avancée vers les frontières et que son prochain objectif serait la libération d’Idlib, Jean-Yves Le Drian a tenu ces propos pour en quelque sorte remonter le moral des terroristes. L'épanchement des sentiments humanitaristes de M. Le Drian cache en réalité un nouveau jeu : le sort des Kurdes relégué au second plan, la France compte-t-elle désormais à appuyer la Turquie face à l'armée syrienne, et ses alliés russe et iranien à Idlib?
Après tout, le prétexte qui a servi le camp occidental à Douma pourrait être repris à Idlib. La zone est connue d'ailleurs pour avoir été alimentée en substances chimiques par Ankara.