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Afrin: la Turquie sera lâchée par l'OTAN

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les blindés de l'armée turque près de la frontière syrienne. ©AFP

Le célèbre rédacteur en chef du journal Rai al-Youm , Abdel Bari Atwan, a tenu à faire allusion à la demande formulée par le président turc à l’adresse de l’OTAN pour intervenir en Syrie pour dire que durant la crise prévalant en Syrie, les Turcs avaient fait une découverte choquante que leur appartenance à l’OTAN était de la « cinquième classe », l’appartenance à des devoirs contraignants et sans aucun droit en retour.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé samedi l'OTAN à venir en Syrie et à aider à protéger les frontières turques contre le terrorisme. « Je parle à l'OTAN, où êtes-vous? Venez en Syrie. Pourquoi ne venez-vous pas ... La Turquie ne fait-elle pas partie de l'Alliance? Vous nous avez fait appel en Afghanistan, en Somalie et dans les Balkans... Maintenant, je vous invite en Syrie, pourquoi ne pas répondre à l'appel? »

Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef de Rai al-Youm. (Archives)

Selon Abdel Bari Atwan, cet appel « pas surprenant » du président turc a plusieurs significations et vise à atteindre de nombreux objectif :

Le premier est que le président turc, impliqué politiquement et militairement à Afrin, a commencé à comprendre que la résolution de la crise dans cette ville syrienne ne serait pas facile et cela pourrait être coûteux à cause de l’afflux de miliciens kurdes de Raqqa et Qamichli et il cherche donc l’aide de l’Alliance atlantique qui a fourni aux Turcs de grands services aux temps forts de la Guerre froide.

Deuxièmement, il n’est pas improbable que par cet appel d’aide, Erdogan se soit adressé plutôt au peuple turc que l’OTAN pour faire croire que « l’Alliance atlantique n’est pas intervenue pour protéger les frontières de votre pays contre le terrorisme quand vous lui avez demandé de le faire et elle s’est dérobée à toutes ses obligations dans le cadre de la Charte de l’Alliance ».

Troisièmement, aller à « Manbij » après Afrin, signifie l’affrontement avec les États-Unis dont les troupes sont stationnées dans la ville, et qui possèdent environ 20 bases militaires le long de la frontière turco-syrienne, l’affrontement avec la plus grande force au sein de l’Alliance atlantique. Voilà pourquoi, Ankara demande aux Européens de faire pression sur Washington pour qu’il change ses positions pro-Kurdes et qu'il cesse de soutenir le grand projet séparatiste des Kurdes.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan. (Archives)

Dans son dernier discours, le président turc a prétendu que « les Turcs ne sont pas une puissance occupante et que leur plan d’intervention militaire à Afrin et peut-être dans d’autres villes syriennes telles que Manbij, Qamichli, Tell Abyad , … vise à nettoyer la frontière turque de la présence des terroristes. Le fait qu’il n’a pas parlé de son intention de créer une « zone de sécurité » d’une profondeur de 50 km destinée à faire retourner 3.5 millions de réfugiés syriens témoigne du fait qu’il a diminué ses attentes à la huitième semaine de son intervention militaire à Afrin.

Le rédacteur en chef de Rai al-Youm estime que l’OTAN ne répondra jamais aux appels désespérés du président turc, tout comme l’Union européenne s’oppose à la demande d’adhésion de la Turquie. La Turquie est un État musulman, membre d’une alliance chrétienne (OTAN), qui a perdu ses poids après la Guerre froide, l’effondrement de l’ex-Union soviétique et la fin du Pacte de Varsovie.

L'OTAN traite avec la Turquie sur la base du système de « maître et esclave », selon lequel l’esclave doit obéir aux ordres du maître, et c'est ce qu'a fait la Turquie quand l’OTAN l’a appelée à intervenir en Afghanistan, en Somalie et dans les Balkans.

L’auteur de l'article poursuit que les États-Unis et leurs alliés arabes et européens sont ceux qui ont glissé la Turquie dans le piège syrien et ont décidé de la remplacer par les Kurdes comme un allié fiable de l’axe central de la stratégie occidentale au Moyen-Orient ; c’est pourquoi Washington empêche l’avancement de la Turquie et de la Syrie vers l’est de l’Euphrate qui abrite de grandes réserves de pétrole et de gaz.

Pour l’Occident, la Turquie constituait un obstacle à l’afflux de musulmans vers l’Europe, dont le rôle est terminé.

Le sommet tripartite, qui sera organisé par M. Erdogan à Istanbul au début du mois prochain et auquel participeront les président russe Vladimir Poutine et iranien Hassan Rohani, pourrait être l'occasion d'un examen stratégique de toutes les erreurs d’Ankara des sept dernières années. Il permettra aussi d’opter pour de nouvelles politiques et une nouvelle alliance que la sortie de l’OTAN en sera le prélude.

Les Américains ont impliqué la Turquie en Syrie sans lui reconnaître son adhésion à l’OTAN. Les USA ont atteint leur objectif : la Syrie est détruite, la sécurité, la stabilité et l’intégrité territoriale et démographique de la Turquie sont menacées ; voilà pourquoi les cris et les appels d’Erdogan à l’OTAN restent sans réponse…

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV