Paris et Londres veulent agir de concert dans l’affaire de l’ex-agent double russe empoisonné.
Au cours d’un entretien téléphonique avec Theresa May, le président français, Emmanuel Macron, a fait part de sa « solidarité avec la position du Royaume-Uni », affirme Downing Street, pour qui les deux dirigeants ont convenu d’« agir de concert avec les alliés » pour répondre au « comportement agressif de la Russie ».
Affichant sa confiance lors de cette conversation téléphonique à l’enquête britannique selon laquelle « la Russie est probablement responsable de l’empoisonnement de l’ex-agent russe », le président français, Emmanuel Macron, s’est dit d’accord pour une « étroite » collaboration avec Londres sur ce sujet, rapporte l’agence de presse russe, Sputnik.
Macron a dénoncé l’attaque suspecte, le 4 mars, contre cet agent double russe, ex-colonel du renseignement militaire russe, Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Youlia, 33 ans, découvert tous deux empoisonné sur un banc de la petite ville de Salisbury, en Angleterre.
L’homme a travaillé jusqu’en 1999 dans les services de renseignement russe.
La Première ministre britannique, Theresa May, a ouvertement accusé, le lundi 12 mars devant les députés britanniques, Moscou, d’être responsable de l’incident.
Soulignant que l’agent innervant utilisé contre Sergueï Skripal et sa fille Youlia était une substance « de qualité militaire » développée par la Russie, Theresa May a donné jusqu’à mardi soir à Moscou pour fournir des explications à l’Organisation pour la prohibition des armes chimiques (OIAC).
Moscou a vivement réagi. Vladimir Poutine a conseillé à Londres de « tirer les choses au clair ».
« C’est un numéro de cirque devant le Parlement britannique », a affirmé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. L’allocution de Theresa May constitue une nouvelle « campagne politique fondée sur la provocation », a-t-elle ajouté.
L’ambassade de Russie à Londres a, de son côté, déclaré que la Grande-Bretagne joue un « jeu très dangereux » dans sa manière de mener l’enquête sur cette affaire.
« Cela envoie l’enquête sur une piste politique inutile, et aura de graves conséquences à long terme pour nos relations bilatérales », a déclaré un porte-parole de l’ambassade.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait, quant à lui, affirmé que cette affaire « n’est d’aucune façon le problème de la Russie, car l’incident s’est passé sur le territoire britannique. »
Les commentaires officiels russes tournent autour de l’idée de « provocation ». Certains font remarquer que la Russie avait largement le temps de se débarrasser de Sergueï Skripal pendant les quatre ans qu’il a passés en camp, entre sa condamnation pour « haute trahison » en 2006 et l’échange opéré en 2010 avec des agents du Kremlin se trouvant aux États-Unis. D’autres thèses plus extravagantes évoquent une manipulation des services spéciaux britanniques soucieux de faire oublier un Brexit désastreux, voire même de salir la Russie à la veille de la Coupe du monde de football.
Avec trois autres agents russes, il avait fait l’objet d’un échange en 2010 contre dix agents du Kremlin expulsés par Washington. Cet échange, au terme duquel il s’était réfugié en Angleterre, était le plus important depuis la fin de la guerre froide.
Selon les informations depuis Londres, les victimes sont dans un état « critique, mais stable ».
Avec les médias