Il est probable que le gouvernement iranien se rapproche encore plus de la Russie et de la Chine et réduise sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en mettant fin à l’application du protocole additionnel au TNP (Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires), selon des analystes.
Selon une note publiée par le site d’information et d’analyse politique irdiplomacy.ir, plus on s’approche de la date prévue en mai pour l’annonce de la décision du président américain sur le Plan global d’action conjoint (PGAC, accord sur le nucléaire iranien), plus se renforce l’éventualité d’une annulation de cet accord en raison des évolutions qui affectent la Maison-Blanche.
Par ailleurs, les mesures diplomatiques prévues par les Iraniens pour une éventuelle sortie américaine de l’accord se sont elles aussi multipliées.
Téhéran espère pouvoir sauver le PGAC avec d’autres signataires à savoir la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ; or, l’optimisme quant à la capacité de résistance des Européens face à Washington ne fait pas l’unanimité en Iran, d’autant plus que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane ont demandé aux États occidentaux de prendre de nouvelles mesures contre Téhéran et contre ce qu’ils appellent les ambitions hégémoniques de l’Iran dans la région.
Dans ce contexte très incertain quant à l’avenir de l’accord nucléaire, les entreprises européennes se montrent moins enthousiastes pour investir en Iran. Pour sa part, l’Iran aussi se montre hésitant quant à un accord d’un montant de plusieurs milliards de dollars avec le géant pétrolier français Total. En fait, une sortie américaine du PGAC et l’adoption de nouvelles sanctions contre les entreprises étrangères faisant du commerce avec Téhéran pourraient conduire cette compagnie à renoncer au marché iranien, ce qui montre d’ailleurs le manque de détermination des Européens face à Washington.
Le président français Emmanuel Macron, qui devrait visiter bientôt son homologue américain, a annoncé avoir l’intention de le persuader de rester dans l’accord. Au cas où Trump reporte sa décision ultime sur le PGAC, Macron aura pu lui arracher une petite concession, mais l’équipe diplomatique de Trump est toujours sujette aux palinodies, tandis que le futur secrétaire d’État, Mike Pompeo, n’a pas encore pris ses fonctions.
Le Pentagone semble être toujours favorable au PGAC et un report de la décision de la Maison-Blanche pourrait aboutir à la sauvegarde de l’accord nucléaire. Mais le report pourrait ne pas dépasser la fin septembre et jusque-là, le clan des faucons aura eu le temps de s’affirmer.
Quoi qu’il en soit, sans avoir peur d’une éventuelle sortie américaine du PGAC ni de nouvelles sanctions à son encontre, l’Iran a d’ores et déjà diversifié ses partenaires commerciaux. En outre, une sortie américaine de l’accord n’entraînera pas de nouvelles sanctions onusiennes et l’on pourra dire que l’ère des sanctions pétrolières est bel et bien révolue, ce qui veut dire que l’économie iranienne pourra continuer de s’accroître.
Il est aussi utile de rappeler que le président iranien et son ministre des Affaires étrangères, Hassan Rohani et Mohammad Javad Zarif, ont plus d’une fois annoncé que l’Iran envisageait des ripostes sérieuses et proportionnées ; or, le patron de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, a lui aussi averti que le pays pourrait reprendre entièrement ses activités nucléaires.
L’Iran examine toutes les options, dont des mesures de représailles limitées ou à long terme, sans exclure une sortie de l’accord nucléaire en mettant fin à tous les engagements pris par cet accord, ce qui serait suivi également d’une sortie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le TNP. Cette dernière hypothèse semble toutefois moins probable, mais il serait normal que le désengagement des Américains envers cet accord multilatéral leur coûte cher.